Le lobbying du tourisme pour un passeport vaccinal

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La belle aubaine pour notre gouvernement ! Une partie des Français commence à demander un peu plus d’asservissement. La décision serait venue d’en haut, imposée par des élites technocratiques qui nous restreignent pour « nous protéger », elle aurait été dénoncée comme une atteinte à nos libertés. Mais à l’inverse, si ce sont les administrés qui la sollicitent afin de pouvoir recommencer à travailler, c'est à considérer.

Et c’est ainsi que la petite voix médiatique commence à s’élever au sujet du fameux passeport vaccinal. Roselyne Bachelot s’était déclarée « contre », sur France 2 : « Si on en arrivait là, ce serait un recul. » Pour autant, des députés et représentants du tourisme demandent son instauration. Si la Suède, Israël, le Danemark, l’Islande ont déjà initié la démarche, Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du voyage, regrettait, sur France Info, que la France soit « en train de traîner lamentablement les pieds ». Il propose non pas un passeport régalien mais un certificat qui « pourrait être traité par une société privée » et comporterait les résultats des tests PCR et les vaccinations.

Alors, il sait trouver les bons arguments : « La France aurait eu l'occasion d'être en pointe dans ce domaine-là [...] La Grèce et les pays du Sud seront en avance, la France sera en retard. » Sur France Info, toujours, la députée MoDem de la Sarthe, Pascale Fontenel-Personne, se désole. Celle qui a fait toute sa carrière dans le tourisme milite pour l’instauration du passeport vaccinal : « 80 % des étrangers ne viennent plus […] Ça ne peut pas durer. » Elle réclame au gouvernement de lui confier une mission pour préparer ce chantier : « Comment on l’appelle, ce qu’on met précisément dedans, comment on le déploie, est-ce que ça doit être un document papier ou inclus dans une application, ce qu’en pensent les acteurs du tourisme, du transport, les citoyens... » Aussi, on joue de la sémantique en ce qu’il serait sanitaire ou vaccinal, on réfléchit s’il ne conditionnerait que les voyages ou bien l’accès aux lieux culturels…

Pour l’heure, une chose est sûre, ce débat est « prématuré », selon le secrétaire d'État au Tourisme Jean-Baptiste Lemoyne. Faute de vaccination suffisante, l’on ne peut exiger encore de limiter le déplacement des personnes à certaines conditions. Mais après ? Emmanuel Macron avait bien rappelé que la vaccination ne serait pas obligatoire. Olivier Véran l’avait confirmé sur TF1 : « La vaccination ne sera pas obligatoire pour prendre les transports en commun ou aller au restaurant. » Mais l’argument commercial, le lobbying grandissant des professionnels du tourisme et la nécessité criante de rouvrir les établissements hôteliers et culturels incitent certains à considérer le passeport vaccinal comme le précieux sésame vers la vie normale. Sous des apparences de liberté retrouvée, celle de pouvoir à nouveau se déplacer, voyager, se distraire, se cultiver, il constituerait surtout une incitation supplémentaire à se faire vacciner... librement, cela s’entend.

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Iris Bridier
Journaliste à BV

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