« Épatant ! », aurait dit feu Jean d’Ormesson. « Waouh ! », s’exclamerait, plus moderne, Kate au balcon. « Punaises !», s'écrieraient les Parisiens au sortir du lit. Une semaine pile-poil qu’Agnès Buzyn a pris en vol les commandes de la campagne municipale de Paris que, déjà, elle nous sidère de ses propositions fulgurantes ou, si vous voulez, qu’elle nous fulgure de ses propositions sidérantes.

Coin de la nappe à carreaux d’un restaurant bio ? Grâce pascalienne d'une nuit d’insomnie (« Pleurs de joie… ») où l'on se demande bien ce qu’on est venu faire dans cette galère parisienne ? Révélation claudélienne derrière un pilier de bar bobo de la Cité ? Allez savoir. En tout cas, en moins d’une semaine, l’affaire a été torchée. Là, où des dizaines de milliers de candidats à la magistrature municipale s’échinent encore, à travers le pays, pour pondre les dernières lignes de leur programme qui doit, tout à la fois, révolutionner la commune et assurer sa continuité (Fière de son passé et résolument tournée vers l'avenir !), attirer les jeunes et flatter les vieux, rassurer les automobilistes et bichonner les bicyclistes, enthousiasmer les fans de concerts dans la rue et tranquilliser les ceusses qui veulent dormir la nuit, embrigader ceux qui rêvent d’un shérif dans la ville et motiver ceux qui voudraient un animateur en chef du vivre ensemble, Agnès Buzyn a tout de suite vu ce qu’il fallait pour Paris. Le coup d'œil de l'aigle, si vous voulez. C’est ainsi qu’elle a dévoilé son programme dans le JDD de ce dimanche. Une semaine montre en main. Si ça, c’est pas de l’esprit de décision !

Déjà, allons à l’essentiel : exit la dinguerie griveaulienne de la gare de l’Est transformée en parc arboré. Dommage. Idem les 100.000 euros offerts pour acheter un appartement dans Paris. Dommage, aussi : ça aurait permis de faire grimper un peu plus le prix du mètre carré. On revient sur terre qui, comme chacune et chacun savent, ne ment pas. Il paraît qu’un programme municipal doit être sexy. Pas trop quand même, non plus. On voit où ça peut mener. Buzyn, elle, a compris ça tout de suite.

Alors, retour aux fondamentaux. Déjà, elle a dû lire les sondages. Celui de décembre 2019, par exemple, qui indiquait que la sécurité des biens et des personnes venait en tête des priorités pour 47 % des Français (55 % en Île-de-France dont fait partie Paris, si on a bien suivi en cours de géo). En quatrième position, derrière l’environnement et la lutte contre la pollution, le développement économique, vient la propreté, avec 29 %. La vie culturelle est loin derrière, avec 16 %. En clair, les Français demandent aux maires de faire leur boulot et de pas se prendre pour Pharaon ou Néron. C’est pas toujours rigolo, mais c’est ainsi. Pas besoin d’être prix Nobel de médecine pour comprendre ça.

Sachant que Dati dit à peu près la même chose, la course en sac à main ou en motocrotte des dernières semaines de campagne risque d’être palpitante.

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23 février 2020 à 18:45

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