On sait désormais que le vote n'est pas une adhésion massive à un projet, mais la cristallisation d'une mosaïque de minorités, le regroupement des archipels, pour reprendre la métaphore célèbre de Jérôme Fourquet. Regrouper des archipels, c'est cependant faire appel à une puissante tectonique. Le vote des femmes en fait partie. On l'oublie parfois, mais si les femmes n'ont eu le droit de voter que très tard (1945), c'est à cause de la gauche, qui considérait que, comme des dindes réactionnaires, les femmes seraient forcément du même avis que leur curé. C'est pour cela, d'ailleurs, que le droit de vote des femmes précède de peu celui des militaires, présumés factieux : toujours ce souci de l'entre-soi dans le camp du bien.

La France était autrefois, pour un observateur étranger, le « pays des femmes ». Nos voisins s'étonnaient de la curieuse galanterie qui faisait qu'un grand seigneur cédait le pavé à une chambrière. Les pisse-froid de toutes les chapelles woke auront beau nous dire que c'était là une forme soft de l'oppression patriarcale, je persiste à penser qu'il n'y a pas plus réactionnaire que le véritable féminisme. Il faut être bien bête pour penser que, de nos jours, l'exercice d'un quelconque bullshit job, servant à peine à faire garder des enfants que l'on ne voit jamais, constitue un véritable progrès social. Le progressisme, c'est la haine de la féminité, mais par une diabolique inversion du réel, ce sont les progressistes qui s'arrogent le combat pour la dignité des femmes. Quotas méprisants dans les entreprises et les institutions, mise en avant de « militantes » haineuses... rien n'est trop gros, selon la gauche, pour s'approprier le segment de marché.

Et pourtant. Selon un sondage réalisé par l'IFOP, les électrices considèrent que Marine Le Pen est plus féministe qu'Emmanuel Macron (49 % contre 30 % « féministe », et 13 % contre 4 % « très féministe »). Certes, Marine Le Pen est une femme, ce qui aide. Mais surtout, c'est une mère célibataire, comme beaucoup de femmes qui ont fait les frais de leur « libération », qui ont été abandonnées par des lâches et obligées d'accepter des métiers sans intérêt pour boucler péniblement leurs fins de mois. Marine Le Pen parle à l'électorat féminin parce qu'elle a traversé les mêmes difficultés, toutes proportions gardées. Ce phénomène de projection n'est, à y réfléchir, pas absurde. Contre cela, même les diabolisations les plus outrancières ne peuvent rien.

Les médias avaient pris, depuis 2017, un tout autre pari vis-à-vis de l'électorat, donc du lectorat, féminin. Ils avaient vendu dans les magazines un Emmanuel Macron jeune, mince, souriant ; ils lui avaient bricolé un CV d'homme complet, scientifique et littéraire, banquier philosophe. Des centaines de pages de papier glacé montraient Emmanuel et Brigitte, « couple atypique », bras dessus bras dessous. On  avait triché sur leur différence d'âge : quinze, puis vingt, puis vingt-cinq ans. En forçant un peu, on tenait là le synopsis d'un roman Harlequin. « Il est jeune, il est beau, il est banquier ; elle est blonde, élégante et un peu plus âgée que lui. Ensemble, ils forment un couple indestructible et solaire. Les épreuves les ont forgés. Aujourd'hui, gravira-t-il la dernière marche du pouvoir, soutenu par cet indéfectible amour ? »

Soyons honnête, quitte à être cru : c'était une nouvelle façon, pour le camp du bien autoproclamé, de prendre les femmes pour des sottes. Comment auraient-ils pu croire, ces défenseurs du progrès, que des romans-photos pour ados auraient suffi à emporter le vote féminin ? Comment ne pas voir que c'était une nouvelle forme de mépris gauchiste, comparable à l'injonction de stricte parité, qui attache désormais le soupçon aux pas de toutes les belles carrières de femmes ?

Bref, voilà : c'est Marine Le Pen qui défend le mieux les aspirations des femmes. C'était, à bien y réfléchir, l'évidence même. Toutes les Alice Coffin du monde peuvent bien se croire en danger de mort face au RN : ce ne sont pas elles qui prennent le RER D à 23 heures, qui entendent des sifflets le long des grands boulevards, qui évitent les centres-villes de province en rentrant d'un resto entre amis ou qui hésitent à porter de belles tenues pour traverser les centres commerciaux à pied. Une fois de plus, le réel est fasciste. Peut-être est-il patriarcal, tant qu'on y est ?

3182 vues

20 avril 2022 à 20:07

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.

12 commentaires

  1. Si j’étais une femme, je voterai pour Marine LE PEN. Mais comme je suis un homme alors je vote pour ,Marine LE PEN.

  2. Il reste à Macron à nommer une femme comme premier Ministre, Pécresse par exemple ou Elisabeth Borne. Comme cela, c’est elle qui sera déconsidérée par la période difficile qui s’annonce.

  3. Ne croyez pas que les femmes ont l’exclusivité du bullshit job et de l’oppression. Et de travailler pour payer le loyer

  4. C’est tellement vrai ! Pendant longtemps je croyais que MLP était dure, maintenant je sais qu’elle luttait pour ses enfants et ses convictions et que son visage était marqué par une vie qui ne l’épargnait pas. Elle est clairement plus à même de comprendre les femmes que les néo-féministes avec leurs combats inutiles et incohérents, et leurs manifestations indécentes. Elle a la maturité et l’expérience.

  5. Je juge M.Le Pen plus humaine que le président sortant!
    L’ humanité est une qualité majeure dans notre monde à tendances robotiques,nous sommes des êtres humains et non des robots qu’ un chef voudrait manipuler!
    Je ne veux pas revivre cette crise du Covid !

  6. Que les femmes jugent Marine Le Pen plus ou moins féministe n’a aucune importance parce qu’elles -mêmes ne sont pas féministes au sens où l’entendent les Coffin et consorts .
    Heureusement ,vous imaginez dans quel état seraient les industries de la mode ,de la coiffure ,de la parfumerie etc si les femmes n’avaient plus envie de plaire aux hommes !

  7. Oui, Marine Le Pen défend les femmes, machiavel les utilise … Voilà la différence entre ces 2 candidats !

  8. Disons que je vois mal MLP s’ afficher avec de jeunes crapules noires, torse nu et en sueur
    sur des photos dans les journaux
    Je vois mal MLP inviter au palais de l’ Elysée une équipe de dégénérés plus ou moins vêtus
    pour paraître jeune devant qui? sa femme ?
    Il me surprendrait que MLP défende un Bénalla qui cependant a beaucoup de qualités aux yeux de Macron
    Juger MLP plus féministe est facile

  9. Je ne me sens pas représentée par une Alice Coffin qui de par sa dégaine ressemble plus à un homme qu à une femme. C est quoi son problème? Sa lutte pour les femmes elle peut se la garder. Je suis très épanouie au bras d un homme et je me sens très en sécurité avec lui. Et ce n est pas prêt de changer

    1. la dégaine de Dame Coffin est « spéciale », c’est vrai qu’elle manque de grâces, mais c’est surtout le discours déjanté et la méchanceté qu’elle distribue qui me dérangent.

  10. Macron ne déteste pas que les femmes , il déteste tout ce qui est français et pourtant il s’accroche comme une sangsue à ce pays qui ne veut plus de lui .

Les commentaires sont fermés.