Samain, c'est le Nouvel An gaulois. Une fête si ancrée dans les traditions millénaires de l'Occident que le christianisme (comme souvent) plaqua dessus le 1er novembre, fête de Toussaint. Samain est mentionné dans le beau calendrier de bronze en langue gauloise de Coligny (Ain). Samain, ainsi que le rapportent les anciens manuscrits irlandais, c'est le début de la « saison sombre », celle où on peut prendre le temps, aux labours finissants et avant les premiers froids, de réfléchir à l'espace et à l'au-delà, au lien social (d'où les assemblées et banquets), de faire le bilan économique (les moissons), voter les nouvelles lois et rendre la justice.

En somme, tout ce qui fait sens, et qui fait mieux comprendre les valeurs (les dieux) et les mondes : celui d'en haut (Dieu, le cosmos), celui du sous-sol (la terre, les morts, les forces et les divinités ) et celui de la surface (les hommes). Samain, c'est la transition entre deux mondes, entre deux temps. Le christianisme initial y a surajouté sa Toussaint qui appelle à une communion avec les âmes des saints, connus et inconnus, et à une forte incitation à les rejoindre dans les pas du Christ : fidélité, justice et paix. La pleine harmonie. Les sens druidique et chrétien présentent bien des analogies.

Coïncidence symbolique, ce 1er novembre 2019 est aussi celui où la libération du peuple grand-breton n'a jamais été aussi proche. Le début de la « décolonisation » du Système bruxellois, usurpateur du nom d'Europe, et appelé désormais à s'éteindre sous sa forme actuelle. Car comment concevoir une « Europe » sans toutes les nations d'Europe, leurs démocraties consensuelles, leurs magnifiques diversités qui forment l'identité européenne et - paradoxalement - ce qui les unit aussi : leur commun patrimoine culturel, historique, moral, religieux, politique.

Le Brexit ouvre un espoir aux Européens. Contrairement à ce que jacassent les médias en boucle, il existe bien sûr un plan B pour rebâtir une autre Europe, démocratique, consensuelle, de bas en haut et plus jamais de haut en bas. À l'avenir, les peuples souverains choisiront librement ce qu'ils veulent faire ensemble ou pas. Il existe nombre de projets de nouveaux traités permettant d'unir enfin toute la famille européenne, sans exclusion, ni domination, ni autodestruction. Johnson a réussi deux grandes avancées politiques : validation parlementaire de l'accord conclu avec les 27, élections législatives en décembre.

Même s'il n'a gagné qu'à moitié son pari, le mouvement enclenché semble inéluctable. Gilets jaunes et Brexit sont un signal fort à la planète : les USA se libèrent des contraintes des traités multilatéraux (OMC, TAFTA, Tanspacifique) ; Français, Italiens, Catalans, Algériens, Tunisiens, Soudanais, Libanais, Chiliens, Hongkongais demandent liberté politique et dignité économique. La petite Europe - ce cap avancé de l'Asie pour Valéry - a toujours su proposer un modèle humaniste au monde. Or, toute la planète souffre des mêmes maux : libre-échangisme commercial, finance spéculative, immigration de masse, terrorisme, pollution, paupérisation ; et souvent restrictions ou transferts démocratiques.

La planète attend un nouveau modèle politique et social. Samain 2019 sera-t-il, comme jadis, l'instant de transition où nos peuples communieront ensemble, réfléchiront à l'espace et au temps, au lien social, au bilan économique, voteront les nouvelles lois et rendront justice aux humains ? Et vous, intellectuels sincères, français et européens, épris de liberté, de vérité et de justice, où êtes vous ? Quittez vos guenilles de confort et de conformisme, de soumission et d'égotisme, levez-vous, pensez et parlez, dialoguez, et surtout rassemblez-vous. Soyez le levain de la renaissance de l'Europe, comme le furent, à chaque moment important de notre si longue histoire, ceux dont vous revendiquez l'héritage.

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31 octobre 2019 à 19:04

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