Martine (Aubry) va-t-elle rejoindre Marine (Le Pen) dans son combat contre l’insécurité ?
« Il n’est pas pensable que dans une ville il y ait des tours où des assistantes sociales, des médecins ne puissent plus rentrer, où les amis, les parents, les familles qui y habitent ne puissent plus rentrer. Je dis que ce n’est plus possible, on n’est plus dans une République, voilà. »
Ces propos n'ont pas été tenus par un membre du Rassemblement national mais par Martine Aubry, maire de Lille. Bien étonnant, dans la bouche d'un éléphant du Parti socialiste ! Va-t-elle rejoindre le combat de Marine Le Pen contre l'insécurité ?
Les socialistes ont mis longtemps à prendre au sérieux la lutte contre l'insécurité et la délinquance. D'une façon générale, la gauche fait preuve d'angélisme. Pas question de dénoncer la « racaille » (on dénonce plutôt ceux qui emploient ce mot) : la principale cause de la violence, c'est la société, avec ses injustices ! Elle préfère victimiser les « jeunes » et demander plus d'argent pour les quartiers.
Mais quand la population se met à gronder, il faut bien réagir, surtout si l'on est maire et qu'on envisage de se représenter. Déjà, en 2016, un chercheur lillois, sympathisant de gauche, avait, dans une lettre ouverte, dénoncé l'insécurité croissante du centre de l'agglomération. Il n'avait pas apprécié d'être agressé par un voleur à l'arraché qui lui avait cassé la main droite à plusieurs endroits. "Ignorer le danger sans réagir est irresponsable", écrivait-il. Il soulignait le risque de voir fuir "les classes moyennes et les étudiants du centre-ville". Comme quoi, quand on est directement concerné, on commence à prendre conscience des réalités.
Je ne sache pas que Martine Aubry ait été agressée, mais la voilà contrainte de tenir compte des plaintes de ses administrés :
« Il faut absolument que nous ayons plus de policiers nationaux mais aussi de CRS. Non pas que je sois une fan absolue des CRS partout mais, dans certains cas, je pense aux tours de Lille-Sud qui sont tenues par des dealers. »
L'angélique Martine s'exprime comme cette diablesse de Marine. Il est vrai que, dans le Nord, de nombreux électeurs qui, traditionnellement, votaient à gauche ont rejoint le Rassemblement national. Martine a des convictions, mais n'est pas suicidaire.
Elle a encore des progrès à faire si elle veut convaincre de sa sincérité. Les faits divers de ces derniers jours (lynchage d’un adolescent dans le Val-d’Oise, bus attaqué à Angoulême...) relancent le débat sur l'insécurité : l'ancienne dirigeante socialiste ne peut pas l'ignorer, jusqu'à dire qu'"on n'est plus dans une République". Ira-t-elle au bout du raisonnement pour dénoncer la dictature de la pensée unique, les entorses incessantes à la liberté d'expression, les pressions exercées pour interdire d'antenne Éric Zemmour et tous ceux qui osent s'attaquer au confort intellectuel et au conformisme ?
Il faudrait qu'elle reconnût que, si tous les « jeunes » des quartiers ne sont pas des délinquants, la grande majorité des délinquants viennent des quartiers. Ce n'est pas rendre service aux enfants issus de l'immigration ni les inciter à s'intégrer que de les victimiser. Comme, en 2011, dans son discours de Dakar, où, à la manière de Macron, elle exhortait l'Europe à « reconnaître les crimes de l'esclavage et les drames de la colonisation ». Il faudrait aussi qu'elle revît sa vision de l'immigration, elle qui juge que la politique du gouvernement est trop sévère, la qualifiant de "politique de dissuasion" et de "déni d'humanité insupportable".
En dénonçant l'insécurité grandissante, Martine Aubry essaie de sauver les meubles. Mais, pour être crédible, elle doit se débarrasser des préjugés idéologiques qui l'imprègnent depuis le début de sa carrière. Un travail de Titan !
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