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Bien plus qu’une invitation au voyage, le livre de Virginie Jacoberger-Lavoué, rédactrice en chef chez Valeurs actuelles et spécialiste de l’actualité politique du Brésil depuis dix ans, est un éclairage percutant et éloquent sur l’état du Brésil. Il dresse un bilan des deux premières années de mandat du président brésilien et fait apparaître, en ligne de mire, sa possible réélection en 2022.

L’élection de Jair Bolsonaro à la tête du plus vaste pays d’Amérique du Sud, le 28 octobre 2018, a défrayé la chronique. « Miraculé » après une tentative d’attentat à son encontre durant la campagne électorale, l’« intouchable » succède à Lula da Silva. Ce dernier, inéligible jusqu’en 2035 pour corruption, a entraîné dans sa chute la gauche brésilienne, tombée en déconfiture et entachée de nombreux scandales. Jair Bolsonaro ne fait pas l’unanimité – qui le pourrait, dans un pays fracturé et politiquement très polarisé ? Il semble, surtout, ne pas vouloir la faire. Ouvertement misogyne, homophobe et raciste, Bolsonaro n’hésite pas à vanter les mérites d’une dictature dont il est nostalgique. Son caractère provocateur, sa communication sans filtre à grands coups de tweets ainsi que l’appui des pro-armes, des évangéliques et des grands propriétaires terriens (les BBB : Bibla [la Bible], Bala [les armes], Boi [les bœufs]) lui valent son surnom de « Trump des Tropiques ».

Au-delà des caricatures, Jair Bolsonaro n’est ni tout blanc ni tout noir. Son bilan politique est, d’ailleurs, en demi-teinte. Avec une grande habileté, il a su s’entourer de bonnes équipes et mettre des hommes plébiscités aux postes clés (Justice, Économie). Son plus grand succès est d’avoir mené, sans coup férir et sans révolte de rue, la réforme des retraites – tous les gouvernements ne peuvent pas en dire autant. Mais malgré de nombreuses avancées, il peine à soigner la corruption et la violence, mandat pour lequel il a été élu. « Ordem e progresso » : le Brésil est bien loin d’être à l’image de sa devise, tant les maux persistent. Frappé par de nombreuses et de fortes inégalités, il demeure un des pays les plus violents au monde. Dans les favelas, territoires perdus de la République brésilienne, la population excessivement pauvre est soumise au double joug des narcotrafiquants et des policiers ayant sombré dans la corruption, faute d’être décemment payés par l’État.

Parce que l’inégalité sociale et économique demeure une réalité, le redressement du début de mandat a fait long feu, en partie à cause du Covid-19, que le président s’évertue à nommer « grippette ». Huitième puissance mondiale en 2019, grâce à son pétrole, ses minerais et son agriculture, le Brésil est aujourd’hui sorti du top dix. Et son président, accusé d’accélérer la déforestation, est la cible des critiques internationales. Pourtant, le clan Bolsonaro – Jair, dont la popularité ne faiblit pas, et ses fils – est déjà en ordre de bataille pour les élections de 2022 et, à ce stade, aucune alternative ne paraît crédible.

À travers son analyse politique impartiale, privilège de l’observateur, Virginie Jacoberger-Lavoué présente un Brésil fragmenté mais pourtant tout en nuances, dans la main d’un Jair Bolsanoro très controversé dont nous pourrions encore longtemps entendre parler.

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31 janvier 2021 à 9:30

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