L’esclavage ouvrira-t-il un droit à réparations ?

esclavage arabo-musulmano

Une loi Taubira peut en cacher une autre. Celle du « mariage pour tous » (2013) ne saurait faire oublier celle « tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité » (2001) : elle aussi a des conséquences. Sur l’écriture de l’Histoire, d’abord, avec la perpétuelle culpabilité de l’homme blanc qu’elle grave dans le marbre législatif. Sur les finances publiques, ensuite, dans un avenir proche : qui dit responsabilité de l’État dit réparations financières.

C’est ainsi que vingt-trois particuliers « descendants d’esclaves » et trois associations mènent une action judiciaire depuis plusieurs années au nom du « préjudice transgénérationnel » que constituerait l’esclavage. En première instance, le jugement avait rejeté la demande, invoquant contre ce préjudice d’un nouveau genre – un concept que ne reconnaît pas la Cour pénale internationale – la plus classique prescription des faits. Un rejet confirmé par la cour d'appel de Fort-de-France, en janvier 2022. Ce mercredi 31 mai, la Cour de cassation a examiné le pourvoi. Elle rendra la décision le 5 juillet prochain.

Sur les trois associations parties prenantes, deux ont été créées pour exploiter, dirons-nous, la loi Taubira :
— le Mouvement international pour les péparations (MIR), créé en 2001 à la suite du vote de la loi ;
— le Comité d’organisation du 10 mai (C-O10MAI), créé en 2006 après l'adoption du 10 mai comme Journée nationale des mémoires de la traite et de l'esclavage et de leurs abolitions – autre conséquence de la loi Taubira.

La troisième association est le Comité international des peuples noirs (CIPN), fondé en 1992. Il veut « exiger des instances internationales que la traite et l'esclavage des Noirs soient reconnus comme un crime contre l'humanité » mais aussi « développer la solidarité entre les peuples noirs et promouvoir la culture noire à travers le monde ; développer l'idée de la création d'espaces juridique, social, économique, sportif et artistique des peuples noirs ; défendre dans tous les domaines les droits des enfants et des femmes noirs ». Autrement dit, il serait qualifié de suprémaciste et, donc, dissous, s’il s’agissait de Blancs défendant les leurs en ces termes.

Le MIR, quant à lui, a pour objet de mener « des actions en vue d’obtenir réparation des crimes contre l’humanité que furent les razzias négrières, la déportation et la réduction en esclavage des Africains ainsi que les autres crimes commis par les Européens, notamment le génocide des Amérindiens ». Il y a un non-dit, et c’est là que le bât blesse. De la traite négrière menée par les Arabo-musulmans, il n’est pas question, pas plus que de l’active complicité de certains Africains à la vente de leurs congénères, ni de l’esclavage interne à l’Afrique elle-même. À qui la faute ? À Christiane Taubira. En 2006, elle expliquait que, sans nier la traite négrière arabo-musulmane, il fallait y aller mollo pour que les « jeunes Arabes » « ne portent pas sur leur dos tout le poids de l'héritage des méfaits des Arabes » (sic).

Les dés sont pipés, et c’est ainsi que les victimes du « préjudice transgénérationnel » espèrent gagner. À moins que la décision de la Cour de cassation ne soit à la fois une leçon de droit et une une leçon d’Histoire ?

Samuel Martin
Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

38 commentaires

  1. Selon Mungo Park, à la fin du 18e siècle, dans sa relation de voyage (mouvementé) à Tombouctou, il y avait trois esclaves pour chaque homme libre en Afrique. Tous les africains sont, d’une façon ou d’une autre, descendants d’esclavagistes.
    Au cours des fêtes annuelles appelées « coutumes » au Dahomey, le roi faisait parvenir aux mânes de son père des messages par des messagers pris parmi ses esclaves, qui étaient égorgés pour cela. Aux funérailles d’un roi, c’étaient des centaines d’esclaves qui étaient sacrifiés avec toutes sortes de tortures assez raffinées. Le Dahomey était alors un important exportateur d’esclaves, ce qui, paradoxalement, en a sauvé une partie d’un sort épouvantable.
    L’esclavage était la règle dans le monde ancien, en Europe, en Asie, en Afrique et en Amérique. Mais il n’a jamais été aussi systématique et cruel qu’en Afrique, jusqu’à son abolition récente.

  2. Où sont les descendants de l’esclavage arabo-musulman ? il n’y en a pas, les musulmans castraient leurs esclaves. Les descendants des esclaves aux Antilles ne devraient obtenir comme réparation qu’un billet aller simple pour l’Afrique.
    N’oublions pas non plus les esclaves Blancs des musulmans.

  3. Ils seraient bien inspirés de regarder le documentaire en ligne: « 14 siècles d’esclavage arabo-musulman »!
    Il y a vingt cinq ans Jospin accordait des indemnités aux enfants de déportés,mais uniquement des déportés juifs,une association d’enfants de déportés non juifs a obtenu, après bien des démarches, les mêmes indemnisations .

  4. Vive la vérité ! UNE FOIS POUR TOUTES . Il faut dire et répéter à Taubira, PapN Dye, Omar Sy, Thuram, et tous les Noirs qui attaquent la France au lieu de la remercier, que les Noirs et les Arabes pratiquaient l’esclavage en Afrique, même entre cousins, longtemps avant que les Européens y mettent les pieds.
    Est-ce que ces célébrités de couleur (dont les ancêtres étaient esclaves ou esclavagistes) peuvent nous dire de qui ils descendent ?
    Bref, tout le monde devrait faire profil bas. L’histoire de l’humanité est une immense colonisation.
    Alors, stop aux rancunes et aux complexes !

  5. Oui heureusement, j’ai lu : « Il y a un non-dit, et c’est là que le bât blesse. De la traite négrière menée par les Arabo-musulmans, il n’est pas question, pas plus que de l’active complicité de certains Africains à la vente de leurs congénères, ni de l’esclavage interne à l’Afrique elle-même. À qui la faute ? À Christiane Taubira. En 2006, elle expliquait que, sans nier la traite négrière arabo-musulmane, il fallait y aller mollo pour que les « jeunes Arabes » « ne portent pas sur leur dos tout le poids de l’héritage des méfaits des Arabes ».
    Et cette traite des blancs européens et noirs africains a été exercée pendant plusieurs siècles….C’est ce qui a obligé, entre autres raisons, la France à débarquer en Algérie (sous dominante islam turque).
    E. Zemmour avait bien raison de préciser cela.
    S’il doit y avoir repentance, c’est bien des Chefs d’Etats, d’Erdogan, à Macron, et Chefs d’Etats USA et U E, et Africains….tous ensemble, tous ensemble, en robe de bure un cierge à la main ! ! !

  6. « Bien sur, il y a eu la traite . il y avait des acheteurs . il y a bien dû y avoir des vendeurs. » Jean-Paul Ngoupandé ex premier ministre en république Centrafricaine

    • La permanence des rites de sacrifices, leur stabilité sont dues à la profonde croyance des Dahoméens dans le Kou-Tomé (royaume des morts). Depuis toujours, les sacrifices étaient « un devoir tellement sacré que rien ne pourrait décider le roi à s’en dispenser. Quand même on lui proposerait les plus grands bénéfices sur les esclaves qui y sont destinés,
      il ne voudrait pas en épargner un seul. »
      La fête des coutumes au Dahomey, historique et essai d’interprétation

  7. Pourquoi toujours parler du passé ? Les maures pratiquent encore l’esclavage des noirs en Mauritanie. Ces derniers s’appellent des « captifs ».

  8. Traite européenne: un peu plus de trois siècles. Les Blancs n’ont pas inventé l’esclavage, en revanche ils ont inventé l’abolition. On attend toujours la repentance des pays musulmans qui ont pratiqué la traite pendant encore treize siècles après mort de Mahomet.
    Il n’y a pas photo.

  9. Je ne comprends pas que des descendants d’esclaves veuillent venir vivre aux pays des bourreaux négriers de leurs ancêtres. Ils sont masos ou quoi.

  10. Les « victimes du préjudicetransgénérationnel » ont elles fait un recours contre les riches Emirats ?

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