Le ministre Clément Beaune part en guerre contre les trottinettes… mais surtout contre Hidalgo

trottinette electrique

On le sait : la voiture, c'est l'ennemi, l'objet par excellence anti-écologique, trop polluant, surdimensionné, surutilisé pour de petits trajets. Il convient donc de chasser les voitures et de développer l'usage du vélo, comme le préconise à nouveau Jean-Marc Jancovici dans une tribune du Monde. Selon lui, la France est en retard (21e en Europe) dans le développement des pistes cyclables. C'est le principal frein à l'essor du vélo, pourtant en progrès de 30 % depuis trois ans.

Tout comme les trottinettes. En plein boom. Mais à l'origine d'accidents de plus en plus nombreux, graves et même mortels. En décembre dernier, un rapport de l'Académie de médecine avait déjà tiré la sonnette d'alarme et recommandait notamment le port du casque, ce qui paraît assez logique. Mercredi dernier, c'est le professeur François Rannou, chef de service à l'hôpital Cochin, qui est venu sur BFM TV faire le sombre bilan de cette nouvelle et inquiétante accidentologie : explosion des accidents depuis trois ans, ce qui fait tache face à la baisse des accidents de la route impliquant « la voiture, les scooters, les motos, les piétons ». Avec 34 morts en 2022 et plusieurs centaines de blessés, la trottinette est devenue un problème de Sécurité routière.

Les témoignages de plusieurs parents ayant perdu un enfant dans ces conditions, comme ceux de Louis, 10 ans, en 2021, commencent à sensibiliser l'opinion et à faire bouger les pouvoirs publics. D'où une proposition de loi déposée le 28 février 2023 par la députée du Jura Danielle Brulebois et le député du Rhône Thomas Rudigoz. Le ministre des Transports, Clément Beaune, sous pression, a donc décidé d'agir. Dans Le Journal du dimanche, il part en guerre contre les trottinettes : « Le laxisme a trop duré. ». On s'attend donc à une loi qui reprendrait les propositions des parlementaires : port du casque obligatoire, limitation de vitesse à 20 km/h au lieu de 25 km/h, interdiction aux moins de 14 ans au lieu de 12 ans. Non, le ministre souhaite contraindre les opérateurs, sans légiférer pour l'instant. Il ne souhaite pas non plus rendre le casque obligatoire. Derrière la déclaration martiale, une forme de mollesse qui ne sera certainement pas du goût de cette mère endeuillée qui l'interpellait sur France Info : « C’est ce que le ministère des Transports doit faire. On est capable de mettre des normes sur des voitures, pourquoi pas les trottinettes ? »

Pourquoi autant de précautions ? D'abord car la trottinette est une icône écologique et le ministre est un dévot : « Dans 20 % des cas, les trottinettes sont utilisées à la place d’un mode de transport polluant du type voiture ou scooter, selon l’étude commandée – et cachée – par la ville de Paris. » Ensuite parce que le ministre est un libéral, et légiférer, interdire, c'est pas bien, sauf contre les automobilistes, bien sûr. Enfin car Clément Beaune n'est sans doute pas innocent d'arrière-pensées politiciennes dans sa vraie-fausse fermeté : élu de Paris et candidat potentiel à la mairie en 2026, il s'oppose à Anne Hidalgo, qui, elle-même débordée par l'anarchie et les accidents dus aux trottinettes, organise dans un mois une votation sur le sujet. Pour le ministre, « Anne Hidalgo veut interdire les trottinettes sans l’assumer, donc elle organise un référendum sans campagne et sans que les opinions contradictoires puissent s’exprimer. Quand vous les avez développées massivement, fait appel à des opérateurs, et que vous dites "je n’y arrive plus", c’est un aveu d’échec et de faiblesse. »

Les gesticulations anti-trottinettes de Clément Beaune, tout comme celles d'Anne Hidalgo, ne sont qu'un premier round de leur précampagne municipale. C'est indécent, en particulier pour les victimes et leurs familles, et la droite s'honorerait de défendre sur le sujet une position claire et ferme.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

28 commentaires

  1. Pour moi une trottinette c’est un coup on pousse avec la jambe droite.. un coup avec la jambe gauche.. c’est sain .

  2. A qui profite le commerce de ces trottinettes ? C’est toujours « à qui profite le crime » qu’il faut chercher…Quel sont les élus qui ont touché du pognon pour imposer ce genre de transport débile à la Société? Comme pour certaines lois qui ont imposées par le passé, certaines obligations…Le 2è rétroviseur, c’était un fils de ministre qui possédait une usine de fabrication d’accessoires automobiles, ce n’est qu’un exemple, mais il y en a beaucoup d’autres, concernant la « vache à lait »: l’automobile. Prenez par exemple ce qui est en train d’arriver avec des voitures électriques pas fichues de faire 300 km sans avoir à passer 4 heures à recharger, le bilan carbone réel est déplorable, mais il y a des intérêts de certains « notables » pour forcer les ventes à des bobos, de ces conneries…A qui profite le crime, une fois de plus !

  3. « C’est indécent… » Les personnalités politiques dont il est question dans cet article ont-elles la moindre idée de ce qu’est la décence et l’intérêt général ?

  4. La mode des trottinettes est venue des villes LGBT de Californie, aussitôt adoptée par Delanoe ! Ce sont donc de véritables icones, intouchables ! Dans cette société infantilisée, gageons que la prochaine mode sera celle des voitures à pédales et des patins à roulettes !!!

    • Les patins à roulettes ont eu leur heure de gloire dans les années 90. Mais ils sont beaucoup plus difficiles à maîtriser. La trottinette est tellement plus simple. Parfaite pour les enfants que sont les ecolos-bobos.

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