Jean-Paul Brighelli : « PISA montre qu’on a baissé les exigences et on a écrasé tout le monde ! »

Brighelli

Jean-Paul Brighelli réagit aux derniers résultats de l'enquête PISA : « Il faut s'intéresser à la transmission réelle des savoirs et imposer les bonnes méthodes. »

Il ne faut pas tellement regarder le classement mais la note. Par rapport au premier, en lecture, il y a 70 points d’écart par rapport aux quatre provinces examinées de la Chine. En maths et en sciences, il y a plus de 100 points d’écart. En faisant ces statistiques, l’OCDE n’est pas allée chercher forcément les bons élèves mais a fait une moyenne. On n’a donc pas eu le droit au petit génie chinois. Les Chinois ont donc les moyens d’apprendre des mathématiques, de la science et du chinois à tous leurs élèves, ou du moins à une très grande majorité d’entre eux.
En ce qui nous concerne, le sondage PISA révèle que nous sommes infichus d’apprendre des éléments culturels basiques aux déshérités de la culture. Plus le temps passe, plus cela s’accroît.

D’où cela vient-il ?

C’est la conséquence de la baisse considérable du seuil d’exigence en pensant favoriser ces défavorisés. À partir du moment où on a explicitement renoncé à l’élitisme républicain qui permettait aux meilleurs de toutes les classes sociales de tirer avec eux ceux qui étaient moins avantagés, on a littéralement écrasé tout le monde.
Il faut bien comprendre que ce ne sont pas forcément les plus défavorisés qui trinquent. C’est également la classe moyenne de l’éducation. Il faut certainement s’intéresser aux déshérités. Mais il faut s’y intéresser dans un projet global qui serait non plus de s’intéresser aux aptitudes des uns et des autres, mais plutôt à la transmission réelle du savoir.
Le sondage donne un exemple intéressant. Les enfants anglais ont été soumis, à partir des années Tony Blair, à une heure par jour de lecture en classe. En France, quand on arrive à convaincre des instituteurs qu’il faut faire lire les enfants un quart d'heure par jour, c’est un maximum. Ces imbéciles prétendent que la lecture est une activité discriminatoire.
Blanquer a donné un signal en offrant les fables de La Fontaine aux élèves de CM2, mais ce qu’il manque au ministère c’est la volonté d’imposer les bonnes méthodes de lecture, des façons de faire efficaces, d’imposer des programmes et de virer tous ceux qui refusent de s’y plier.
J’ai eu l’occasion de le dire au ministère. Ils ont répondu qu’ils étaient protégés par leur statut de fonction publique. S’ils ne font pas leur boulot, ils sont révocables !
Il faut, maintenant, que les parents aillent voir les instituteurs en leur demandant quelle est la méthode de lecture qu’ils utilisent en grande section ou en CP. Si ce n’est pas la méthode alpha-syllabique, les parents doivent les dénoncer à leur hiérarchie, écrire directement au ministère et les faire révoquer.
S’ils refusent d’appliquer les programmes et apprendre les quatre opérations de base sur les deux premières années du primaire, il faut écrire au ministère et les faire révoquer !
Il faut que la peur change de camp. C’est dans l’intérêt des élèves et de la France dix ans après.
Les parents devraient se rendre compte qu’il faut interdire aux enfants plus d’une demi-heure par jour les écrans. C’est aussi un handicap sérieux à la lecture. Il faut absolument une vraie coéducation dans le sens d’une vraie transmission des connaissances. On sait depuis des années quelles sont les bonnes méthodes.

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Jean-Paul Brighelli
Enseignant et essayiste

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