La pensée indigente de l’Union européenne

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Le drapeau de l’Union européenne a été beaucoup agité, durant la campagne présidentielle. Or, la pensée officielle sur l’Union européenne est d’une rare indigence. Comme figée, incapable d’évoluer, de s’adapter aux changements géopolitiques et économiques.

Comme un mantra, chacun répète en boucle que « le couple franco-allemand » doit rester l’alpha et l’oméga de la politique européenne de la France. Or, ce qui était évident dans le Marché commun à six l’est moins dans une Europe à vingt sept.

Après les élargissements successifs, la fascination hypnotique pour l’outre-Rhin devint absurde. Ana de Palacio, ministre des Affaires étrangères d’Aznar, avait proposé une alliance méditerranéenne qui aurait rassemblé l’Espagne, le Portugal, l’Italie, la Grèce et la France, nation latine faisant le lien entre l’Europe du Sud et l’Europe du Nord. Peine perdue. L’accord finit par se faire avec le Royaume-Uni et sans la France !

La libération de l’Europe de l’Est ouvrait des occasions. Les pays du groupe de Visegrád, peuplés de soixante-quatre millions d’habitants, avec un grand potentiel de développement économique, auraient pu être un facteur d’équilibre par rapport à l’Allemagne. De plus, l’expérience du COMECON et de sa « division internationale socialiste du travail » pouvait être utile pour contrer les dérives d’une Union européenne de plus en plus bureaucratique et pratiquant avec délice la « division internationale capitaliste du travail ».

Aucune nouvelle voie ne fut explorée, comme si la France avait fossilisé une relation de plus en plus déséquilibrée, car les fondamentaux de l’économie allemande sont infiniment plus sains que ceux de l’économie française (excédent commercial allemand 173,3 milliards d’euros, déficit commercial français 84,7 milliards d’euros ; dette publique allemande 69,40 % du PIB, dette publique française 112,9 % du PIB ; prélèvements obligatoires allemands 41,7 % du PIB, prélèvements obligatoires français 47,5 % du PIB ; part de l’industrie dans le PIB allemand 23 %, part de l’industrie dans le PIB français 11,7 %).

Le couple franco-allemand reposait sur une sorte d’équilibre entre une Allemagne forte sur le plan économique mais nain politique et une France forte sur le plan militaire grâce à sa force de dissuasion et forte sur le plan diplomatique en raison de son siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. L’Allemagne se réarme, des armes nucléaires américaines sont sur son territoire et les euro-fanatiques demandent que la France abandonne son siège onusien au profit de l’Union européenne. Les termes du contrat initial sont modifiés. D’où l’urgence de réinventer notre politique européenne, d’autant que l’Allemagne agit en solo sans beaucoup d’égards pour son partenaire : abandon du nucléaire sans concertation, « willkommen » à l’adresse du Moyen-Orient sans plus de concertation, achat de F-35 américains plutôt que de Rafale, ce qui en dit long sur la pseudo-politique de défense européenne.

Mais, au-delà de relations de couple usées, la France fait preuve d’une étrange soumission à la machinerie bruxelloise. Sa souveraineté, c’est-à-dire sa liberté, s’évanouit. Plus de souveraineté monétaire, 60 % des textes discutés au Parlement qui ne sont que l’introduction de directives européennes dans notre droit, le budget contrôlé à Bruxelles, politique climatique et énergétique sous surveillance, politique de la pêche déterminée au Berlaymont. On pourrait multiplier les exemples qui se traduisent tous par une production impressionnante de rapports technocratiques.

Pire encore, la France soutient la Commission dans sa volonté de s’immiscer dans les affaires internes des États membres. Au besoin en outrepassant les compétences accordées par les traités. Voire en contestant les choix démocratiques des peuples au nom d’un « État de droit » ad hoc.

Dès lors, quoi de plus légitime de souhaiter repenser une Union, qui ne se dit même plus européenne, afin de retrouver ses fondamentaux d’origine, ceux d’une coopération entre États-nations européens en vue d’une prospérité économique partagée et protégée et de projets communs. Non la construction monstrueuse d’un ensemble juridique, technocratique et idéologique contraignant, éloigné de tout enracinement charnel et simple « préfecture » d’un gouvernement mondial.

Apparemment, pour la caste dirigeante, toute question au sujet de l’Union européenne est un crime contre l’esprit européen, une volonté perfide de détruire l’édifice. Cette passivité, cette soumission, ce conformisme sont au contraire le meilleur moyen de le ruiner. Mais depuis Rome, nous savons que « Jupiter rend fou ceux qu'il veut perdre ».

Stéphane Buffetaut
Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

22 commentaires

  1. L’Europe de l’Ouest est dirigée par les élites américaines, par l’État profond américain.
    L’Etat profond est un système de gouvernement institutionnalisé qui échappe au
    processus démocratique.
    Paradoxalement, ce système se fait appeler « démocratie libérale ».
    – démocratie signifiant ici cosmopolitisme et rejet de l’identitaire racial.
    – libéralisme signifiant ici mondialisme, et rejet du nationalisme.

  2. La Course à l’Empire a toujours été en tous siècles le début de Guerres de plus en plus dévastatrices, cataclysmiques. Avec cette Europe Fédérale incluant des pays de même civilisation, mais pluri ethniques, nous courront au désastre, au mieux d’être des Vassaux (U.S.), ce qui a mon avis a commencé, en passant par le wokisme…Les Etats Unions étaient la Paix depuis bien longtemps, si l’humain avait un peu de jugeote….La franc maçonnerie mondialiste avec Lucifer, nous mène vers où ?

  3. L’Europe, c’est le progressisme, à savoir, un pan étatisme, une Europe des régions, un groupe de technos pour prendre les décisions éclairées, un parlement pour entériner et des cours de justice pour faire rentrer dans le rang les têtes qui dépassent. Les populations et leur avis, on s’en tamponne alégrement.

  4. UE- France = 26 à 0 tout comme UE-Hongrie = 26 à 0.
    Mais comme toujours à la fin c’est l’Allemagne qui gagne.
    Les français ont obéi au Chancelier allemand : ils ont reconduit Macron.
    Comme disait l’autre en 1938 :  » Ah les cons s’ils savaient ».

  5. Devant ce triste constat, il est devenu absurde de maintenir des élections en France.
    La vassalité à Bruxelles de notre président et du parlement est patente, notre démocratie apparente permet tout juste un semblant de légitimité.

  6. La France soumise à Bruxelles ? Ce n’est pas nouveau ! Mais surtout Bruxelles soumise au pognon international de quelques uns ! Et là, on oublie de voir les conflits d’intérêts de certain(e)s dirigeant(e)s bruxellois …. dirigeants qui se sont enrichis de façon indécente sur le dos de la dernière crise sanitaire !

  7. L’Histoire officielle le montre documents certifiés à l’appui:
    1- l’Europe n’est ni souveraine ni indépendante: elle soumet même les nations à l’autorité américaine qui l’a mise en place de façon autoritaire.
    2- Les 2 serviteurs zélés des USA à la construction de l’Europe ont été Monet et Schuman.
    3- Et le valet de pied de service pour annuler la volonté du peuple de France d’en sortir a été Sarkozy en 2009.

  8. On ne dira jamais assez que c’est la « droite caviar » qui avec Sarkozy à trahit la volonté du peuple avec le traité de Lisbonne et dans le même temps soumis la France à la ploutocratie européenne dont Macron n’est devenu que l’employé modèle faisant oublier ainsi l’homme au scooter sans saveur

  9. L’Europe fédérale sera officielle avec l’aide de Macron, c’est à dire une Europe au pas de l’oie Allemand…

  10. L’Allemagne réarme ? Ce pays a été castré à Nuremberg et aucun Allemand ne désire une autonomie de Défense. A l’abri illusoire de l’Otan et de l’armement US il imagine que sa puissance économique le dispense d’aucun effort militaire.

  11. Ce n’est pas la France qui est soumise à Bruxelles mais ses élites stupides ou corrompues. Quant aux élites patriotes (il y a en a) elles sont incapables de parler d’une seule voix pour dire la vérité : l’Europe, oui, mais Bruxelles tue la vraie Europe.

    • « Ce n’est pas la France qui est soumise à Bruxelles mais ses élites stupides ou corrompues. » Elles sont loin d’être stupides…

  12. Germanie n’a que faire de sa fiancée France, désormais bien pauvre et vêtue de guenilles. La robe de France est bien terne, Germanie n’a pas envie de l’inviter au bal. Pauvre France, plus elle donne ses derniers bijoux, plus elle est méprisée, plus on rigole derrière son dos. D’ailleurs Germanie ne se prive pas de la cocufier.

      • C’est vrai, Napoléon III, malade et affaibli, a été influencé par ses conseillers pour déclarer la guerre à la Prusse, qu’il ne voulait pas en fait, n’étant pas sûr du bon état de l’armée française. Finalement, la défaite de la France a permis l’émergence de l’Allemagne. L’effet papillon… C’est ensuivi la première, deuxième guerre mondiale, et… l’Europe allemande de Maastricht !

  13. Excellent. Ajoutez que l’Allemagne donneuse de leçons antinucléaires dépend à 60% des énergies fossiles venant de Russie. C’est un nouveau pacte germano-russe qui ne dit pas son nom.
    C’est elle qui divise l’Europe avec son refus d’appliquer les seules sanctions intelligentes, à savoir priver la Russie du pactole financier qui lui permet d’alimenter sa guerre.
    En somme l’Allemagne nous montre qu’elle n’a aucune envie s’attaquer au nerf de la guerre en cours, et c’est tant pis pour les victimes.

    • Sanction intelligente : que l’Allemagne coupe le gaz à la Russie ? L’UE ferait mieux de s’occuper de ses problèmes plutôt que se mêler de la guerre en Ukraine et sanctionner à tout va la Russie. Arrêtez les chaines d’infos et d’état et vous verrez que l’Ukraine n’est pas la blanche colombe qu’on nous décrit. Et si la Russie coupait le gaz? L’Allemagne, comme les USA avec les sous marins, viendrait piquer le notre ; répartition solidaire entre états de l’UE…

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