La Marche des fiertés n’a pas honte de s’attaquer à Jeanne d’Arc

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La Marche des fiertés se serait sans doute déshonorée si, en passant place des Pyramides, certains de ses militants n'avaient pas chevauché la statue de Jeanne d'Arc et recouvert son visage d'une cagoule. Pour la conduire symboliquement à un nouveau supplice, pour l'empêcher de contempler cette sublime manifestation ou pour la punir de recevoir, en mai, les hommages de personnalités qualifiées d'extrême droite ?

Pendant cette opération, plusieurs participants ont organisé un sit-in et bloqué le défilé. Puis ils ont crié "Libérez nos camarades !" quand les CRS sont venus déloger et arrêter ces alpinistes d'un nouveau genre, avant de les relâcher. Preuve, s'il en était besoin, que ces défenseurs de la tolérance, qui ont besoin d'affirmer leur fierté, sont loin d'être tous dénués d'arrière-pensées.

S'il n'est pas question de porter un jugement moral sur l'homosexualité, on peut s'interroger sur le besoin qui pousse ces manifestants à s'exhiber dans des costumes ou des attitudes extravagants ou provocants. Pour faire la fête ? Pour marquer les esprits ? Les associations LGBT rejettent l'appellation de « lobby », arguant que, si elles font pression sur le gouvernement ou l'opinion publique, elles ne le font pas avec de l'argent, mais pour leurs droits. Comme si le lobbying était seulement une question de finances.

Il n'est pas besoin d'argent pour influencer les partis politiques qui, sauf exception, estiment que les homosexuels représentent une clientèle qu'ils ne peuvent négliger. La gauche est particulièrement sensible à leurs thèses, au nom de l'égalité, comme on l'a vu lors des débats sur le mariage pour tous. Rares sont les députés socialistes à s'être abstenus ou avoir voté contre la loi Taubira.

Rares, aussi, les journalistes à prendre, en 2013, la défense de la Manif pour tous, considérée comme un ramassis de réactionnaires homophobes. Ils subissaient pourtant les quolibets des militants LGBT, qui se montraient beaucoup plus sectaires que ceux qu'ils invectivaient. Ceux qui osaient annoncer que le mariage homosexuel déboucherait nécessairement sur la PMA et la GPA étaient montrés du doigt.

Il n'est pas besoin de lobbying, quand la pensée unique règne constamment dans les médias et, aujourd'hui, à l'Assemblée nationale, censée représenter tous les Français. Najat Vallaud-Belkacem, la porte-parole du gouvernement, souvenez-vous, s'empressa d'assister au premier mariage gay, célébré à Montpellier : au moins précisa-t-elle que c'était "à titre privé". François de Rugy n'a même pas cette réserve, qui a pavoisé l'Assemblée nationale du drapeau arc-en-ciel, "en symbole de notre engagement dans la lutte contre toutes les discriminations".

Jeanne d'Arc doit être bien étonnée d'être ainsi prise à partie. Elle qui est le symbole de l'union nationale, la voilà instrumentalisée par une partie de la communauté LGBT, elle-même soutenue par le patron du palais Bourbon, le quatrième personnage de la République. Il n'est pas sûr qu'ils se comportent ainsi en parangons de concorde et de tolérance.

Il est vrai qu'Emmanuel Macron a donné l'exemple en posant, le soir de la fête de la Musique, à l'Élysée, aux côtés de six danseurs noirs transgenres. Selon le JDD, il se serait réjoui de l'effet provoqué par ce cliché : "Les gens adorent" ce type de coups de com' décalés, aurait-il confié à l'un de ses conseillers. Le cabinet de la première dame a même posté le cliché sur Instagram. On a la fierté qu'on peut !

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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