« Les jours fantastiques » sur les points de deal : quand le crime organisé reprend les codes du supermarché

Soldes

Ce n'est pas la première fois que cela arrive, mais cette fois, c'est spectaculaire. Au point de deal de la Forêt, un quartier populaire ou de reconquête républicaine (c'est tout un), on proposait, le week-end dernier, de doubler sa commande pour le même prix. 50 euros de shit achetés, 50 euros de shit offerts, du samedi 13 h au dimanche 21 h. Une source policière, interrogée par Le Parisien, analyse sobrement : « ça ne m'étonne pas des jeunes de la Forêt. Ils sont très forts sur le packaging, le marketing. » Bien que les forces de police interviennent tous les jours sur ce point de deal, force est de constater que cela ne semble pas suffire.

Depuis longtemps, les dealers de banlieue imitent les codes de la vie telle qu'ils la connaissent, c'est-à-dire les codes de la société de consommation. Certains offrent des cartes de fidélité, d'autres proposent un service de Drive (comme chez McDo), offrent des jeux à gratter pour gagner plus... Les trafiquants sont obligés de rivaliser d'ingéniosité puisque leur impunité est quasi totale et le marché extrêmement intéressant financièrement. Ces hypermarchés du cannabis entraînent des violences contre les habitants, des règlements de comptes en pleine rue, l'enclavement total de certains quartiers, etc., loin, bien loin du côté ludique, parodique et insouciant de ces campagnes de communication surréalistes : le trafic de drogue, c'est d'abord des morts et des junkies.

Depuis Édouard Philippe, le commerce illégal a été incorporé au calcul du produit intérieur brut. On estime ainsi que la vente de drogue représente environ plus de 0,1 point de PIB. C'est probablement plus, mais c'est déjà énorme. L'État n'est pas capable de proposer à ces jeunes gens, porteurs de papiers français, une solution viable pour trouver du travail autrement que par un cursus honorum rénové des Romains : guetteur, vendeur, caïd, parrain. Pourquoi la police déclencherait-elle une guerre civile bêtement quand elle peut se contenter de mesures symboliques, qui découragent les policiers, peut-être, mais rendent la vie des quartiers populaires tellement plus simple !

Le respect de l'autorité ? Eh bien, si l'on se souvient que fin 2020, des pochons de shit à l'effigie d'Emmanuel Macron et d'Éric Dupond-Moretti avaient été découverts dans une cité de Bourg-la-Reine, on s'en fera symboliquement une juste idée. La paix civile au prix du respect de l'État ? C'est le calcul que font tous les empires finissants : laissons tranquilles ces Barbares qui nous méprisent, ils finiront par se romaniser....

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

21 commentaires

  1. J’habite une maison bourgeoise dans un quartier bourgeois à 500 mètres de la résidence « la forêt ». Je tais le nom de cette banlieue chic pour respecter BV. Mon premier fils m’a dit un jour vouloir être dealer. Je l’en est dissuadé. Dix mille euros par mois en espèces et des risques limités avec notre police et notre justice. Il avait raison sur ce point. Pas d’emploi à proximité et un laxisme sur ordre ou idéologique, la tentation est grande pour des jeunes gens en général peu qualifié.

  2. « L’État n’est pas capable de proposer à ces jeunes gens, porteurs de papiers français, une solution viable pour trouver du travail »; Car c’est à l’Etat de trouver du travail pour les chômeurs? Un poste de fonctionnaire, peut-être…

  3. Je ne vois pas d’autre réponse au pb posé :
    Tous nos Dirigeants sont accros.
    Ca se voit dans leurs résultats !

  4. Mais pourquoi ces quartiers populaire sont ils si impopulaire ?
    Il y a la un paradoxe que je ne m’explique pas !

    Faudra t’il condamner les consommateurs, comme pour la prostitution ?

  5. Cinq ans de travaux forcés minimum pour les dealers , un an minimum pour les consommateurs .Cinq récidives le bagne , dans la forêt amazonienne.

  6. « Depuis Édouard Philippe, le commerce illégal a été incorporé au calcul du produit intérieur brut.  »
    Tout est dit.

  7. Super, un nouveau radar qui pourra même détecter si vous éternuez au volant …. N’est on pas capable, ou ne veut on pas, construire et installer des radars capable de détecter la délinquance : trafic de drogue, vols, harcèlements, agressions, etc ? Si on réfléchit un peu, on se dit qu’on ne veut pas puisque, si l’on écoute et regarde les médias, de nombreux points de deal sont connus, filmés, sans que nos forces de l’ordre ne soient appelées à intervenir. Cherchez l’erreur …. La faute qui ?

  8. Nos politiques savent récolter l’impôts et aiment la tranquillité. Ainsi évitent ils de lutter contre la délinquance, le trafic de drogue, la violence, la fraude sociale. Lorsque les français se rebiffent, une petite déclaration, une action cosmétique, et ça repart pour un tour. Mais pourquoi les payent on ?

  9. Si sur les points de deal les policiers arrêtaient systématiquement les consommateurs, et leur infligeaient une amende équivalente à 10 ou 20 fois l’achat de cette saloperie, une grande partie du marché des stupéfiants se tarirait de lui-même.

    • avec votre proposition vous pouvez résoudre la crise du logement, le chômage, l’encombrement transport public, les émissions de CO2 du trafic routier etc… uniquement en remplaçant le terme »arrêtaient » et en le remplaçant par exécutaient.

  10. Certains maires cautionnent les trafics en tout genre. Ils achètent la paix sociale, et leur réélection. Ils font même plus que fermés les yeux, ils informent les trafiquants des descentes de police (Maire de Canteleu) édifiant l’édito de Charlotte d’Ornella sur Cnews Face à l’info hier soir

    • « tout s’achète et tout se vend, c’est une question de prix et d’honneur » telle est la devise de certains.

  11. Le Pays des DROITS de l’HOMME où cette espèce peut tout faire même le PIRE en toute impunité. Elle aurait donc bien tort de se gêner pour PROSPERER, POURRIR et DETRUIRE la VIE du PEUPLE de cette terre d’accueil ! Nos gouvernements successifs d’une incompétence inqualifiable sont responsables de ce bouleversement sociétal qui dure depuis trop longtemps. Etre tolérant avec ces gens là, c’est s’exposer aux pires dangers et voilà, nous y sommes et LE PIRE est à venir avec ce même Chef d’Etat.

    • « d’une incompétence inqualifiable » , j’eusse préféré d’une complicité inqualifiable expression plus proche de la réalité.

  12. Les dealers peuvent dormir tranquille, et continuer le petit commerce, qui rapporte gros.
    Rien ne changera avec l’équipe gouvernementale .Où sont les places de prison ? Peines plancher ? Il faut être multirécidiviste pour aller en taule ! Mais braves gens, soyez heureux , ce gouvernement dans sa grande bonté va vous faire cadeau du point perdu pour petit excès de vitesses , par contre vous payerez quand même , faut pas rêver.

  13. Certains diraient belle leçon entreprenariat et de création d’entreprise
    et tant pis pour les autres si c’est tous les jours un jour noir au sens propre .Bon ce n’est encore soumis à la TVA et à la CSG comme les revenus d’activité ou l’épargne qui reste après les multiples prélèvements

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