Macron : plus de son, plus d’image. En marche ou en panne ?
"Appel à toutes les voitures, le Président Macron est retranché dans le palais de l’Élysée. Je répète, il est retranché. Le suspect n’est pas armé." Les journalistes ont beau solliciter de toutes parts une petite réaction, attendre un signe, guetter les fenêtres dans l’espoir d’apercevoir une main qui agiterait un drapeau blanc, rien ne filtre, rien ne bouge, rien ne transpire, excepté Brigitte Macron, très perturbée par tout ce remue-ménage. « Le Président prendra la parole, mais quand les enquêtes seront suffisamment avancées pour que l’on ait une idée précise de ce qui s’est passé », a chuchoté Gilles Le Gendre, porte-parole du groupe LREM.
La stratégie devrait consister à concentrer l’attention sur les incidents de la place de la Contrescarpe. Concernant « ce qui s’est passé » pour les promotions fulgurantes et les privilèges insensés de Benalla, la seule personne en mesure d’éclairer l’affaire est justement celui qui se refuse, pour l’instant, à tout commentaire. Peut-être en séance d’auto-interrogatoire. Face au miroir. « Tu vas parler, charogne ? »
Tout bien réfléchi, le Président a renoncé à un déplacement sur une étape du Tour de France. D’après les vestales de l’Élysée, Emmanuel Macron aurait juste choisi de privilégier un autre itinéraire pour sa visite de deux jours dans les Hautes-Pyrénées. Un parcours le long des murs, une grande opération « marche à l’ombre » avec observation des crépis locaux, les « en relief », les rustiques, les « projetés », suivi d’une visite à quelques drag-queens bergers de haute montagne. Il y en a. Depuis la fête du 14 Juillet dans la cour du palais, quelques pâtres de vallées reculées se sont découverts transgenres, mi homme mi-mouton. Oh, et puis un Tour de France sans Yvette Horner, à quoi bon ? Emmanuel a beaucoup souffert de sa disparition. Il a tous ses disques. Benalla, lui, en achetait au marché noir. C’était le bon temps.
Il faut meubler ce silence. Les députés « En marche ! » tentent l’impossible. Fondation d’un parti « En arrêt maladie », avec Castaner à la rédaction des ordonnances. Huit jours, trois mois, incapacité de siéger due à une dépression que nous appellerons « burn out » en souvenir de ce qui fut notre langage de winner. Nicolas Hulot au porte-voix : « Séquence nostalgie. Nous allons maintenant survoler un nid d’arrivistes en pleine réintégration de l’œuf duquel ils étaient sortis il y a quelques mois. Un phénomène unique dans le monde animal. »
En cette période où le pouvoir macronien est mis à mal arrive Manuel Valls, qui joue son joker. Sur la base de l’adage « C’est dans les moments difficiles que l’on reconnaît ses vrais amis ». Manu abat sa carte de soutien indéfectible. Premier violon de l’orchestre qui joue pendant le naufrage. "La mise en cause du président de la République est irresponsable », écrit-il dans un tweet. « Monseigneur a tout mon appui. » Plus de Funès que de Funès, le futur éconduit de Barcelone montre son allégeance sans faille. « Si Monseignor veut bien se donner la peine d’examiner mon cas désespéré. Je lui serai d’un précieux soutien. » François Hollande serait en route pour Londres, d’où il lancera un appel. Nous vivons des moments palpitants.
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