La crise des vocations chez les professeurs : le niveau baisse

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En cette année 2023, la France fait à nouveau face à une crise sans précédent dans le recrutement des professeurs des écoles. Les établissements scolaires sont désemparés, incapables de trouver suffisamment de candidats diplômés pour pourvoir les postes vacants. L'Éducation nationale est contrainte de baisser ses critères de recrutement, entraînant ainsi une chute dramatique du niveau de l'enseignement dans le pays.

Le déplacement du concours de la première à la deuxième année de master en 2022 a entraîné des conséquences désastreuses sur le vivier de candidats. Si l'on observe une légère augmentation des inscriptions au concours de professeur des écoles en 2023, avec 61.000 étudiants inscrits, cela reste bien en deçà des chiffres enregistrés entre 2017 et 2021, oscillant entre 90.000 et 100.000 candidats.

Un métier de moins en moins attractif 

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : sur les 23.800 postes ouverts au concours de professeur dans le public, plus de 3.000 postes ne seront pas pourvus à la rentrée de septembre. Dans le premier degré, tant en maternelle qu'en cours élémentaire, 1.315 postes resteront vacants et, dans le second degré, dans les collèges et lycées, ce seront 1.848 postes qui seront laissés sans enseignant.

Les disciplines touchées par la crise des vocations sont multiples, dont les lettres classiques, qui sont particulièrement affectées. Pour 134 postes ouverts au CAPES, seulement 133 candidats étaient inscrits. In fine, seulement 47 candidats ont été admissibles, soit 30,6 %. Les mathématiques, la physique-chimie, l'éducation musicale, l'espagnol et l'allemand figurent également parmi les matières les plus touchées par cette pénurie d'enseignants.

La situation est alarmante dans plusieurs régions. À Créteil, 48 % des places n’ont pas trouvé preneur (soit 384 professeurs manquants), à Versailles, 45 % (soit 398), en Guyane, 70 %. Mayotte rejoint également cette liste inquiétante, avec 20 % des postes n’ayant pas été pourvus. Au niveau national, 18 % des postes restent vacants dans les collèges et lycées.

Face à cette crise, certaines académies n'hésitent pas à simplifier leurs moyens de recrutement. Une stratégie déplorée par Gilles Ardinat, coordinateur du forum École et Nation et professeur agrégé d'histoire-géographie. Contacté par BV, il déclare : « On reste sélectif dans certaines académies, mais dans d'autres comme Créteil ou Versailles, le concours n’est plus du tout sélectif. » Une professeur des écoles, ancienne jury au concours de recrutement de professeurs des écoles (CRPE), partage ce constat alarmant : « Lors du concours, on a des jeunes qui n’ont pas un vocabulaire élargi. Ils se trompent dans la définition de certains mots qui ne sont pas utilisés fréquemment mais qui font partie du lexique français. Même chose pour les mathématiques. Certains candidats n’ont pas du tout le niveau, mais on laisse passer par souci de quota. »

Plusieurs facteurs contribuent à cette crise des vocations. « Je pense que c’est dû à des salaires très bas et aux conditions de travail. », poursuit cette professeur. Gilles Ardinat pointe également du doigt le manque d'attractivité des postes d'enseignants : « Les étudiants se disent : qu’est-ce que je vais faire avec un Bac+5 mathématiques pour me retrouver dans un collège de Créteil ou de Seine-Saint-Denis où je vais être mal payé ? Alors qu’avec mon Bac+5, je peux trouver des emplois beaucoup plus sécurisés et mieux payés. » L'enseignante expérimentée témoigne également des conséquences désastreuses de cette crise sur la vie des professeurs : « Aujourd’hui, les jeunes professeurs sont envoyés dans des écoles loin de tout, délabrées, avec de mauvaises conditions. Lorsque après on veut mener une vie de famille, c’est difficile de se projeter. »

Face à ce désastre éducatif, la nomination de Gabriel Attal n'inspire pas confiance au responsable du forum École et Nation. Sans pour autant adhérer à sa politique, il reconnaît à Pap Ndiaye que, malgré ses « délires idéologiques », « c’est quand même sous son ministère qu’ont été finalisées ces augmentations de salaire des professeurs ». En revanche, selon lui, on ne peut attendre grand-chose de Gabriel Attal, dont « le CV est moins marqué à l'extrême gauche » mais dont les actions ne semblent guère prometteuses.

Pourtant, l'espoir subsiste chez certains, comme cette enseignante qui place son attente dans le nouveau ministre : « On attend énormément de Gabriel Attal puisqu’on n’a rien jusque-là. »

Félix Perrollaz
Félix Perrollaz
Licence de Science politique à l'Université de Lille, étudiant en journalisme, journaliste stagiaire à BV

Vos commentaires

37 commentaires

  1. Servir l’État est pour la majorité une vocation, mais la vocation ne naît pas dans les choux ou dans les roses mais dans l’image que donne nos dirigeants et dans la considération qu’ils apportent à leurs agents. Pas bien difficile de comprendre les causes majeures de la crise actuelle des vocations.

  2. Ils sont gentils, les profs, mais il faudrait bien qu’ils comprennent que si ils en sont là ils aussi un peu fautifs. Après mai 68, pour être dans le ton, ils sont arrivés dans les classes, en jean, pas rasés, les cheveux longs, discutant politique plutôt que dispenser le savoir, tutoyant leurs élèves pour faire « jeune » certains allant même jusqu’à entraîner les gamins dans leurs manifestations. Ils ont ainsi perdu tout le respect de leur élèves. On ne peut pas défiler le samedi avec eux, bras dessus, bras dessous, en scandant des insanités contre les gouvernants, comme des adolescents attardés et exiger le respects le lundi. « Quand les bornes sont dépassées, il n’y a plus de limite » , disait un ancien premier ministre…

  3. Depuis des années, salaires très bas , niveau de l’enseignement à la baisse dans toutes les disciplines , diplômes bradés . Et les enseignants actuels sont issus de ce système , la spirale infernale ne peut que continuer.
    Et un système absurde qui veut que les moins biens classés , les plus jeunes , vont dans les postes les plus difficiles , ou personne ne veut aller.
    Questions interdites , combien d’enseignants issus de la diversité ? issus des banlieues ? de religion musulmane ?

    • Pour répondre à la dernière question, silence sur les chiffres mais rassurez-vous ils avancent à pas de loups mais occuperont la place avant longtemps.

  4. Le niveau peut-il encore baisser ? Il me semblait que depuis Valaud-Belkasem il ne restait plus rien à détruire .

    • Si ! Il reste encore quelque chose à détruire. La langue française déjà massacrée par les SMS, mais encore plus dénaturée par la chape de modifications d’origines « outre Méditerranée » avalisées par cette association de vieux séniles qu’est devenue l’Académie Française.

  5. Et dire qu’il fut un temps où « être instituteur » était obtenir le Saint Graal, l’onction qui pouvait conduire jusqu’à un ministère.
    Aujourd’hui, c’est plutôt au mieux caissier à Mammouth, au pire un établissement en zone défavorisée, un territoire perdu de la République en quelques sortes !
    Le niveau des têtes blondes est à l’avenant !

  6. Nous payons aujourd’hui les conséquences de décennies d’idéologies gauchistes, et ils continuent leur travail de sape. Ils ont tout saccagé, tout avilit, et ils continuent de parler fort dans tous les médias. il faudrait que les français soient lucides sur leur bilan. Il faut dire qu’ils ont été bien aidés par la lâcheté des politiques de droite et leur clientélisme.

  7. Je me souviens des jours anciens et je pleure…
    Quand j’étais enfant, même les profs de maths ne faisaient jamais de fautes d’orthographe.
    Aujourd’hui, même les profs de français en font…

    • La lucidité des français ! Voilà une Arlésienne. Les français sont des lâches, des pleutres, des … Ils ne voient que par ceux qui ont détruit peu à peu la France. Et ils rejettent ceux ui veulent encore l’élever au rang des nations respectables.

    • Profs de français ? Ca existe encore ? Je pensait qu’on ne pouvait en trouver qu’au Musée d’Histoire naturelle.

  8. «  les cancres d’aujourd’hui seront les profs de demain «  m’avait dit un enseignant il y a vingt ans…ç’était une fine prémonition de la misère intellectuelle où nous sommes ; elle a commencé par la perte de respect pour une profession qui perdait de sa prestance dans une modernité anarchique. Actuellement rien n’attire plus dans ce métier et prendre des coups permanents sans même .une rémunération convenable n’a plus aucun attrait.

  9. Dans l’éducation nationale, comme dans la police, la gendarmerie ou les gardiens de prisons, dans une moindre mesure les pompiers, il faut avoir vraiment la foi en son métier, je pense que de moins en moins sont animés par cette foi et je les comprends!

  10. Depuis 1968 où le niveau à commencé à baisser on peut ce demander qu’en est-il un demi siècle et 5 ans plus tard. Ce doit être comparable au niveau de la mer morte.

  11. Grogne des policiers, émeutes, recasage des amis dans des postes prestigieux, dette abyssale et maintenant l’école qui peine à recruter des professeurs par manque d’attractivité et ce n’est qu’une partie des choses qui vont mal dans le pays.

    Mais où va la France de Macron ? Celui qui voulait renverser la table, faire une République exemplaire, nous aura entraîné dans les pires moments de l’histoire de France, hormis les périodes de guerre.

  12. Le salaire n’est pas tout. Comme pour les policiers, il faut redonner du sens à ce métier (qui est plus un sacerdoce). Et surtout, leur redonner l’autorité (qu’ils avaient eux-même d’ailleurs bien écornée)

    • Ils ont voulu que les élèves leur tapent sur le ventre . Les potaches de 2023 leur tapent sur la gueule comme on pouvait s’y attendre. C’est justice.

      • Qui désignez-vous par « ils » ? Ceux que vous dénoncez sont une faible minorité qui détient le pouvoir dans l’éducation nationale.

  13. Allez savoir pourquoi, mais concernant le manque de vocations, si les professeurs des écoles pouvaient choisir leur lieu de travail, certains endroits seraient désertés alors que d’autres capteraient l’essentiel des candidatures.

    • En effet : une jeune prof avec  » la foi », demandant à ne pas quitter sa région élargie ( Vosges, Nancy) mutée en premier poste à Revin, commune sinistrée du fin fond des Ardennes profondes, et prévenue seulement 8 jours avant pour chercher un logement, ça fait une douche froide.
      De même qu’une autre novice, architecte DPLG sans emploi, se « résignant » à entrer dans l’Educ.Nat transmettre ses savoirs, demandant Reims ou la Champagne-Ardennes, et mutée au pied levé dans l’académie de Créteil, sachant le coût des loyers en région parisienne ( sans compter le public, le stress et les transports) , c’est du dévouement…

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