Malgré l’avis du Comité des droits de l’homme de l’ONU, la France ne doit pas réviser sa loi

Foulard Audrey Hepburn

Le Comité des droits de l’homme de l’ONU a demandé à la France, ce 23 octobre, d’indemniser deux plaignantes et de revoir sa loi sur l’interdiction du niqab et de la burqa car elle "porte atteinte a la liberté religieuse et crée une discrimination entre les citoyens".

Ce n’est pas l’avis de la CEDH, qui a validé l’interdiction de la burqa. Ni des dirigeants de pays dont la religion d’État est pourtant l’islam. Dès janvier 2017, en effet, selon le site d’information en ligne Le360, un "responsable de haut rang au ministère de l'Intérieur" du Maroc annonçait : "Nous avons pris la mesure d'interdire totalement l'importation, la fabrication et la commercialisation de ce vêtement dans toutes les villes et localités du royaume, des malfrats ayant à maintes reprises utilisé ce vêtement pour perpétrer leurs crimes."

Les faits corroborent les craintes du ministre marocain.

En novembre 2013, un homme suspecté d'être lié à des activités terroristes par la police britannique, Mohammed Ahmed Mohamed, 27 ans, a été vu lorsqu'il est entré, vêtu à l'occidentale, dans une mosquée dans l'Ouest londonien. Il est ressorti quelques heures plus tard, dissimulé sous une burqa. En février 2018, sept personnes étaient impliquées dans une fusillade mortelle perpétrée dans une cité toulousaine en juillet 2017 par un homme qui avait agi "dissimulé à la vue de sa victime par le port d'une burqa" et en utilisant "une poussette pour cacher son arme, un fusil d'assaut de type kalachnikov", selon les dires du procureur. Et nous savons que le braqueur Rédoine Faïd en cavale se cachait "dissimulé sous une burqa".

De plus, c’est aussi l’avis du peuple. Voir la Suisse, un des rares pays où il ait voix au chapitre. Sur 1.019 personnes interrogées, 62 % voudraient bannir le port du voile intégral sur l'ensemble du territoire. Il l’est, du reste, déjà au Tessin. L'initiative populaire qui la réclamait a été approuvée par 65,4 % des votants.

L’avis du Comité des droits de l’homme de l’ONU n’a pas de caractère contraignant pour la France. Mais il ne faudrait pas qu’il serve de prétexte à une remise en cause d’une des rares lois freinant l’islamisation des cités. À la demande de notre nouveau ministre de l’Intérieur, par exemple, qui a déclaré, il y a quelques mois, que le port du voile islamique n’est pas très différent du voile que sa grand-mère portait à la messe.

Mieux : il faudrait que madame Schiappa, ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, réagisse contre cet avis du Comité des droits de l’homme du « machin » et dise haut et fort, comme la députée Nouzha Skalli, ex-ministre de la Femme au Maroc : "L'interdiction de la vente de la burqa est une bonne chose. C'est un pas important dans le combat contre l’extrémisme religieux."

Car jamais, sous les foulards à fleurs de nos grand-mères comme sous les foulards noirs des Siciliennes ou des veuves grecques, pas plus que sous les foulards Hermès des dames d’œuvre, ne s’est cachée la moindre kalachnikov.

Et le degré de soumission présumé de la femme mettant un foulard pour aller à la messe ou travailler dans les champs n’a rien de comparable avec celui de femmes obligées de se couvrir entièrement le corps de voiles funèbres.

Loin d’indemniser les plaignantes, la France devrait, du reste, exiger leur reconnaissance et celle de leur filles - déjà nées ou à venir – envers notre pays « patrie des droits de l’homme » qui leur offre un lieu où une obligation aussi contraignante ne peut leur être appliquée.

Catherine Rouvier
Catherine Rouvier
Docteur d'Etat en droit public, avocat, maitre de conférences des Universités

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