Les Balkans, dernier rempart civilisationnel d’Europe ?

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Herceg Novi, Kotor, Split, Cetinje, Podgorica, Belgrade, Sarajevo, Ljublana… Ces noms n’évoquent pour la mémoire contemporaine que quelques vagues souvenirs de leçons d’histoire-géographie lorsque nous usions nos fonds de culotte sur les bancs de l’école, rien de plus que des territoires en marge de l’Europe et soumis aux aléas des guerres du siècle dernier. Pourtant, ces capitales culturelles et politiques sont aujourd’hui la vitrine des Balkans : carrefour géopolitique qui connaît un regain d’intérêt, notamment pour la France, depuis une vingtaine d’années. L’ennui, c’est que l’inverse n’est plus tout à fait exact : d’un regard admiratif sur notre pays et l’Europe de l’Ouest, « phare libérateur », ces peuples n’ont, de leur propre aveu, plus rien à nous envier aujourd’hui. Immigration de masse, wokisation, islamisation, guerre en Ukraine : notre image s’est dégradée auprès de la poudrière des Balkans, aujourd’hui poudrière civilisationnelle. Récit d’une traversée de l’Europe centrale.

Le voyage démarre à Milan, en Italie. Après quelques images du célèbre Duomo et autres vestiges des Empires romain puis napoléonien, c’est la Slovénie et la Croatie qu’il faut parcourir pour atteindre les terres plus rocheuses du Monténégro. Déjà frappent les paysages vallonnés et les horizons clairs de l’Adriatique, la gentillesse et la simplicité des habitants où l’on s’arrête savourer quelques traditions culinaires, la truffe istrienne et le baklava, entre autres. Peu d'enseignes américaines ou asiatiques - voir aucune - habituelles, une essence à 1,50 euro le litre, des repas pour moins de dix euros, des églises, des clochers, une population d’apparence homogène, aucune femme voilée. Ce dernier constat, c’est le premier qu’exprime Vojislav, 39 ans, cadre dans l’industrie pharmaceutique, né au Monténégro et vivant à Belgrade (Serbie) depuis plusieurs années. « La dernière fois que je suis allé à Paris, je me suis demandé à quoi ressemblaient vraiment les Français, j’ai l’impression de ne pas en avoir vu. L’immigration est un tabou, pour vous. Or, ici, de la Slovénie au Monténégro, il n’est pas critique de s’y opposer. L’immigration est un phénomène très récent en Croatie, par exemple, et cela nous évite beaucoup de problèmes. »

Sans ambages ni détours, ici, le lien entre immigration et insécurité, voire décivilisation, est clairement établi. Longtemps terre d’émigration, la Croatie n’accueille par ailleurs des étrangers que depuis peu, et ces derniers ne viennent pas du continent africain mais plutôt… d’Asie du Sud-Est ! Résultat : la Croatie serait le pays le moins criminel d’Europe, là où la France serait le plus en proie à l’insécurité.

Et notre natif du Monténégro de poursuivre : « Je ne comprends pas pourquoi la France se laisse envahir à la fois par les États-Unis, la Chine, mais aussi l’islam. Ici, on perçoit mal quelle identité et quelle culture vous souhaitez défendre. » La réplique est sévère mais difficilement discutable.

Nous reprenons le chemin, caméra et micro de BV en main, direction l’immense Serbie. Il faut franchir les montagnes vertigineuses du Durmitor, dans des paysages dignes du Seigneur des Anneaux ou de Game of Thrones, avant de se présenter à la frontière, non de loin la ville serbe d’Uzice. Sourire en coin, le garde tamponne l’un des rares passeports français qu’il a dû se voir présenter en plein mois d’août. Les hommes, ici, sont virils. La corpulence change, les corps sont grands, fins, élancés, leurs ancêtres grimpaient les montagnes. Les regards sont d’acier, il n’y a ni mer ni océan, l’humeur est plus froide et austère. Flotte encore un air d’ex-URSS. À ce sujet, notre contact monténégrin étrille à nouveau la politique française : « S’agissant de la Serbie, c’est aujourd’hui le pays européen le plus proche de la Russie. Personne ne comprend l’attitude de l’Allemagne et de la France de Macron avec l’Ukraine. L’allié historique et continental de la France devrait être la Russie. Certains pays d’Europe centrale et de l’Est entendent le discours civilisationnel de Poutine face à votre wokisation. »

Mais, enfin, quid de la Bosnie-Herzégovine ? Ce pays, OVNI au milieu des Balkans, est l’héritier le plus fidèle de la culture ottomane et dont la capitale, Sarajevo, est aujourd’hui surnommée la Jérusalem de l’Europe, tant y cohabite une myriade de peuples, de cultures et de religions différentes. Les mosquées côtoient les monastères le long des routes, les voitures sont immatriculées localement, peu de touristes s’arrêtent dans ces pays injustement mis de côté. L’islam est omniprésent, ici, des femmes déambulent en niqab aux côtés des catholiques et orthodoxes plus minoritaires. Mais une sorte de cohabitation civique, de « paix de voisinage », sous couvert de l’ONU, s’est installée, les cicatrices des guerres ethniques commençant à s’apaiser. D’ici, la France est analysée comme « proche de ce qui nous est déjà arrivé à nous : des guerres ethniques, religieuses et de territoires » par notre contact local.

Difficile pour ces Slaves du Sud de s’imaginer idolâtrer un pays sombrant petit à petit dans les méandres desquels ces peuples commencent à peine à se sortir. Un rejet de plus en plus partagé, un peu partout en Europe centrale avec, plus au nord, les Tchèques mais aussi la Hongrie. Une Hongrie que Boulevard Voltaire vous propose de découvrir au mois de novembre prochain. Quand la France et l’Europe de l’Ouest auront fini leur mutation sino-américano-islamiste, les pays d’Europe centrale et de l’Est seront-ils les derniers représentants d'une civilisation millénaire à pouvoir lever bannière et crier encore « Nous sommes l’Europe » ?

Jordan Florentin
Jordan Florentin
Journaliste à BV

Vos commentaires

28 commentaires

  1. « un jour pas trop lointain, hélas, où la France ne sera plus vivable pour les Français de souche, qu’elle soit ancienne ou plus récente ».

  2. Comme un symbole du changement de monde : au championnat du monde de basket la France éliminée d’entrée avec ses « américains » mais sans ses ‘russes ( Thomas HEURTEL -Zénith Saint-Petersbourg-, Louis LABEYRIE -Kazan-, Amath M’ BAYE et Livio JEAN-CHARLES – CSKA Moscou). Par ailleurs, l’exclusion des russes (et biélorusses) des championnats du monde d’athlétisme par World Athletics dirigé par l’ancien champion britannique devenu censeur,
    démontre l’impuissance des anglo-saxons réduits à s’en prendre au sport après nous avoir fait la leçon pendant des années que la politique devait être absente du domaine sportif…

  3. C’est compliqué à apprendre le Hongrois ? Le Polonais ? le Serbe ? C’est pour le cas où il faudrait s’y réfugier un jour …

    • Le Hongrois, c’est pas facile, le polonais, c’est leur fichue orthographe, le serbe, c’est plus facile et cela permet ensuite de comprendre plus facilement la plupart des langues slaves.

  4. Très intéressant article, sur ces contrées dont on ne parle pas beaucoup, comme de tous ceux qui vivent plus sereinement, malgré les conflits qu’elles vécus. Belle leçon pour la France, en tous cas.

  5. Les Balkans sont appelé une poudrière et c’est vrais mais en taisant bien opportunément les raisons. L’est pays de l’Est n’entendent pas se laisser mondialiser à la façons état_unienne et islamistes par leur seule intérêts car le mondialisme c’est la disparition logique des nations.Il ne faut pas y voir autre chose non plus en Ukraine à la base.

  6. C’est surtout grâce au réveil de la religion Orthodoxe, qui avait été mise sous le boisseau, mais n’avait jamais quitté les cœurs !

  7. Dans ces pays des Balkans, la sécurité des citoyens est assuré. Chacun peut déambuler sereinement dans les rues, sans se faire insulter ou agresser. Pas de barbarisation de ces pays comme c’est le cas en France. Ces nations sont également fières de leur culture et le folklore (national) y est toujours bien vivant. Mais il est vrai que les musulmans sont archi-minoritaires dans ces pays et que l’islam y est quasiment inexistant. Qu’en disent nos politicards ? Simple hasard probablement. Je ne défends pas Poutine, mais lui au moins défend la Russie et sa population. La politique familiale y est très développée, avec 15 jours de vacances offertes aux familles de 3 enfants. Pas de baisse drastique de la natalité dans ce pays qui, du coup, n’est pas obligé de dilapider des milliards d’euros pour favoriser l’immigration. Chez nous, on claque des milliards d’euros pour attirer des populations qui prétendent ne pas être bien accueillis en France et qui, pourtant, font tout pour venir s’y installer. Il serait temps que nos dirigeants irresponsables choisissent : dilapider des milliards d’Euros par an pour faire venir des individus qui vomissent notre civilisation judéo-chrétienne ou soutenir une politique familiale efficace. Il y a des leçons à prendre du côté des Balkans ….

    • « Il y a des leçons à prendre du côté des Balkans …. » Sauf pour la France qui prend exclusivement ses leçons à Washington, par les intermédiaires successifs de Soros, Bruxelles et Berlin.

  8. Les Balkans, dernier rempart, avec le Bosnie, phagocytée lentement par Erdogan et ses ambitions de grand empire ottoman ? Je n’y crois que modérément.

    Plus en les pays du V4.

    Pour avoir visité la Slovaquie, la République Tchèque et la Pologne, je puis vous assurer, déjà, que vos sorties nocturnes n’engagent pas votre vie, ensuite, que ces pays sont beaucoup moins « divers ».

    Ça fait du bien d’y voir des ravissants femmes très légèrement vêtues (été très chaud) sans que ça ne soulève quolibets, insultes, regards appuyés et malsains et surtout sans risques pour elles.

    Proportion musulmane en République Tchèque, par exemple, 0,12 %. Ça fait rêver. Il faut dire qu’ils sont plutôt frileux en ce qui concerne la religion de paix et d’amour.
    Mon fils, qui portait une barbe courte lorsque nous y étions, s’était fait écarter par la police des frontières, fouiller et passer son bagage au détecteur d’explosifs à l’aéroport de Prague, pour notre retour.

    Personnellement, ça me va.

    Ma prochaine destination, Budapest (désolé, pas avec BV).

  9. Amis serbes, ne commettez jamais l’erreur de rentrer dans l’UE. Regardez la Croatie et la Slovénie se décomposer sous vos yeux ; dans 10 ans ils n’auront plus d’identité. La Serbie avec les BRICS ça aurait de la gueule.

  10. La France sera un jour pas trés lointain, confrontée à la Russie. La Russie n’acceptera jamais d’avoir un pays islamique sur sa façade ouest possédant l’arme atomique. S’être mis la Russie à dos est une faute historique dont les politiques devront s’expliquer, qu’ils le veuillent ou non.

    • Qu’est ce cela peut leur faire? La seule responsabilité qu’ils engagent, c’est la notre. Le jour de l’effondrement, ils seront parti, leur magot sous le bras.

    • Tout à fait d’accord! Nous en subissons d’ailleurs déjà les conséquences, et ce n’est que le début. Culturellement c’est aussi une énorme perte. L’âme russe, c’est quelque chose!

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