Heureusement, au beau milieu de tout ce fatras ambiant, il y a tout de même de bonnes nouvelles ! Il est, comme cela, des jours heureux où l’humeur chagrine et rebelle aperçoit entre deux brouilleries des signes tangibles d’un retour à la vie, si belle dans sa simplicité !

Voilà que, dans notre humble village ligérien, un de ces beaux petits bourgs de la France rurale, plus enracinée et attachante que "périphérique", la "chapelle" vient de rouvrir ses portes !

Certes, pas de celles où tout un chacun peut confier ses tourments d’un jour à un martyr célèbre, lui aussi déjà rebelle en son temps.

Non, un estaminet, un troquet, un rade, un bistrot ! Il n’en fallait pas plus pour nous remonter le moral, plutôt en friche les temps derniers, et n’en déplaise aux pourfendeurs de la vinocratie, cela nous a ravigoté les papilles et mis le gosier en émoi !

Une victoire !

Oui, une victoire sur la haute finance ! Rien que ça ! Ici, pour remplacer le zinc, pas d’agence de banque ou d’assurance venue nous faire les poches, nous rafler la monnaie et déshumaniser notre patelin, notre "centre-ville" à nous !

À dix heures, les "meumés" reviennent licher une petite douceur en se racontant tout le "bien" qu’elles pensent de leurs voisines. Après la sieste, les "peupés" viennent taper le carton ou pousser la boule et, après le bahut, les galopins s’adonnent encore au baby-foot et au flipper en sirotant un "brut de pomme" du cru pas plus pasteurisé qu’édulcoré.

À l’heure de l’apéro, avec les potes, on pose le coude sur le comptoir et on dégoise, on disserte, on commente, on décortique, on analyse, on concocte, on projette - démocratiquement, ça va de soi ! De temps à autre, mais avec régularité, on lève nos coudes en cadence pour s’envoyer des coups... de muscadet, pas des "pains".

Notre troquet ? Une âme, celle de notre village qu’accompagnent les battements de cœur d’une France "périphérique" pas encore engloutie par la "grande ville". Mais pour combien de temps encore ?

Alors, "Manu", si tu ne sais toujours pas à quel saint te vouer pour te sortir de ce pétrin dans lequel tu t’es fourvoyé et si tu as cinq minutes à perdre, passe nous voir au Café de la Mairie ! Nous, des idées, on en a à revendre !

Allez, patron, remets-nous ça, et mets donc un p’tit jaune à "Manu", pour la route !

Et au milieu coulait un fleuve majestueux, fier et sauvage...

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16 décembre 2018 à 15:28

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