Les nudistes, c’est oui. Le pardon, c’est non. L’ordre sanitaire règne…

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Samedi 5 septembre, un pardon doit avoir lieu à La Chapelle-Basse-Mer, commune située sur la rive gauche de la Loire, entre Nantes et Ancenis, dans le département de la Loire-Atlantique. Il s’agit, pour les organisateurs, de renouer avec une cérémonie vieille de plusieurs siècles, mais interrompue depuis 1789. Ce pardon est organisé par les descendants collatéraux d’un prêtre réfractaire natif du lieu, et mort pour sa foi au sein de la paroisse dont il était le recteur en charge : Carquefou.

Pour l’occasion, plusieurs centaines de personnes se sont inscrites, l’événement devant se dérouler sur un terrain privé. Malgré les sommes engagées, le travail réalisé, la communication… le préfet des Pays de Loire interdit, quelques jours auparavant, la manifestation pour des raisons sanitaires.

Une semaine plus tard, à Rennes, le dimanche 13 septembre, est prévue une « promenade cycliste », dite Cyclonudista, dont la caractéristique est que les cyclistes doivent être nus. Une première en France ! Cela est d’ailleurs totalement illégal, selon l’article 222-32 du Code pénal qui interdit « l’exhibition sexuelle imposée à la vue d’autrui dans un lieu accessible aux regards du public », exhibition « punie d’un an d’emprisonnement et de 15.000 euros d’amende ».

Malgré tout, le préfet de Bretagne et le maire de Rennes, Nathalie Appéré, autorisent l’événement à condition que les normes sanitaires soient respectées à la lettre, c’est-à-dire que les nudistes soient masqués. Près de cinquante personnes ont participé à cette promenade et des centaines de spectateurs étaient présents.

Les préfets de Bretagne et des Pays de la Loire se déclarent satisfaits, l’ordre sanitaire régnant dans l’Ouest, tout comme le préfet Lallement, quelques jours auparavant, se déclarait heureux que ce même ordre sanitaire régnât à Paris après la défaite du PSG contre le Bayern de Munich. Il y avait de quoi : pendant que les Champs-Élysées étaient pillés et saccagés par des bandes, les CRS évacuaient à coups de matraque les clients d'un café qui regardaient le match sans masque.

Ce bel enthousiasme unanime est de tradition, en France : le général Sébastiani, ministre des Affaires étrangères, n’avait-il pas déclaré à la Chambre, le 6 septembre 1831, « l’ordre règne à Varsovie ! » alors que l’insurrection avait engendré plus de 7.000 morts et blessés ? Rien de nouveau sous le soleil, l’ordre macronien rejoint l’ordre louis-philippard.

PS : pour être certains d'obtenir l'accord du préfet des Pays de Loire pour le Pardon à La Chapelle-Basse-Mer en 2021, les organisateurs envisagent un pardon nudiste.

Reynald Secher
Reynald Secher
Historien, écrivain

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