Lundi 22 janvier, dans "28 Minutes", sur Arte, Élisabeth Quin jubilait en annonçant, comme première rubrique, "Un chef indien contre Trump".

Il est sioux, son prénom est Ron et son nom indien His Horse is Thunder ("son cheval est tonnerre", en français). La journaliste croyait pouvoir le pousser à avouer, sur la foi d’un nom aussi belliqueux, de grandioses ambitions, comme redonner le pouvoir en Amérique aux peuples autochtones chers au pape François.

Mais lui restait… d’une prudence de sioux.

Quand Élisabeth Quin lui demanda quelle révolution il voudrait faire, il parla de "sortir de la société de consommation". S’afficha en même temps à l’écran une de ces chevauchées de western qui enchantaient notre enfance. Et c’est vrai que, si on revient au bon vieux cheval, il ne sera plus nécessaire d’ouvrir de nouveaux champs pétrolifères sur le territoire de chasse des réserves indiennes, ce qui semble être le grief principal du chef indien contre Donald Trump. Cependant, Ron a aussi une ambition morale, voire spirituelle, plus haute : il organise chaque année une chevauchée à travers le Dakota du Sud en partant de Standing Rock, où furent massacrés 350 des siens en 1890.
Filmée par Stéphanie Gillard, cette chevauchée sera l’essentiel d’un film, The Ride, dont le producteur est Julie Gayet, et qui sortira le 7 février. Le but de cette journée, dit-il est de "témoigner, mais aussi de raconter aux jeunes les valeurs de mon peuple".

La journaliste demande : "Quelles valeurs ?" Elle se reprend à espérer: il va sans doute enfin parler de sa résistance contre Donald Trump et du sort de la planète compromis par son attitude irresponsable…

Mais il répond : "Partage, respect, dignité de la personne humaine." Halte-là ! Et pourquoi pas le respect de la personne à naître, tant qu’on y est ? La chaîne va regretter le prix du billet d’avion !

Moi, je jubile. D’un seul coup, et sans l’avoir programmé, je me retrouve dans Danse avec les loups. Le grand chef ne parle que de manière mesurée.

Et la farouche squaw Dressée avec le poing finira par aimer l’homme blanc...
Allez, Élisabeth, pour la publicité de The Ride, c’est bon. Mais pour le "Trump bashing", ce sera une autre fois.

Dans "C dans l’air" du 20 janvier, autre thème jubilatoire : "Les psys contre Trump." Pas moins de 60.000 thérapeutes ont, en effet, signé une pétition demandant de destituer le président d’urgence. Ses "troubles mentaux" seraient répertoriés à la page 367 du célèbre Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux", dit DSM-5, dans la rubrique "Narcissisme malfaisant". Et cela le rendrait "inapte à diriger le pays". Les psy précisent que "cela n’a rien à voir avec la politique".

Pourquoi le préciser ? Quelqu’un en douterait-il ?

Sur le plateau, l’historien Thomas Snégaroff rappelle que Freud avait émis, en son temps, un avis négatif sur l’équilibre mental de Woodrow Wilson.

Le Canard enchaîné, dans son article du 17 janvier intitulé Trump, l’homme qui fait psy..., l’avait déjà noté, et ajoutait perfidement que Sigmund Freud s’était abstenu de contester la santé mentale d’Hitler… Le Canard rappelait aussi qu’un rapport commandé à des psychiatres et qui concluait à "une personnalité instable", "vulnérable à la pression psychologique" qui, même seulement, "légèrement contrariée par la critique", "bascule dans l’instabilité émotionnelle au point de perdre tout contact avec la réalité" concernait non pas Trump mais… Fidel Castro !

Aucun commentaire médiatique à l’époque. La page 367 du Manuel DSM-5 avait dû être arrachée… Ou alors, c’est parce que tout cela « n’a rien à voir avec la politique ». On allait le dire !

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24 janvier 2018 à 15:12

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