« Quand Hans et Maria avaient compris que leur ferme et leurs huit vaches représentaient un fléau pour l’humanité, ils étaient restés quelques instants ahuris. » Le ton est donné dès l’incipit : les ayatollahs de l’écologie ne sortent pas intacts de ce « conte philosophique » grinçant et jubilatoire.

Les flatulences des vaches condamnent l’exploitation devant des caméras complaisantes : pas assez durable. La Rugénie, petit pays d’Europe centrale indépendant depuis peu, se veut exemplaire car elle veut adhérer à l’OTAN et à l’Europe, rêve suprême.

Thomas, un député nouvellement élu (on suppose qu’il est français), voit le reportage et décide d’aller sur place observer ce pays modèle, qui est en marche pour sauver la planète.

Le vélo y est roi, la voiture une ennemie, le feu de cheminée proscrit, tout comme le lait de vache, les vieilles recettes traditionnelles et, au-delà, tout ce qui a une mauvais empreinte carbone ou menace la santé des habitants. Malgré sa bonne volonté, la perplexité envahit progressivement Thomas : « l’hyper-déréglementation de l’économie et l’hyper-réglementation de la vie quotidienne » rendent-elles les gens si heureux ?

Dans les montagnes rugènes vivent encore des paysans au mode de vie ancien. Ils n’ont pas encore compris où était le vrai bonheur. De plus, ils jouxtent la frontière de la méchante Molduvie, « ultra-nationaliste », comme la qualifie le président rugène. Il faudra sans doute la châtier un jour.

Thomas aimerait visiter ces villages d’antan. La police se demande pourquoi…

Benoît Duteurtre poursuit son œuvre avec discrétion et talent. Son style est impeccable et sa satire de la tyrannie verte fort bien racontée, sur le ton léger d’une lecture très facile.

Un livre plus profond qu’il n’y paraît.

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12 août 2019 à 17:55

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