Les violences urbaines, conséquence de l’arrêt du sport : la voilà, l’explication !

Le Parisien, attentif aux évolutions de la société francilienne et au malaise de ses jeunes, s'est penché sur l'explosion de ce qu'il est convenu d'appeler "les rixes entre bandes", expression pudique de la sauvagerie ordinaire des peuples à capuche. Ses conclusions sont sans appel : s'il y a une augmentation du phénomène, c'est parce que les jeunes ne peuvent plus faire de sport.

« Les restrictions sanitaires liées à la pandémie sont un facteur aggravant », affirme au journal Azdine Ouis, éducateur sportif et travailleur social à Corbeil (Essonne). « À cause du couvre-feu, les jeunes ne peuvent pas se défouler dans le sport. Ils retrouvent dans leur bande un groupe socialisant qu'ils avaient jusque-là au sein de leur équipe sportive. »

Eh bien, voilà. Ce n'était pas si compliqué. On pouvait, jusque-là, naïvement estimer que l'ensauvagement galopant, la prolifération des agressions au marteau ou à la béquille, bien souvent à dix contre un, étaient la conséquence d'une perte des repères moraux, d'une disparition totale de la civilité, voire du (petit) remplacement d'une culture héritée de 1.500 ans d'histoire par une inculture récente mais totale. Mais en fait, pas du tout.

Bien sûr, depuis Juvénal (Satires, X, 356), on sait qu'un esprit sain ne va pas sans un corps sain (et vice versa). On sait qu'il faut, en ces temps de confinement des corps et de nuit des esprits, des activités "dérivatives" qui permettent d'utiliser intelligemment l'énergie inemployée. En revanche, le lien entre sport et paix civile n'avait, jusque-là, pas été évoqué aussi nettement.

Sachons donc que, si le foot ne reprend pas rapidement ses droits sur les pelouses de banlieue, les "incivilités", les "rixes entre bandes" vont se multiplier. Bien. Et avant, alors ? Quand il y avait du foot orange mécanique et de la boxe thaï pré-djihadiste ? Quand on se battait après les matchs et qu'on cassait la gueule de l'arbitre ? C'était mieux, du coup ?

À la vérité, la France a inventé, il y a bien longtemps, alors qu'elle était en guerre en permanence, le contrepoison à cette violence. Elle n'a pas attendu la déferlante migratoire ni la haine antinationale pour s'en prémunir. Avant aussi, on pouvait mourir pour un regard. On pouvait se faire étriper à dix contre un dans un chemin creux pour quelques pièces. On se battait pour le plaisir, et c'était même assez bien vu.

Pour lutter contre cela, il y avait trois antidotes : d'abord la politesse, qui a été inventée pour éviter de s'entretuer ; ensuite le modèle dominant, qui fut celui du chevalier, puis de l'honnête homme, puis de l'homme de bien : la parole donnée, le respect des femmes, la défense des faibles, le combat dans l'honneur, n'avaient déjà rien d'évident et il fallait les ériger en idéal. Enfin, il y avait la certitude de la sanction lourde en cas de désobéissance : gibets, exécutions publiques, mise au pilori, le tout sans bracelet électronique.

Les temps présents ne sont ni plus ni moins barbares ; nous avons simplement commis l'erreur de croire au sens de l'histoire et au progrès de l'humanité. La politesse a disparu du quotidien, remplacée par l'égalitarisme sous lequel affleurent aigreur et lutte des classes. Le modèle dominant est devenu celui du self-made-man, auquel on a progressivement ajouté des titres de noblesse (diversité, casier judiciaire, pas d'études…). Les carrières chic sont artistiques (rap), sportives (foot) ; et, comme on dit chez les chasseurs de tête, l'attachement aux racines et la pratique religieuse "sont un plus".

Et la certitude de la sanction lourde ? Faut rire ! Bon, on ne va pas rouvrir Montfaucon, mais on pourrait commencer par Cayenne. Et je signale aux jeunes désœuvrés que je ne parle pas du modèle de Porsche.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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