Dans l’affaire Tariq Ramadan, Samia Ghali céderait-elle au réflexe pavlovien du communautarisme ?
Il fallait s’y attendre : l’affaire Tariq Ramadan excite les suspicions d’islamophobie parmi les soutiens plus ou moins raisonnables de ce prédicateur médiatique.
Cependant, on est en droit de s’étonner des récentes déclarations de Samia Ghali à ce sujet, cédant à un communautarisme auquel elle ne nous avait pas habitués. L’élue socialiste allait jusqu’alors à contresens de la démagogie victimaire brandie par certaines célébrités de la diversité lorsqu’elle demandait, par exemple, l’intervention de l’armée dans les quartiers « sensibles » de sa ville – Marseille – pour mettre fin à la terreur imposée par les gangs et leurs trafics dans la cité phocéenne.
En effet, la sénatrice-maire du 8e arrondissement de Marseille a tenu des propos qui ne l’honorent pas, en plus d’être infondés : "Invitée ce mardi 6 février sur CNews, la sénatrice PS des Bouches-du-Rhône Samia Ghali n’a pas hésité à insinuer que dans l’affaire Tariq Ramadan, mis en examen et écroué pour viols, c'est “le musulman” et non “l'homme” qui est jugé par la justice française" (Marianne).
Voici une déclaration bien insidieuse, sachant combien la Justice française traque la plus petite poussière d’islamophobie sur le tapis du vivre ensemble !
Il est vrai que le charismatique et ondulant Tariq Ramadan – en détention provisoire depuis une semaine, pour « viol et viol sur personne vulnérable », à la prison de Fleury-Mérogis (Essonne) dans un quartier privilégié de l’établissement pénitentiaire – a su faire tourner à plein régime la machine complotiste, ce dont il est coutumier, semant le doute dans les esprits comme autant de petits cailloux : "Je suis depuis plusieurs jours la cible d’une campagne de calomnie qui fédère assez limpidement mes ennemis de toujours", a-t-il déclaré sur sa page Facebook, parlant même de "conjurations" (Le Figaro).
Au-delà de ces appréhensions délirantes, la détention provisoire de Tariq Ramadan est toutefois motivée par des faits précis : "La décision du JLD [juge des libertés et de la détention] est conforme aux réquisitions du parquet qui avait motivé sa position en invoquant quasiment tous les critères légaux du placement en détention provisoire : la conservation des preuves, la garantie du maintien à la disposition de la justice du mis en cause et le trouble à l’ordre public que pourrait engendrer sa remise en liberté. Dans ses réquisitions […], le parquet développe aussi la nécessité “d’empêcher toute pression sur les témoins et victimes”" (Le Parisien).
Aussi, aux interrogations de madame Ghali – "Je me demande qui on juge, là ? Est-ce que c’est Tariq Ramadan, l’homme, qui a violé ? Ou est-ce que c’est Tariq Ramadan le musulman ?" –, une réponse s’impose : on juge un homme accusé de viols, peu importe le reste.
Enfin, n’est-ce pas là une forme d’essentialisme que de caractériser Tariq Ramadan comme un musulman plutôt qu’un individu devant répondre d’accusations à son encontre devant la Justice ?
"Nul n’est censé ignorer la loi", dit l’adage.
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