Joe Biden gracie son fils : des médias bien plus compréhensifs que pour Trump

Joe Biden et son fils Hunter ce 29 novembre 2024. (Photo by Mandel NGAN / AFP)
Joe Biden et son fils Hunter ce 29 novembre 2024. (Photo by Mandel NGAN / AFP)

À l’approche de Thanksgiving, le président Joe Biden a gracié deux dindes, comme le veut la coutume. Dans la foulée, il a gracié son fils, Robert Hunter Biden. Un Biden junior reconnu coupable, en juin dernier, de trois accusations liées aux armes à feu après un procès axé sur sa toxicomanie et, en septembre, de plusieurs délits fiscaux. Les condamnations (il risquait des années de prison) n’avaient pas encore été prononcées.

Grâce « totale et inconditionnelle »

Après le verdict de juin, Joe Biden avait déclaré l’accepter et « respecter le processus judiciaire ». Dans un communiqué, le président des États-Unis en exercice explique maintenant qu’à travers son fils, c’est lui qui était visé. « En essayant de briser Hunter, ils ont essayé de me briser – et il n’y a aucune raison de croire que cela s’arrêtera là. » Il va jusqu’à parler d’une « erreur judiciaire » frappant son fils, à laquelle sa grâce remédie.

Le plus intéressant est le texte de la grâce « totale et inconditionnelle ». Elle concerne les infractions que Hunter Biden « a commises ou aurait pu commettre ou auxquelles il a participé au cours de la période du 1er janvier 2014 au 1er décembre 2024, y compris, mais sans s'y limiter, toutes les infractions accusées ou poursuivies ». Outre les deux condamnations susdites, la grâce concerne donc toute affaire en cours et toute affaire qui sortirait ou qu’on ignorerait encore. Hunter Biden aurait d’autres choses à se faire pardonner sur la décennie concernée ?

Un gaz ukrainien au parfum de corruption

Là, impossible de ne pas penser à l’affaire Burisma Holdings. Hunter Biden a siégé au conseil d’administration de ce producteur de gaz et de pétrole en Ukraine, de 2014 à 2019. Or, Hunter Biden a été suspecté de corruption, et son président de père, de conflits d’intérêts. Une affaire pas près d’être éclaircie : le président de la commission des finances de la Chambre relevait, en mai dernier, que Hunter Biden avait menti alors qu’il témoignait sous serment lors de l’enquête du Congrès et qu’il y faisait obstruction.

Cette affaire ukrainienne a nourri pas mal de complotisme. Loin de calmer le jeu, la grâce paternelle qui anticipe toute condamnation à venir en couvrant la période incriminée ne fait que l’alimenter davantage. Et ne parlons pas des activités de Hunter Biden en Chine, ni de son ordinateur, qui révélait un « fils de » englué dans le fric, la drogue et le sexe. Un scandale assez sensible pour que Facebook désactive les publications à ce sujet « afin de s'attirer les faveurs de l'administrateur de Biden-Harris », selon une récente enquête journalistique relayée par la commission judiciaire de la Chambre des représentants.

La faute à… Trump !

L'affaire a des précédents. En 2001, à la veille de quitter la Maison-Blanche, Bill Clinton avait gracié son demi-frère, condamné pour possession de cocaïne. En 2020, Donald Trump avait gracié le père de son gendre Charles Kushner, condamné pour fraude fiscale - celui-là même qui va être l’ambassadeur des États-Unis en France. Courrier international titrait alors que « Trump a corrompu la grâce présidentielle ». Ce 2 décembre, nos confrères de Courrier international se contentent de reprendre le titre neutre de l’AFP : « Biden gracie son fils Hunter avant de quitter la Maison-Blanche ».

À l'unisson, les médias français font dans la discrétion. Tout au plus Le Monde note-t-il que Joe Biden « contredit son propre engagement ». Plus fort : si le correspondant de France 24 regrette « un épisode de plus qui abîme l'image de la fonction présidentielle », il en rend responsable… devinez qui ? Donald Trump, bien sûr, dont Joe Biden « s'approprie la méthode et l'argumentaire ». Ah, la fameuse trumpisation des esprits ! Mais ni Clinton ni Trump n’avaient donné à leur protégé un blanc-seing rétrospectif, cette fameuse absolution premium que Biden père vient d’accorder à Biden fils, lequel se refait à peu de frais une virginité douteuse.

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Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

27 commentaires

  1. Une grace Présidentielle de son Papa peux protéger son fils d’une condamnation à une peine capitale ! Mais je ne pense que ca protège son fils d’une condamnation pénal et à de la Prison ! Avoir un Papa Président n’est pas forcément un Gilet par balles ! Qu’on se le dises ! Hervé de Néoules !

  2. Incroyable la nouvelle democratie a la sauce occidentale, on gracie des truands corrompus, drogues, dealers, voleur Etc…on aurait immunisé des auteurs de crimes de guerre, d’épuration ethnique, de genocide Etc..et on criminalise, on tue économiquement, socialement des pauvres gens pas d’accord avec cette nouvelle democratie issue des têtes malades de Washington.

  3. Le fils aurait blanchi l’argent de la corruption ukrainienne ? et le voilà gracié par Papa. On ne sait ce qui est le plus ahurissant culot: le fait qu’il soit gracié AVANT d’avoir accompli aucun début de peine, ou que ce soit fait tout en se posant en « Camp du Bien », à même de donner des leçons au monde et à vilipender Trump.

  4. Honte et scandale absolu. Une des plus grandes démocraties du monde s’abaisse au rang d’une petite république bananière par le fait de son président. Les démocrates vont prendre cher. Car ici, point de motivation politique ou patriotique, point de mayonnaise médiatique. C’est du népotisme chimiquement pur pour absoudre des actes de vraie délinquance et des comportements crapuleux. Les réactions seront conséquentes. Car il est fort probable que cette absolution déclenche d’autres enquêtes sur d’autres chefs d’accusation sans doute bien plus graves.

  5. Pourquoi se gêner quand on a le pouvoir en main ? Le contraire, malgré les promesses faites par ce même Biden, m’aurait surpris. Seuls les « modestes » ne peuvent éviter de casquer s’il y a condamnation. C’est la loi du plus fort.

  6. Hier France 2 était occupée avec Viktor Orban. Ce monsieur utiliste l »argent européen pour construire un stade où il n’y a pas de besoin selon un micro trottoir. Il se fait construire une énorme résidence etc etc En gros il utilise l’argent public pour des investissement privés. France 2 était à fond dans l’affaire, montrant des bâtiments qui auraient pu être n’importe mais ce qui est amusant, c’est que ce média fustige son orban chéri avec une histoire d’argent public détourné alors que ce médias fait pareil , il est payé pour informer alors qu’il nous fait de la désinformation, pis, de la propagande.

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