Le 14 octobre, les Belges se rendront aux urnes pour renouveler les conseils communaux : forcément, en coulisses, ça discute, ça s’agite et ça finit par nouer des alliances préélectorales. À l’abri des regards citoyens, les barons locaux, estampillés socialistes, libéraux et démocrates humanistes pour la plupart, concoctent les futures majorités.

Sur les plateaux télévisés, les mêmes s’écharpent pour une écharpe maïorale, se font la guerre, s’invectivent. On croirait presque leurs querelles picrocholines irréconciliables. Pour peu, on verrait apparaître les figures de Don Camillo et de Peppone, interprétés de maîtresse manière par Fernandel et Gino Cervi.

Parfois, la gauche communiste, qui jouit d’une sympathie non feinte dans les médias, participe à la grand-messe cathodique pour rappeler que le gouvernement fédéral de droite mène une politique antisociale et inhumaine envers les réfugiés ou, plus sommairement, pour marteler que le capital tue.

En revanche, selon le principe du cordon sanitaire - comme si les « populistes » étaient réductibles à du bétail -, la droite décomplexée ne bénéficie d’aucun accès aux plateaux télévisés en Belgique francophone – un peu comme si, en France, Marine Le Pen ou Nicolas Dupont-Aignan n’avaient aucun droit à la parole sur les différentes chaînes télévisées.

Ce déni de démocratie n’émeut pourtant personne, si ce n’est ceux qui en sont victimes : pour les journalistes bien en cour, c’est-à-dire jouant à tu et à toi avec les élus des partis traditionnels – moins encore qu’ailleurs, ils ne cachent leur complicité -, rien de plus normal puisque l’heure est à la sauvegarde des valeurs démocratiques face au danger xénophobe qui déferle sur l’Europe.

En Belgique francophone, le Parti populaire (PP) tourne autour de 5 % des voix avec un score en hausse dans les différents sondages. La formation possède un élu au fédéral, en la personne du pourtant policé Aldo Carcaci - on serait bien en peine de trouver trace du moindre dérapage chez le savoureux député -, et deux élus à l’échelon local. Cela ne suffit pas à l’octroi d’un strapontin médiatique.

Tant les élus que le président du parti, Mischaël Modrikamen, sont persona non grata dans les médias, notamment sur la RTBF, chaîne publique et donc normalement soumise à l’obligation de pluralisme, élément clef en démocratie sur lequel les dirigeants et journalistes s’assoient, mais aussi du côté de RTL-TVI où les journalistes sont tout aussi infatués à l’idée de combattre l’hydre populiste, de dénoncer les prétendues « fake news » de la droite décomplexée et de vanter le multiculturalisme comme une chance. Les chaînes locales se sont mises au diapason : à Namur, Canal C vient ainsi de désinviter d’un débat le représentant local du Parti populaire

Le Parti populaire a déjà intenté plusieurs actions en justice, notamment contre la RTBF, et a remporté celle-ci, sans effet, « faute d’astreintes ». Reste à voir si les nouvelles démarches entreprises rencontreront plus de succès. Le temps presse : après les communales auront lieu, en 2019, les élections fédérales et européennes.

Les grands experts en démocratie, si inquiets de voir déferler la vague populaire en Europe, feraient bien de balayer devant leur porte avant de donner des leçons. La démocratie, cela commence par un travail sur soi.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 19:01.

6335 vues

29 septembre 2018 à 18:43

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.