C'est, du moins, l'avis du Collectif des familles unies dans une lettre ouverte à Michelle Bachelet, haut-commissaire du Conseil des droits de l'homme, qui doit se réunir lundi, à Genève. Ce collectif, qui représente une centaine de familles françaises dont des proches sont détenus en Syrie ou en Irak, estime que la candidature de la France doit être rejetée.

On pourrait croire, d'après son nom, qu'il s'agit d'une association de défense des familles, qui reprocherait au gouvernement sa politique antifamiliale. Mais non ! Il dénonce son refus de rapatrier les enfants et de juger leurs parents djihadistes. Dans sa lettre ouverte, il affirme que la France n'est « pas moralement qualifiée » pour postuler, car elle « viole délibérément la Convention internationale des droits de l’enfant ».

Sur son site, il se définit comme une « association loi 1901 laïque et républicaine pour la défense des droits fondamentaux », définition assez vague pour signifier ce qu'on veut bien y mettre. Ses communiqués dévoilent ses véritables objectifs, comme ce communiqué du 13 novembre 2019, à l'occasion de la commémoration des attentats de 2015 : « Le Collectif des familles unies exprime sa pleine solidarité avec les victimes et toutes les familles touchées par le terrorisme. » Rien à redire jusqu'ici. Poursuivons.

« Notre Collectif a également une pensée [...] pour tous les enfants victimes de la guerre en Syrie et en Irak, et en particulier pour les enfants français prisonniers dans les camps du Kurdistan syrien, qui ne sont pas des victimes du terrorisme, mais qui sont des victimes de guerre et de l’idéologie mortifère qui a provoqué les attentats du 13 novembre 2015. » On glisse de la compassion pour les victimes des attentats à la compassion pour les enfants de djihadistes, prisonniers des Kurdes.

Mais ce n'est pas tout. Le collectif milite « pour le rapatriement de tous les ressortissants français prisonniers, pour que les adultes soient jugés en France dans le cadre de procès équitables, et pour que les enfants innocents puissent retrouver une vie normale et être réinsérés dans la société française » (lettre du 9 novembre 2019 au secrétaire d'État à la Protection de l'enfance). Certes, ces jeunes enfants ne sont pas responsables des actes de leurs parents et le gouvernement ne peut s'en désintéresser. Mais, sous prétexte de souligner l'innocence des enfants, on fait preuve d'une coupable indulgence à l'égard des fanatiques, partis combattre au Proche-Orient.

Ces djihadistes ont bien trahi leur pays et se sont eux-mêmes exclus de la communauté française. Ce collectif, en préconisant leur retour en France pour y être jugés – à supposer que ses intentions ne soient qu'humanitaires –, manifeste, au mieux, son angélisme, au pire, son irresponsabilité, voire sa complaisance. Chacun sait que la Justice, en France, ne dispose pas de toutes les preuves nécessaires pour condamner les djihadistes aux peines qu'ils méritent, qu'en cas de condamnation, ils sortiraient de prison après quelques années de détention et constitueraient un danger pour les Français.

La France n'est sans doute pas un modèle en matière de droits de l'homme, mais si on la compare à d'autres pays, on ne voit pas pourquoi on l'empêcherait de présenter sa candidature au Conseil des droits de l'homme. Plutôt que de défendre les droits des djihadistes et de leurs familles, le collectif en question ferait mieux de lutter contre la perversion intellectuelle qui confond les coupables et les victimes, voire préfère les premiers aux seconds. Il est vrai que nos dirigeants eux-mêmes en sont imprégnés.

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23 février 2020 à 19:17

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