Mathilde Panot et son « raccourci historique » : si cela pouvait aussi servir de leçon à la gauche et à la Macronie…

beaune

Pourquoi tant de haine ? Qu'a-t-elle fait ? Qu'a-t-elle dit ?

Mathilde Panot, présidente du groupe des députés LFI, s'était déjà fait remarquer, il y a quelques jours, pour avoir maladroitement qualifié Élisabeth Borne de « rescapée ». Et voilà que la Macronie lui tombe à nouveau dessus pour son tweet posté le 16 juillet sur la rafle du Vel' d'Hiv'. Qu'a-t-elle donc dit d'« immonde » ?

Elle a osé rappeler qu'Emmanuel Macron avait, en novembre 2018, rendu hommage au Pétain de la Grande Guerre, ce qui est factuel. Elle a rappelé aussi que la nouvelle assemblée comptait 89 députés RN, ce qui est tout aussi vrai. Alors oui, il y a des raccourcis, des insinuations, mais bien dans la droite ligne des amalgames traditionnels de la gauche. Et les partisans de Macron comme les députés RN peuvent légitimement s'indigner.

Du côté du RN, plusieurs députés ont vivement réagi, comme Sébastien Chenu ou encore Pierre Meurin, député du Gard qui a annoncé qu'il déposerait une plainte contre Mathilde Panot.

Mais l'indignation a été très vive aussi chez les macronistes. Clément Beaune, grand maître de l'ordre de l'indignation, a demandé à la jeune gauchiste de « retirer son message » et de présenter ses excuses... « à la France » ! Il a dû oublier dans sa fougue les 89 députés RN. Terminant son tweet par un « vite » qui sent sa convocation sur le pré.

« Nausée », « indécence », « honte », tout le ban et l'arrière-ban de la Macronie a sorti son petit tweet anti-Panot. Pour ceux que cela intéresse, voir l'anthologie du HuffPost.

Je retiendrai peut-être celui de Frédéric Valletoux, député Horizons de Fontainebleau. Il combine paradoxalement les hyperboles les plus indignées (et les plus suspectes) à l'analyse la plus intelligente, en pointant le « raccourci historique ».

Cette bêtise Panot du 16 juillet a eu au moins un mérite : il a permis à un large spectre politique de ridiculiser et démasquer une fois de plus la reductio ad hitlerum (ou petainum), toujours pleine de mauvaise foi, d'arrière-pensées politiciennes, de bêtise, oui, et, c'est vrai, d'indécence pour les morts tragiquement disparus. Comme c'est Emmanuel Macron qui en est aussi victime aujourd'hui, l'indignation est grande. Il faudra s'en souvenir, car nul doute qu'avec la nouvelle situation politique où gauche d'empire (pardon, de Macronie) et gauche révolutionnaire (pardon : insoumise) sont vouées à se déchirer, ce genre de joutes ridicules se reproduira. L'arme fatale qui n'était dirigée que vers la droite - et surtout le RN - va désormais continuer à faire pschitt entre les camps Macron et Mélenchon.

Pour l'heure, par respect pour les victimes et leurs familles, il n'y a plus qu'à espérer que le président de la République, dans son discours de Pithiviers, prenne un peu de hauteur et évite aussi les facilités du « raccourci historique » auquel il s'est malheureusement parfois lui-même livré, aux dépens du RN. Après l'affaire Panot, ce serait malvenu. Si cette nouvelle affaire permettait d'arrêter enfin l'instrumentalisation des « heures sombres », ce serait une bonne nouvelle. Pour la vérité historique. Pour le respect des victimes et de leurs familles. Et pour le débat politique actuel.

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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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