La visite surprise du député Romain Baubry auprès du policier de Nanterre

Prison Fresnes
Fresnes - Photo Groupe Rassemblement national

La chambre d'instruction de la cour d'appel de Versailles a décidé, ce jeudi 6 juillet, de le maintenir en détention provisoire. Que devient le policier Florian M., auteur du coup de feu fatal au jeune Nahel tiré le 27 juin lors d'un contrôle routier ? Ce 5 juillet, à 9 h 00, Romain Baubry, député RN de la 15e circonscription des Bouches-du-Rhône depuis 2022, a voulu le savoir. Sans avoir prévenu personne, comme son mandat parlementaire lui en donne le droit, il s’est présenté à l’entrée de la prison de la Santé, célèbre et ancien établissement pénitentiaire du XIVe arrondissement de Paris, où est détenu le policier mis en examen pour homicide volontaire. Le jeune député de 34 ans est seul : pas d’autres élus, pas de médias, il n’est accompagné que de sa collaboratrice parlementaire.

« J’ai indiqué que je souhaitais me rendre au quartier de l’isolement où est incarcéré le policier, non loin du meurtrier d’Yvan Colonna, Franck Elong Abé, raconte Romain Baubry. On m’y a conduit. » Cette visite impromptue a, apparemment, suscité une certaine ébullition dans l’enceinte de la prison où on appelle les plus hautes autorités. Pour gagner du temps, on fait visiter au député les quartiers d’isolement, la bibliothèque, une cellule vide…

Impossible de le voir

Ce quartier, qui abrite notamment plusieurs détenus radicalisés, est un bâtiment à part : les cellules d’isolement sont au deuxième étage d’une des ailes. L’administration pénitentiaire a l’habitude de ces visites surprises mais, cette fois, elle refuse d’ouvrir la cellule du policier, en dépit d’un appel à la chancellerie. Le policier est sous les verrous en détention provisoire, il y reste, explique-t-on au député.

Mais Romain Baubry a déjà pu avoir accès à des détenus en détention provisoire, sans aucun problème, dans d’autres établissements et d’autres circonstances. « Une note de service du ministère stipule qu’un élu peut rester seul à seul avec un détenu, précise-t-il. Cette fois, c’est appliqué de manière différente. Je me suis retrouvé devant sa cellule fermée. Impossible de le voir, de connaître son état psychologique. » Le député RN a pu vérifier que le policier se trouvait bien à trois cellules d’écart du détenu extrêmement dangereux Franck Elong Abé et qu’il était soumis aux mêmes conditions de détention qu’un détenu pour terrorisme. À BFM TV, l'avocat de Florian M., maître Laurent-Franck Liénard, a confié l'état de son client : « C'est un tsunami dans sa vie, il est frappé comme quelqu'un qui a connu un traumatisme majeur, il est encore dans un état de sidération. »

Romain Baubry n’a pas de contacts avec la famille du policier mais cette affaire résonne pour lui de manière particulière. Il a en effet mis entre parenthèses sa carrière dans la police en juin 2022, au moment de son élection à l’Assemblée nationale. Il a conservé des liens avec ses anciens collègues. « Dans les milieux policiers, on a du mal à prendre son service en sachant qu’on couchera peut-être en prison le soir même, explique-t-il. Il y a, en France, un refus d’obtempérer toutes les vingt minutes, cela peut concerner jusqu’à 70 policiers par jour. Ces pratiques les mettent en danger. » Il a fait le calcul : dans sa carrière et malgré son jeune âge, il a essuyé une centaine de refus d’obtempérer. Des faits généralement peu punis. « Je n’ai jamais vu un délinquant incarcéré après un refus d’obtempérer, assure l’ancien flic. Ces faits ne sont jamais jugés à la hauteur de leur gravité. »

Il se souvient de cette voiture, par exemple, qui, en 2018 à Vitrolles, refuse d’obtempérer, manque d’accrocher des piétons et roule en sens interdit sur le terre-plein central. « J’ai fait usage de mon arme dans les mêmes conditions que le policier incarcéré, témoigne Romain Baubry. Dos au mur, j’ai tiré sur le véhicule qui me fonçait dessus. J’ai impacté la porte, mais le véhicule a pris la fuite. Il avait déjà commis des refus d’obtempérer… Cette auto n’a jamais été retrouvée. »

« Le motif d'incarcération ne tient pas »

Face aux gendarmes, peu de Kevin et de Matteo, comme les appelle le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. « Sur Marseille, 80 % des interpellés le 3 juillet (soit 40 personnes sur cinquante) portaient des prénoms à consonance étrangère, précise le député RN. Des gens qui ont pour beaucoup une haine de la France. »

Le succès de la cagnotte lancée par Jean Messiha pour défendre ce fonctionnaire montre qu’une partie de la population le soutient, constate le député. Il réclame la libération rapide du policier. « On a condamné ce policier avant le début de l’enquête, constate Romain Baubry. Mais son incarcération n’a pas empêché les troubles à l’ordre public. » Elle est donc sans objet désormais, plaide Romain Baubry. « Le motif ne tient pas. »

Derrière le sort de ce policier embastillé, une guerre entre la France de l’ordre et celle du chaos, sur fond d'émeutes, de pillages et d'incendies, tandis que la NUPES réclame à grands cris le désarmement de la police. A-t-on touché le fond ?

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

49 commentaires

  1. Cette interdiction ouvre la voie à toutes les théories, y compris les plus « complotistes ». Pour quoi le policier n’était-il pas visible ? Pas présentable ? Amoché ? Prions le Ciel pour qu’aucun mal ne lui ait été fait. Et qui plus est, il est à deux pas d’un homme qui s’est débrouillé pour aller tuer un autre détenu, soi-disant placé « sous protection ». Or, on apprend aujourd’hui que le frère Traoré a frappé et blessé une commissaire de police, qui a d’ailleurs déposé une plainte, et qu’il n’a fait que quelques heures de garde à vue. Précisons que la scène de l’agression a été filmée en direct. Donc, là aussi, il existe une vidéo. La Justice est vraiment bizarre, pour le dire gentiment.

  2. Nous ne sommes pas encore tombés assez bas . Preuve en est l’absurdité du comportement de ces magistrats et autre personnage qui refusent que ce policier à la carrière jusque là exemplaire ( et je ne dis pas qu’il a commis une erreur , je ne sais pas) reçoive la visite voire le soutien moral d’un tiers autre que son avocat.
    Pourquoi le directeur de la prison n’est il pas sanctionné pour ce manquement ? Et si la justice en France était exemplaire !
    Petit détail , la France manque de places de prisons . Les chinois ont construit en une semaine un hopital de mille lits . On pourrait tenter de créer 20 mille places en 6 mois . Non ?

  3. Il y a quelque chose d inquiétant dans l incarcération de ce policier. Nous ne sommes plus dans un état de droit.

  4. Quand j’ai appris qu’il y avait plus de 29 000 refus d’obtempérer par an, j’ai été complètement bouleversé ! Bien sûr ça ne mérite pas la mort ni la prison surtout pour les 1ère ou 2ème fois….Mais la répétitivité, et les risques de piétons et véhicules accidentés, avec des morts qui ont eu lieu, si La République Française a faillie depuis tant d’années, c’est j’en suis persuadé dans le but de privilégier les délinquants par rapport à la population honnête et silencieuse, soit pour leur Ordo ab chaos….amener la France en soumission et conserver leur Pouvoir Mondialiste. La France ne compte pas pour eux…..On y est…

    • Il paraît que le juge d’instruction, en charge de l’autorisation ou de l’interdiction de visite, n’a aucune obligation de l’accepter car le policier est en détention provisoire. (CNews, Georges Fennec.)

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