La « mairesse » de Montréal veut bannir le « sexisme » du français

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Valérie Plante est, depuis 2017, mairesse de Montréal. Elle appartient à un parti local « Projet Montréal » à l’idéologie bobo dont le programme ressemble, à s’y méprendre, à celui de Mme Hidalgo, si ce n’est que Mme Plante veut aller plus loin que l’édile de Paris sur le plan linguistique. En effet, elle soutient une transformation radicale du français sous prétexte de le rendre plus inclusif pour les femmes, les transgenres, les transsexuels et autres minorités.

Ce langage rénové, qualifié d’épicène, bannira les pronoms il et elle en les remplaçant par illes ou iels (le choix n’est pas encore fait), ceux et celles par celleux ou ceulles. On emploiera des formules comme étudiant.e.s, des éluEs, des citoyen(ne)s ou tou.tes les employé.e.s, des mots comme membresses. On privilégiera les expressions neutres, on ne dira plus les policiers mènent l’enquête mais la police mène l’enquêtela population montréalaise plutôt que Montréalais et Montréalaises. Lorsqu’on ne pourra faire autrement, on redoublera par son équivalent féminin un terme masculin : on n’écrira plus pour les collaborateurs intéressés mais pour les collaborateurs et les collaboratrices intéressé.e.s. Enfin, cerise sur le gâteau, la règle multiséculaire le masculin l’emporte toujours sur le féminin est remplacée par : on accorde avec le genre du mot le plus proche. On mettra donc à la poubelle les prêtres et les religieuses intéressés par un voyage à Lourdes, remplacé par les prêtres et les religieuses intéressées par un voyage à Lourdes, mais on écrirait les religieuses et les prêtres intéressés par un voyage à Lourdes.

Les instigateurs de cette « révolution » sont Suzanne Zaccour et Michaël Lessard, auteurs de la Grammaire non sexiste de la langue française qui, si on en croit  Radio Canada, ne seraient pas linguistes mais auraient fait des études de droit et seraient réputés pour leur militantisme.

La lecture des textes ainsi remaniés nécessitera un effort d’adaptation. Les enfants risquent d’être les premiers perdants et d’avoir du mal à apprendre à lire et à écrire. Mais, surtout, les promoteurs de cette novlangue s’appuient sur des affirmations contestables : le français serait patriarcal, il blesserait par des expressions sexistes, racistes, lesbophobes, transphobes, grossophobes et spécistes. Il faudrait, pour cette raison, purger l’idiome de Molière de ses réflexes nauséabonds. Rénover la langue aurait pour conséquence une plus grande égalité dans la société, affirmation grotesque et inquiétante. Derrière cette révolution, il s’agit en réalité de rééduquer, de créer un être humain nouveau formaté selon l’idéologie du genre. Nous sommes dans le droit fil de la dystopie orwellienne. En outre, les partisans de cette langue rénovée font une grave confusion : le français ne privilégie pas le masculin mais a fusionné le neutre et le masculin. En allemand, il y a trois genres différenciés et trois articles der, die, das. Pas dans notre langue, mais il ne s’agit nullement d’un complot pour favoriser le patriarcat.

Ce projet est d’autant plus dommageable que Montréal voit, chaque année, le français reculer un peu plus au profit de l’anglais. Transformer notre langue en un charabia peu compréhensible revient à lui planter un poignard dans le dos.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/06/2020 à 17:22.
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Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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