Les maires fissurent la statue du commandeur Macron
Et si la large victoire de David Lisnard à la tête de l’Association des maires de France (AMF) marquait la véritable ouverture de la campagne présidentielle ? En l’emportant par 62 % contre 38 % à son adversaire Philippe Laurent, maire UDI de Sceaux, le maire de Cannes fait mordre la poussière à la Macronie au moment où elle avait besoin d’une victoire pour lancer la dynamique vers le scrutin roi de la Ve République. Patatras ! Les perdants pourront épiloguer sur le taux de participation faible (32 %) et la campagne tapageuse de Lisnard, le résultat demeure.
Mais il y a pire que la défaite, ce sont les raisons de la défaite. Cette veste ramassée par le protégé de l’Élysée aurait pu être causée par la personnalité du candidat, son parcours, son programme. Ce n’est pas le cas et l’UDI n’a en aucune façon été sanctionnée à travers Philippe Laurent. La tuile est liée… au soutien, réel ou supposé, du Président. On pouvait rêver meilleur signal, dans le camp macroniste, avant la campagne présidentielle. Du côté des Républicains, certains triomphent comme Nadine Morano qui stigmatise, sur Twitter, « une gifle magistrale des élus à Emmanuel Macron et à ses acolytes macronistes qui loupent leur OPA sur l’AMF ». Éric Ciotti ironise en remerciant « chaleureusement » deux soutiens de Laurent, « Renaud Muselier et Christian Estrosi pour leur contribution décisive à l’élection de David Lisnard ». Macron n’avait pourtant pas ménagé ses efforts pour rallier les maires. Il a clos leur congrès le 18 novembre dernier, voilà une semaine, comme en novembre 2017 où il s’était attiré des sifflets. Le message adressé par les maires est clair. Ils ont oublié les opérations de « calinothérapie » du Président, pas sa gestion délétère qui les laisse seuls face à un pays en déliquescence. Un pays qu’il préside depuis près de cinq ans après avoir occupé le fauteuil de ministre des Finances sous Hollande.
Cette France profonde, la France de ces 34.000 maires, pour la plupart élus de petites communes, dévoués à leurs administrés, ne comptant ni leurs heures ni leur désintéressement au bien commun, cette France sait bien qu’Emmanuel Macron se préoccupe bien davantage des diktats de Greta Thunberg, des schémas destructeurs de l’Europe et des volontés des groupes de pression parisiens que des préoccupations de ces Français des campagnes, fussent-ils maires. C’est une première fissure, profonde, dans la statue du commandeur, à six mois des présidentielles.
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