Alors que la perspective d'une troisième dose est annoncée pour les personnes les plus fragiles, le docteur Legrand explique les effets positifs du vaccin contre le Covid-19.

 

Pourquoi parle-t-on de la possibilité d’une troisième dose de vaccin à partir de la rentrée ?

La troisième dose est un rappel pour faire remonter le nombre d’anticorps et de cellules immunitaires chez les personnes dont la défense immunitaire diminue. C’est souvent chez une population âgée ou immunodéprimée. Le rappel est nécessaire quand on voit des personnes vaccinées antérieurement dans cette catégorie qui se retrouvent infectées.

Jusqu’où cela va-t-il aller ? Une quatrième dose ? Une cinquième dose ?

Oui, tout comme pour les vaccins contre la diphtérie, la polio et la coqueluche que vous recommencez tous les dix ans. Il y a un débat pour savoir si le rappel doit être fait tous les dix ans ou tous les vingt ans. Ce n'est pas tranché. Faire des rappels vaccinaux est tout à fait classique, en médecine, chez les adultes n’ayant pas une immunité longue et pérenne.
En revanche, pour les enfants et les jeunes adultes, on sait que ce vaccin est très immunogène, c’est pour cela qu’ils ont mal au bras et ont des courbatures, en général à la deuxième dose. Ces vaccins ne vont pas entraîner une baisse d’immunité avant un certain temps.

Y aura-t-il un rappel vaccinal annuel pour le Covid 19 ?

On n'a pas assez de recul pour observer les réinfections. Il faut des réinfections pour comprendre que la population vaccinée n’est plus immunisée, car on ne peut pas se baser simplement sur un dosage d’immunoglobulines qui ne sont pas les seules à être en jeu dans l’immunité, il y a aussi l’immunité cellulaire.

A-t-on les moyens, en France, de lancer une troisième campagne de vaccination ?

Il suffit que les politiques commandent suffisamment de doses. Actuellement, nous manquons toujours de doses, à chaque fin de semaine, je refuse des vaccination faute de doses. Manifestement il n’y a pas encore assez de doses dans les cabinets de médecine générale.

Les hôpitaux dans les territoires d'outre-mer sont saturés, la population est-elle vaccinée ?

Outre-mer, la population n'est vaccinée qu'autour de 20 %. Nous nous sommes posé la question pour savoir s’ils avaient bien reçu les vaccins. Je me suis renseigné auprès de collègues médecins, ils ont bien reçu les vaccins et il y a des « vaccinodromes », mais la population est rétive au vaccin. Par conséquent, la population non vaccinée se contamine en masse, et parmi les contaminés, certains vont engorger les réanimation. La mécanique est parfaitement connue. Ceux qui ne sont pas vaccinés prennent ce risque-là, c’est évident.

Les vaccinés ne peuvent-ils pas se contaminer entre eux ?

Bien sûr que oui. Sur l’ensemble des personnes contaminées, 96 % sont non vaccinées, 4 % sont vaccinées. En Israël, 40 % des vaccinés en Pfizer font partie des contaminations, sur une masse de 85 % de vaccinés.
Le vaccin diminue de 36 fois le risque d’être contaminé, c’est aussi simple que cela, et c’est la même chose pour tous les vaccins. Aujourd’hui, en rougeole-oreillons-rubéole, vous pouvez être contaminé et contracter la maladie l’espace d’un temps très court et vous ne contaminerez probablement personne. C’est le principe du vaccin, il majore votre défense immunitaire et le plus rapidement possible, mais ce n’est pas une barrière hermétique à l'inhalation du virus.
Dans un foyer où une personne qui contracte le virus est vaccinée, il y a 40 fois moins de risque qu'elle contamine son conjoint, selon une étude américaine récente. C’est bien moins, mais c’est pas zéro risque.
Quand on est vacciné, on a une défense pour éliminer le virus, mais pendant un court instant, le virus est rentré.

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05 août 2021 à 17:45

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