Le traité de Versailles (5/7)

De la gauche vers la droite : Lloyd George, Vittorio Orlando, Georges Clemenceau et Woodrow Wilson
De la gauche vers la droite : Lloyd George, Vittorio Orlando, Georges Clemenceau et Woodrow Wilson

Le traité de Versailles, signé le 28 juin 1919 dans la galerie des Glaces du château de Versailles, met un terme définitif à la Première Guerre mondiale sur le front occidental.
Résultant d’un processus diplomatique de plus de six mois qui a connu quelques vicissitudes, il fixe les règles selon lesquelles la paix sera appliquée. Retour sur cette période décisive qui changea l'histoire du XXe siècle avec notre passionnant feuilleton.

Le 17 juin, après six mois de débats, les Alliés transmettent enfin au gouvernement allemand la version définitive du traité. Les clauses sont très dures pour les vaincus, en particulier l’Allemagne. Clemenceau aurait aimé être encore plus sévère, mais ses Alliés se sont opposés à ce que l’ancien empire de Guillaume II soit complètement affaibli et exsangue. Reste que le pays est amputé du huitième de son territoire et perd 10 % de sa population par rapport à 1914. L’Alsace-Lorraine est restituée à la France. Eupen et Malmedy sont confiés à la Belgique. La Pologne est reconstituée mais elle n’est pas parvenue à récupérer la Prusse orientale, même si elle obtient un débouché sur la mer, appelé « corridor de Dantzig ». Pour garantir la France de toute nouvelle agression allemande, l'armée allemande est limitée à 100.000 hommes, sans aviation ni chars d'assaut ni artillerie lourde. La Rhénanie est totalement démilitarisée. Enfin, l'Allemagne est déclarée responsable de la guerre par les Alliés, avec un « devoir de réparer les torts causés ». Si le principe des réparations est adopté, leur montant total est reporté à une conférence ultérieure et spécifique. En fait, le calendrier des paiements est établi à Londres le 5 mai 1921, la somme totale, calculée par la commission interalliée des réparations, est fixée à 132 milliards de marks-or. En réalité, l’Allemagne paiera l’équivalent de 52 milliards de marks-or. Le dernier chèque des réparations de 1914, d’un montant de 95 millions d'euros, signé Angela Merkel est daté du 3 octobre… 2010. Louis Klotz, ministre des Finances du gouvernement Clemenceau, avait dit, en 1917 : « L’Allemagne paiera. »

Alors que l’on croit l’affaire conclue, un dernier rebondissement vient tout remettre en cause. Le 25 juin, Lloyd George vient rendre visite à Georges Clemenceau à l’hôtel de Brienne, siège du ministère de la Guerre[ref]Georges Clemenceau cumule les fonctions de président du Conseil, ministre de la Guerre, sénateur du Var et président de la commission des armées du Sénat.[/ref]. Il lui indique qu’il ne peut pas, au nom de son peuple, accepter l’occupation de la Rhénanie, une grande partie ouest de l’Allemagne. Ce territoire apparaît alors comme une zone tampon entre les deux pays. Clemenceau tient bon malgré cette opposition et celle de Foch. Cette vision différente va brouiller le vieux Tigre et le maréchal de manière définitive. Surtout, Clemenceau doit faire face, à cette époque, à des grèves massives dans le métro et la métallurgie. Il veut éviter que la contagion communiste qui a essaimé en Russie et en Allemagne ne gagne la France. Quand il sort de la Chambre, interrogé par les journalistes, il espère que la signature pourra se tenir le 28 juin. La date ne doit rien au hasard : elle correspond au cinquième anniversaire de l’assassinat de l’archiduc Ferdinand d’Autriche à Sarajevo, événement déclencheur de la Première Guerre mondiale.

Le lieu de la signature est tout aussi symbolique : la galerie des Glaces du château de Versailles, là même où, le 18 janvier 1871, a été proclamé l’Empire allemand, aux cris de « Vive Sa Majesté l’empereur Guillaume ! »

Le 26 juin, les préparatifs pour aménager la galerie des Glaces vont bon train mais les Allemands n’ont pas encore désigné leurs représentants, ceux qui parapheront le traité officiel. « Une mauvaise volonté qui serait une insigne sottise ou une faiblesse fort symptomatique du nouveau gouvernement de Berlin », ironise Le Journal[ref]Le Journal du 26 juin 1919.[/ref]. En réalité, le comte von Brockdorff-Rantzau refuse de signer un traité qu’il considère inexécutable, qu’il estime être un diktat. Joignant le geste à la parole, il quitte Versailles, rejoint Berlin et démissionne de son poste de ministre des Affaires étrangères le 20 juin. C’est aussi avec une violente hostilité et ce terme de « diktat » que la population allemande accueillera ce traité aux conditions trop strictes et rigides.

L’hypothèse que l’Allemagne ne signe pas existe toujours. C’est pourquoi il reste de nombreux régiments français et alliés massés aux frontières des Ardennes au Territoire de Belfort. En tout, plus de deux millions d’hommes. Si l’Allemagne devait n’envoyer aucun plénipotentiaire, les soldats auraient ordre d’envahir l’Allemagne et de poursuivre la guerre.

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