La course pour la présidence du Rassemblement national est lancée. Deux des principales figures du parti vont s’affronter : Jordan Bardella d’un côté, Louis Aliot de l’autre. À deux mois de l'échéance, Louis Aliot, maire de Perpignan et candidat à la présidence du RN, s'est confié à Geoffroy Antoine et Clémence de Longraye, de Boulevard Voltaire, à la terrasse d’un café parisien.

Geoffroy Antoine : Au sortir du Conseil des ministres qui se tenait ce mercredi 24 août, Emmanuel Macron a annoncé aux Français que « le temps de l’abondance » était terminé. Si vous aviez été le président du Rassemblement national, que lui auriez-vous répondu ?

Louis Aliot : La majorité du peuple français vit avec peu. Le constat est ce qu’il est : la France est en extrême difficulté. Le problème, c’est que c’est lui qui en est responsable ! J’ai trouvé cela très irrespectueux envers le peuple français. À part dire « il faut se serrer la ceinture », Emmanuel Macron ne propose aucune solution. Moi, j’aurais dit aux Français qu’avant de faire des efforts, il faudrait lancer des mesures, notamment sur l’immigration qui a un coût social et économique énorme. Je pense aussi qu’il faut baisser les charges des commerçants, des artisans et des entreprises. Et puis avoir une politique de grands travaux. Dans un certain nombre de territoires, nous manquons de grands équipements. Quand vous habitez dans le fin fond de l’Ariège, vous n’avez pas les mêmes services que celui qui habite dans une grande ville !

Clémence de Longraye : Samedi, vous lancerez votre campagne pour la présidence du RN. Quelle sera votre stratégie pour convaincre les cadres et les adhérents du parti ?

L. A. : Je vais médiatiser cette candidature et faire le tour des régions. D’ici le mois de novembre, j’aurai fait une quinzaine de déplacements. Je fais une campagne avec mon projet en défendant mes idées. Je ne fais pas campagne contre Jordan Bardella. Ensuite, les gens décideront ! Cela fait trente ans que je suis au RN, vingt ans que j’accompagne Marine dans le virage que l’on a pris après 2002. J’ai occupé de nombreux postes au sein du parti, j’ai effectué plusieurs mandats et j’ai fait mes preuves par les urnes !

G. A. : Quelles sont vos armes face à Jordan Bardella, qui jouit d’une grande notoriété après ses nombreuses interventions médiatiques durant la campagne présidentielle ?

L. A. : Jordan a été très présent, mais moi aussi, je l’ai été. J’ai participé à de nombreuses émissions pendant la campagne tout en étant maire d’une ville de 100.000 habitants ! J’ai apporté tôt mon soutien à Marine Le Pen. Cela a joué un rôle dans l’affaire Zemmour alors que d’autres le rejoignaient à ce moment-là. J’ai fait de très nombreux déplacements régionaux. J’ai fait mon job de cadre du parti.

C. L. : Dans l’hypothèse de votre élection, à quoi ressemblera le RN de Louis Aliot ? Quelles seront les différences avec celui de Marine Le Pen ?

L. A. : Ce ne sera pas le même parti, c’est sûr. Ce sera plus collégial et mon boulot sera de rapprocher toutes les sensibilités du parti. Si je suis président, Jordan sera vice-président et, derrière, il y aura un équilibre entre ses soutiens et les miens. Après, je pense que Marine reste le leader naturel. Avec nos 89 députés, c’est elle qui portera la parole du parti.

C.L. : La ligne politique et idéologique restera-t-elle la même que celle de Marine le Pen ?

L. A. : La ligne du parti restera toujours la même : la défense du peuple par la solidarité et la fraternité. La défense de l’identité est aussi primordiale et le restera. J’ai toujours considéré qu’il y a un fond national français et européen. Mais également que la France a été un empire et que, de cet empire, un certain nombre d’enfants sont venus chez nous et sont français comme les autres. Mais la règle doit s’appliquer à tout le monde, peu importe la couleur de peau ou la religion.

G. A. : Certains observateurs parlent de dissensions au sein du Rassemblement national, notamment entre « l’équipe du Nord » et le reste du parti. Si vous êtes élu, agirez-vous en conséquence ?

L. A. : Un parti politique, c’est un organisme vivant. Il y a quelque fois des inimitiés, mais elles ne sont pas vouées à durer éternellement. La mission d’un président, c’est de rassembler, mon boulot sera de rapprocher. J’essaye de parler à tout le monde. Ceux qui pensent qu’ils dirigeront le Rassemblement national dans la division et l’animosité d’une partie des cadres contre l'autre mettront en péril le mouvement tout entier. Je serai celui qui apaisera car je sais ce que coûte une scission, je connais les conséquences des guerres d’ego et de jalousie. Le meilleur moyen d’éviter cela, c’est que tout le monde trouve sa place dans le parti, et notamment dans la direction du mouvement.

C. L. : Quels sont les grands enjeux à venir pour le Rassemblement national ?

L. A. : Le parti est encore trop absent des territoires. On fait des voix mais on n’a pas les cadres. Donc, il va falloir aller détecter les cadres et favoriser leur implantation. Ensuite, on doit aller investir l’urbain. Pour remettre le pied dans les villes, cela passera peut-être par des alliances avec la droite, c’est un débat que nous devons avoir. Ce seront des coalitions sur des projets, pas sur des alliances d’appareil. Il faut parler à tout le monde, sinon, dans les grandes villes, on va disparaître et ce ne sera pas bon. Et puis, il y a les élections européennes. Les nationaux vont certainement arriver bien placés en Italie, peut-être aussi en Suède, donc tout va bouger. Il faut un leader français pour la délégation RN au sein de l’Union européenne. Jordan, qui était tête de liste en 2019, sera certainement de nouveau tête de liste. Nous devons former les cadres du RN et appuyer notre ancrage local. Avant 2027, il va falloir asseoir notre crédibilité et rassurer.

G. A. : Depuis le début de l’été, Gerald Darmanin s’est aventuré sur des terrains que l’on aurait pu croire réservés au RN : islamisme, immigration, rodéos urbains. Craignez-vous le virage à droite du ministre de l’Intérieur ?

L. A. : Darmanin n’est pas fou ! Moi, ça fait deux ans que je lui écris tous les trois mois pour lui dire : « Monsieur le ministre, regardez ce qui se passe ! » Mais il n’ira pas sur notre terrain, ou alors il n’ira que par le micro et la parole. Quant aux propos qu’il a tenus cet été, une partie de sa majorité n’est pas d’accord avec ça. On va se retrouver comme avec le précédent débat sur l’immigration qu’on avait eu quand j’étais député. Les intentions étaient louables, mais dès qu’il s’est agi de passer au débat parlementaire, tout a été ruiné et rien n’a été décidé.

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25 août 2022 à 19:47

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38 commentaires

  1. L’histoire de France n’est pas celle d’un empire. Cette interview montre un personnage falot mais pas un homme d’état.

  2. Question : Maire de Perpignan n’est pas un emploi « à plein temps » ? Apparemment non, si on constate également le temps de présence dans les médias de Robert Ménard !

  3. Comme quoi, cette France d’en haut comme disait Raffarin, il n’ont aucune idée de comment vie leur France d’en bas. 9 millions de pauvre qui on du mal à passer le 15 du mois, ils ignorent, 44 milliards de dividendes pour ceux qui font fortune dans un fauteuil, ils s’en sont pas aperçus. les gilets jaunes grande surprise qu’ils ont traité avec dédains tout en les matraquant, demain sera un autre jour.

  4. Une fois de plus cette chasse à la présidence va être une débauche d’énergie et d’argent, l’un dit qu’il ne peut être que meilleur que l’autre, etc, etc. Quand à Macron il va comme la plupart de ses prédécesseurs prostituer la France auprès de notre pire ennemi, si la France est africanisée ce n’est que de la responsabilité de l’ensemble de la classe politique.

  5. Macron n’a pas tort lorsqu’il dit que « nous devrons nous serrer la ceinture » mais il refuse de considérer qu’il y est pour quelque chose . Mitterand nous avait dangereusement asservi à l’énergie russe et s’en priver tout-à-coup en faisant à Poutine une guerre qui ne nous concerne pas est stupide et dangereux . Quels que soient le éventuels torts russes, c’est Poutine qui possède la clef du gazoduc.

    1. Il est vrai que vu sous cet angle l’Ukraine n’a rien, ou si peu, à se reprocher. Tout le monde, ou presque, bombarde ses propres ressortissants. Un pru comme si nous bombardions la Corse. Chiche….

  6. le seul et unique responsable….. nous le connaissons tous ! il ferait mieux par commencer de s’appliquer cette décision

  7. Les idées du RN s’avèrent une fois de plus les bonnes . Comme celle de la TVA sur l’énergie , une mesure qui faiasit rire nos sacahnats dont Macron bien sûr . Pas de chance l »Allemagne vient d’adopter cette mesure pour le prix du gaz . Sécurité , Immigration , des tèmes où notre gouvernment refuse de voir la vérité . Lesdeux sont liés c’est vident . Enfin ,insouciance et abondance , des mots que les le Français moyens ne connait pas . Beaucoup de travailleurs pauvres et de retraités aussi , apr contre combien nous coute cette immigration ??? Chuuut. Alors entre Aliot et Bardella , le choix sera difficile. Bardella un peu jeune ….

  8. Le R N n’a pas assez de niac de mordant vis a vis du locataire de l’Elysée et des ses suppôts ça manque de vigueur une fois élu les promesses restent aux placards

  9. Nous sommes le 25 août. Pas un mot dans les médias subventionnés pour fêter la libération de Paris en 1944 ! Honte à Macron et à ses sbires mondialistes qui montrent ainsi leur mépris de la France !

      1. 25 Aout 1944? il y avait des allemands chez nous, ou même entendu une fois le 1° concert de Line Renaud; l’histoire un vaste programme, encore faut il de l’enseignement a l’école de la république

  10. Ben voyons bien sûr qu’il faut plus de cadres et de têtes pensantes au RN, pour ça il faut s’allier aux personnalités de chez Reconquête, Debout la France et autres patriotes. Quand à draguer les LR foutaises et peines perdues.

  11. Beaucoup de personnnes font les poubelles pour pouvoir se nourrir voilà le résultat de Macron et il ose demander de se serrer la ceinture .
    QUEL INCAPABLE

  12. Macron se voudrait-il disciple de Raymond Devos « Pour trois fois rien, on peut déjà acheter quelque chose… et pour pas cher ! Maintenant, si vous multipliez trois fois rien par trois fois rien : Rien multiplié par rien = rien. Trois multiplié par trois = neuf. Cela fait : rien de neuf.  » Le président de la fin de l’abondance, le président du RIEN, la France ne valant plus RIEN pour lui, et les français devant se contenter de RIEN..

  13. Les seuls qui se serreront la ceinture ce sont les Français pas le gamin immature qui nous sert de président.

  14. Suite aux déclarations hors sol du prince , j’attendais une réaction à la hauteur de la part de l’opposition RN , hors , je constate que la réaction est molle , pas tranchante en n’attaquant pas suffisamment l’auteur du désastre . Je crains une fois de plus d’être déçu par ceux censés nous défendre en avalant la bouillie .

    1. Le « prince » ? Que d’honneur ! Le « grand timonier » suffira. Après avoir « affamé » le « non vaccinés de la santé et de la protection civile », c’est tout le peuple qui va y passer !

    2. Que vouliez vous attendre du RN qui a fait une campagne sans débat autre que celui de l’entre 2 tours (avec une MLP incapable d’attaquer Macron sur son bilan catastrophique) avec comme seul thème de campagne le pouvoir d’achat.
      Je comprends la déception de ceux qui n’ont pas compris que cette question ne pouvait être réglée par un claquement de doigts, surtout en cette période de forte inflation et grosse tension internationale, notamment tous les français qui, sous matraquage permanent des médias et sondages quotidiens, ont préféré le vote utile (pour soit disant éviter Mélanchon au 2ème tour) à un vote de conviction.

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