[MEDIAS] Dans Le Monde ou sur France Culture, le wokisme contre-attaque !

Dans Le Monde, Alain Policar dit que le wokisme n'existe pas quand France Culture fait la promo du livre "Soyons woke !"
@JOCARD / AFP
@JOCARD / AFP

Il fallait s’y attendre. Alors que le wokisme connaît un certain reflux en Amérique, c’est l’inverse qu’on observe de notre côté de l’Atlantique. La victoire de Donald Trump a eu pour conséquence une radicalisation du progressisme made in France.

Le wokisme, ça n’existe pas !

À l’avant-garde de ce militantisme de gauche, l’espace médiatique parisien n’a pas tardé à contre-attaquer. Le 25 avril dernier, Le Monde a ainsi publié une tribune affirmant que le wokisme n’existe tout simplement… pas. Il s’agirait d’un vulvaire « épouvantail », un « ennemi fantasmé », un misérable « leurre », un « terme confus qui ne sert qu’à disqualifier sans examen rationnel la lutte contre le racisme et le masculinisme ». Ce texte est signé par trois intellectuels, dont le politiste Alain Policar, exclu en 2024 du Conseil des sages de la laïcité, à la suite d'une interview dans laquelle il avait affirmé que le voile islamique était un « vecteur d'émancipation » pour de nombreuses jeunes filles...

La stratégie du déni buté n’est pas neuve. On y a eu droit avec l’immigration de masse, l’islamisation de la France, l’insécurité, le racisme anti-Blanc, la théorie du genre, etc. Tout ceci n’existerait pas. Le wokisme serait également une construction intellectuelle d’extrême droite, dénuée de tout fondement. Qu’en est-il, dans ce cas, des politiques publiques de « parité », des campagnes en faveur de la « diversité », de la théorie du « privilège blanc » avalisée par notre président de la République, du militantisme trans qui s’exerce jusqu’au sein de la Haute Autorité de santé ? S’agit-il, là aussi, de purs fantasmes engendrés par quelques esprits malades ?

À ces questions les auteurs de la tribune n’apportent aucune réponse. Non, pour imposer leur point de vue, ils ont une technique bien à eux, une méthode fort peu scientifique mais qui a fait ses preuves : diaboliser leurs opposants. « C’est un fait que la plupart des lieux de diffusion médiatique de l’anti-wokisme ont aussi été des lieux de diffusion de la complaisance à l’égard de Vladimir Poutine », affirment-ils. En clair, anti-wokisme = Poutine = méchants. Parmi ces affreux « lieux de diffusion », les signataires n’osent pas citer CNews mais évoquent pudiquement des médias liés à la « nouvelle droite », et notamment la revue de Michel Onfray Front populaire, qui « promeuvent activement la pire propagande poutinienne ».

Le plus cocasse, dans cette tribune, est l’usage de l’écriture inclusive (« ils et elles » au lieu du « ils » neutre). Dès la première phrase, les auteurs démontrent ainsi, bien malgré eux, la réalité d’un wokisme dont ils contestent l’existence. C’est ballot.

Le wokisme existe et il est formidable !

Mais pendant que Le Monde nous affirme que les « anti-wokistes » se trompent parce que le wokisme n’existe pas, France Culture affirme que les anti-wokistes se trompent pour les raisons inverses : non seulement le wokisme existe, mais ce serait, en plus, un motif de fierté ! Cherchez l’erreur… Dimanche 27 avril, la station publique recevait ainsi en grande pompe Pierre Tévanian, essayiste engagé à gauche et auteur d’ouvrages tels que Le Racisme républicain. Réflexions sur le modèle français de discrimination (Éd. L'Esprit frappeur), Dictionnaire de la lepénisation des esprits (même éditeur) ou encore Dévoilements. Du hijab à la burqa : les dessous d'une obsession française (Éd. Libertalia). Notre homme est, cette fois, de retour avec un nouveau livre intitulé Soyons woke. « Si le wokisme n’existe pas, alors il faut l’inventer ! » (Éd. Divergences), déclara fougueusement à l’antenne M. Tévanian. Au moins, là, les choses sont dites.

Merci, aussi, à France Culture de jouer cartes sur table. Dans sa recension élogieuse de ce livre wokiste en diable, la radio ne cache rien de son militantisme politique. Elle présente ainsi l’entrepreneur Pierre-Edouard Stérin comme un de ses grands « adversaires », un homme dangereux qui aurait fait de « l'accession de l'extrême droite au pouvoir son objectif ». Elle lui reproche, notamment, d’avoir fait de « la lutte anti-woke » la pierre angulaire de son combat. Autrement dit, entre wokistes et anti-wokistes, la station a choisi son camp. Ce qui, au-delà de l’indigence intellectuelle, déroge au devoir de neutralité politique auquel est tenu tout média audiovisuel public. Allô, l’Arcom ?

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Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

28 commentaires

  1. Avec de prétendus « intellectuels » complètement incohérents, que pouvons nous répondre sinon de nous abstenir de lire et d’acheter leurs élucubrations. Mais les déniologues ont hélas souvent pignon sur rue.

  2. On est en droit de rechercher l’intellectualisme chez ce petit Monde. Si le wokisme n’existe pas, pour quelles raisons autant de tapage autour de ce mot ? Si je comprends bien, il se battent contre du vent. Ne seraient-ils pas un peu trop ventés sous leurs chapeaux ? De gros courants d’air ?
    Mais ils adoptent l’écriture inclusive. Je serais curieux de les voir exposer un sujet en écriture inclusive . Un fameux charabia possible à en perdre le fil.
    En résumé, rien à craindre de ceux qui ne voient pas de wokisme puisqu’à leurs yeux il n’existe pas. Nous pouvons donc agir en toute sagesse. D’ailleurs, le vent a tourné , ils en sont trop conscients. Ils ruent dans leur box.

  3. Cela fait déjà longtemps que le journal Le Monde est devenu une misérable feuille de chou sans intérêt.

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