Le racket du prix de l’électricité ne cesse de prendre de l’ampleur

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Année après année, la facture d’électricité devient de plus en plus lourde pour les Français. Un consommateur moyen (abonnement à 6 kVA, consommation de 2.267 kWh) payait 332 euros, en 2010, et règle désormais 481 euros, en 2020, soit une augmentation de 44,6 % en dix ans, à comparer avec une inflation à moins de 10 % sur la même période. Or, les coûts de production ont peu augmenté, la France ayant la chance d’avoir un parc de centrales nucléaires conséquent, n’en déplaise aux écologistes.

Cette augmentation du prix de l’électricité s’explique surtout par la flambée des taxes, en particulier de l’une : la contribution au service public de l’électricité (CSPE), dont le montant a été multiplié par cinq, en dix ans, pour atteindre 12 % de la facture finale. En outre, l’usager doit s’acquitter de la TVA à 20 % sur cette taxe. La CSPE, en principe, est destinée à financer l’électricité dite verte en rachetant plus cher le courant produit avec l’aide du vent et du soleil.

Mais comment peut-on qualifier d’écologiques ces gigantesques pylônes utilisant des métaux rares et précieux et dont le socle en ciment va longtemps polluer les terres agricoles lorsque, au bout de vingt ans, les éoliennes seront hors service ? Ces grandes pales qui produisent de l’électricité par intermittence sont, en réalité, une catastrophe dont on aurait dû se passer. Je serai moins sévère avec les panneaux solaires, si ce n’est qu’ils utilisent des métaux dont les réserves s’épuisent. Et il faudra songer, aussi, à les recycler en fin de vie. Mais il est vrai que le démantèlement des centrales nucléaires, heureusement moins nombreuses que les éoliennes, sera plus coûteux que celui des éoliennes et panneaux solaires.

La CSPE est dévoyée de son usage, car elle est versée directement au Trésor public censé, par la suite, la redistribuer. En réalité, il en garde une bonne part ; la CSPE est donc devenue un impôt : révoltant.

Outre cette taxe, les prix de l’électricité sont tirés vers le haut par une pratique commerciale scandaleuse. En 2019, quand le prix du kWh a été augmenté de 5,9 %, 40 % de cette flambée provenait de la hausse du prix de gros de l’électricité sur les marchés, mais 40 % était dus au mécanisme de contestabilité. Les fournisseurs privés d’électricité (Eni, Total Direct…) ont, en effet, obtenu de Bruxelles qu’EDF leur vende de l’électricité d’origine nucléaire, qui coûte nettement moins cher du fait des investissements colossaux faits par la France dans les années 1970. Cette décision de Bruxelles est inadmissible, car elle prive un pays des bénéfices de sa prévoyance. Mais cela va encore plus loin. Comme il n’y a pas suffisamment d’électricité nucléaire sur le marché, on dédommage les fournisseurs privés grâce à une augmentation des prix. L’usager est le seul à payer cette compensation alors que ses parents ont déjà payé les investissements nécessaires pour le nucléaire. Honteux !

Pour faire taire les critiques, on avance que la France paye, en moyenne, 14 % moins cher son électricité que ses voisins européens, mais cette différence ne cesse de s’amenuiser. Bientôt, nous serons au même niveau que le reste de l’Union européenne, alors qu’encore une fois, la France a fait un effort colossal dans les années 1970 pour préparer l’avenir.

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Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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