La diplomatie entre le Vatican et la Russie plus difficile que ce que prévoyait le pape François

pape François

Mardi 3 mai dernier, le pape François a accordé un entretien au quotidien italien Corriere della Sera, où il exprimait son désir de rencontrer Vladimir Poutine afin de promouvoir la paix. Il affirmait aussi que l’Occident avait « provoqué » ou pour le moins « facilité » la colère de Vladimir Poutine par les « aboiements de l’OTAN aux portes de la Russie ». Des propos qui n’ont pas toujours été bien compris, y compris parmi les catholiques.

Comme l’explique à Boulevard Voltaire Christophe Dickès, journaliste spécialiste du Saint-Siège, le pape applique le « principe de la diplomatie du signal faible : il essaye de toujours travailler à l’entente et à la paix, et c’est précisément son rôle sur la scène internationale ». La volonté fondamentale du pape est de tout faire pour arrêter la guerre. Il a voulu maintenir les voies de discussion avec la Russie et l’Ukraine en vue de négociations pour la paix.

Jean-Marie Guénois, spécialiste des questions religieuses pour Le Figaro, le confirme à Boulevard Voltaire : « La diplomatie du Vatican n’a pas d’autre moyen que de proposer des médiations pour des discussions en vue de la paix. » Même si le pape n’a jamais renoncé à dénoncer les exactions de guerre, notamment sur les populations civiles, « il s’est gardé de désigner un agresseur dans le conflit pour laisser ouverte la porte du dialogue », explique Jean-Marie Guénois. La demande de la rencontre symbolique avec Vladimir Poutine à Moscou allait dans ce sens, d’autant plus que « la diplomatie vaticane avait déjà exprimé cette proposition mi-mars, mais non publiquement, un mois après le déclenchement du conflit », poursuit-il.

Devant l’absence de réponse de la Russie, le pape a voulu utiliser cet entretien au quotidien italien pour faire cette proposition de rencontre, mais cela s’est retourné contre lui à double titre : « Le patriarche de Moscou Kirill a trouvé déplacé que le pape utilise des propos de leur conversation privée, et le gouvernement russe considère qu’on ne sollicite pas une rencontre de ce genre par voie de presse mais par voie diplomatique. » Peut-être était-ce un prétexte pour refuser la proposition du pape, mais cela exprime clairement un refus de la part du chef du Kremlin de rencontrer le pape François.

Pour Jean-Marie Guénois, il s’agit d’une « erreur majeure » du souverain pontife, car il « a perdu, avec cette affaire, une part de sa crédibilité mais aussi la possibilité de dialoguer avec les Russes. Le Vatican cherche à arrêter la guerre au plus vite, et c’est son rôle. Mais là, le pape a voulu aller un peu vite en besogne. »

Le dialogue avec la Russie risque-t-il de s’être coupé durablement ? « Je ne pense pas que le dialogue puisse reprendre pour le moment, car Poutine n’a aucun intérêt ni aucune volonté d’inclure le Vatican dans la gestion de ses affaires », énonce le journaliste du Figaro, avant de rappeler que la Russie est une terre orthodoxe, et que demander l’aide de la diplomatie vaticane « n’est même pas pensable pour l’Église orthodoxe ».

Matthieu Chevallier
Matthieu Chevallier
Etudiant en journalisme

Vos commentaires

23 commentaires

  1. Compte tenu de ses positions et de son attachement habituel… difficile de lui faire confiance. Sa démarche est entachée de soupçon bien légitime. Mr Poutine a tout à fait raison de s’en méfier.

  2. Les russes espérons le , sont assez fins pour ne pas voir ce qui se cache derrière ce simulacre de Pape : Communiste, internationaliste, LGBT, pro migrants.

  3. Le pape fait comme les autres dirigeants occidentaux: il communique. Poutine ne cherche pas l’apparence, mais l’efficacité. Et il sait très bien que ce pape appartient à la caste qui veut détruire la Russie.

  4. Ce pape est du niveau des politiques du monde aucun n’ arrive à tirer son épingle du jeu
    Peut être la pollution de l’ air qui leurs fait atteindre rapidement leur niveau de compétence. En bref : qui dans les chefs d’ état du monde a réellement la taille de son costume?

  5. Avez-vous envie de discuter avec un agent de Soros quand vous défendez les intérêts de votre pays ? Ce pape n’est pas neutre comme ses predecesseurs, il a clairement choisi son camp, et me semble peu indiqué pour un exercice diplomatique. Pour moi, il n’y a que peu de personnes qui aient gardé une attitude equilibrée dans ce conflit : un leader de l’Est comme Victor Orban, ou bien le premier ministre israelien, qui a dans ses électeurs des gens qui viennent des 2 cotés de la ligne de front.

  6. Normal ! Pourquoi Poutine, qui a lancé cette guerre pour arrêter l’avancée du wokisme vers chez lui (Zielenski en est un pur produit), aurait-il envie de discuter avec un pape sensible à cette lèpre woke (il l’a montré récemment) ?

  7. Mgr. Bergoglio découvre face à lui un oligarque nationaliste : le patriarche Kirill, aux déclarations guerrières et fervent poutiniste.

  8. Le pape change de cap, paraît qu’il s’est fait remonter les bretelles par Jésus. Restitution de l’échange, Jésus très en colère (c’est rare) :
    –J’ai supporté tes élucubrations woke, tes dérives mondialistes… Mais là, François, ! C’est trop. Vingt dieux ! tu veux nous faire péter une guerre ou quoi ! Rabiboche-toi vite avec Poutine, c’est un petit diable à côté de celui du Far West.
    –Mais le Président fran…
    –Celui-là ! Parlons-en ! C’est de la graine de pharisien !

  9. N’est pas Pie 12 qui veut ! D’ailleurs , Marie s’est adressée en direct du Portugal à la sainte Russie ; elle n’a pas besoin de cette figure de carnaval argentin (franc-maçon ?) comme intermédiaire. Nous avons encore un vrai pape vivant ( Benoit ) et j’espère que son successeur est bientôt prêt…

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