La guerre civile espagnole secoue de nouveau la France

Franco

Voilà donc qu’au milieu du calme plat de l’été, un orage a éclaté en France. Un livre paru en 2003 en Espagne vient d'être traduit en français (Pio Moa, Les Mythes de la guerre d'Espagne, chez L'Artilleur/Toucan, préfacé par Arnaud Imatz). Un entretien avec l’auteur a été publié dans Le Figaro Histoire, suivi d'une vidéo de la journaliste rédactrice Isabelle Schmitz qui a déjà récolté sur Twitter 1,2 million de vues.

L’Humanité, relayée par Le Huffington Post, a enfin réagi de façon tonitruante.

Les révélations de Moa ont évidemment ébranlé, surtout, la France de gauche (l’autre aussi, qui s’en doutait un peu, mais n’avait jamais osé y croire sérieusement). Le choc est compréhensible : on vient d’apprendre que c’est faux de toute fausseté, tout ce qu’on a toujours cru, pendant plus de quatre-vingts ans, sur les enjeux profonds de la guerre civile espagnole.

Plus grave. Celui qui en apporte les preuves n’est pas un misérable « fasciste » vomissant sa haine anti-démocratique contre le peuple. Bien au contraire, Pio Moa avait été dans sa jeunesse un combattant anti-franquiste résolu qui, à l’heure actuelle, adhère pleinement aux idées libéral-démocratiques.

Qu’est-ce qu’il dit, cet historien dont les livres soulèvent en Espagne un succès éclatant (300.000 exemplaires vendus) autant qu’une haine féroce ?

Il dit que Franco et les siens ne s’étaient nullement soulevés contre la démocratie de la République instaurée en 1931. Pour la plus banale des raisons : une telle démocratie n’existait tout simplement pas. Comment aurait-elle pu exister après les élections que le Front populaire (c’est prouvé noir sur blanc) emporta de façon on ne peut plus frauduleuse en 1936 ? De quelle démocratie peut-on parler quand les socialistes s’étaient soulevés deux ans plus tôt pour faire triompher la révolution bolchevique (mais qui ne réussit brièvement que dans les Asturies) ? Quelles intentions démocratiques pouvaient avoir les leaders socialistes qui affirmaient constamment leurs buts révolutionnaires ? Comme Largo Caballero, connu comme le Lénine espagnol, qui, en février 1936, déclarait : « Aussitôt que le gouvernement Azaña sera tombé, il y aura en Espagne une république soviétique. »

C’est clair et net : à la veille de la guerre civile, la révolution (peu importe le nom : soviétique, socialiste, communiste…) était sur le point d’établir son joug sur l’Espagne. Seul un soulèvement militaire pouvait l’empêcher, fût-ce au prix d’une effroyable guerre civile où des crimes, comme dans toute guerre entre frères, furent certes commis des deux côtés.

Or, personne ne l’avait jusqu’à présent jamais dit. Personne ? Si, tous les historiens franquistes ont toujours affirmé que tel était l’enjeu du soulèvement militaire. Mais personne ne les avait crus. À commencer par la droite libérale espagnole, qui a fait deux choses. L’une : tendre la main aux ennemis d’hier en lançant une Transition vouée à la réconciliation entre les deux Espagne. Très bien, mais le problème est que cela impliquait autre chose : aucun des deux camps ne pouvait alors porter la responsabilité de la guerre civile et ses méfaits. Or, la première à endosser de son plein gré la tunique de pénitent a été justement une droite libérale qui, toujours craintive d’être jugée « trop à droite », a été capable, entre autres, de voter au Parlement une déclaration condamnant le soulèvement militaire grâce auquel le communisme fut vaincu.

Comment s’étonner alors que la voie ait été grand ouverte pour que les différents gouvernements socialistes aient enlevé toute trace de l’esprit de réconciliation que la Transition signifiait ? La persécution idéologique que la gauche mène depuis toujours pour imposer ses vues va bientôt être doublée (dès l’entrée en vigueur de la loi dite de la Mémoire « démocratique ») d’une persécution juridique contre quiconque oserait parler du moindre fait du régime franquiste sans le vouer aux gémonies.

Pio Moa devra alors bien se tenir sur ses gardes.

Javier Portella
Javier Portella
Écrivain et journaliste espagnol

Vos commentaires

24 commentaires

  1. C’est bien que cela soit écrit mais ce n’est pas un scoop. Dans l’Espagne de 1936 l’idée que l’on puisse débattre démocratiquement n’avait pas cours et le pays était en proie à la violence (dont de multiples assassinats de membres de l’Eglise. La majorité des militaires, fondamentalement traditionalistes, finit par se soulever ce qui ne les absout pas des horreurs commises. Sauf qu’on ne parle jamais de celles des « Moscoutaires » et autres. Dans cette affaire il n’y a pas eu de « bons » mais il faut reconnaître que ce sont les longues et dures années du Franquisme qui ont fait rentrer l’Espagne dans le 20° siècle.

  2. Anthony Beevor dans « La guerre d’Espagne » explique tout ceci dans le détail et, dans son introduction, il a une phrase amusante disant que la guerre d’Espagne est une des rares guerres pour laquelle l’Histoire a été écrite non par les vainqueurs mais par les vaincus…

  3. Ce que dit le livre est la vérité que l’Espagne, je confirme pour avoir lu certains ouvrages d’historiens sur la question.
    Il faut savoir aussi que les Juifs qui fuiaient les persécutions nazies partaient vers l’Espagne, avec les aviateurs abattus, et trouvaient donc là un pays d’accueil dans la mesure du possible, ce n’était pas l’eldorado après 3 ans de guerre civile et on sait que Franco est passé à côté de la guerre mondiale, bien heureusement pour l’Espagne.

  4. Le peuple français commencerait-il à comprendre qu’en son nom, la gôche française a détruit son pays et l’a endormi avec des mensonges. « le livre noir de la gauche française » de Xavier Moreau en précise quelques points. Mais c’est toute une idéologie destructrice qui sévit à tous les niveaux. On est obligé de se dire de gôche et d’adhérer à ses fadaises pour vivre en paix avec ses voisins, toute autre position étant labellisée extrême droite= Hitler…pourtant national SOCIALISTE.

  5. c’est comme pour la guerre d’Algerie, on nous a présenté l’OAS comme etant d’extreme droite mais les anciens qui ont vecu cette époque affirment et cela peut etre verfié, la majorité des membre de l’OAS etaient soit communistes ou socialistes, qui avaient l’amour de la France, voila la verité historique .

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