Jean-Claude Gaudin insubmersible ?
Jean-Claude Gaudin, ancien maire de Marseille, a passé dix heures en garde à vue, le 17 février. Il affirme être à la fois « choqué » et « serein ». Il est vrai qu’il en aurait probablement fallu un peu plus pour déstabiliser un tel édile, aussi insubmersible qu’un Gaston Defferre, l’un de ses augustes prédécesseurs.
Au fait, qu’est-il exactement reproché à Jean-Claude Gaudin ? Une gestion assez particulière des employés municipaux. Quelle blague… En effet, à en croire un récent rapport de la Cour des comptes, ces derniers partiraient un peu plus tard à la retraite, touchant un gros paquet au moment du départ, sans oublier de battre des records d’absentéisme. Le tout coûtant près d’un million d’euros au contribuable. En d’autres termes, voilà qui peut s’apparenter à du clientélisme électoral ; ce qui, en ces terres, n’a pas tout à fait la fraîcheur de l’inédit.
En effet faut-il encore savoir que cette ville est une autre exception française. De leurs sièges sis dans la capitale, les grands partis politiques, de la gauche de la gauche à la droite de la droite, n’ont jamais pu durablement y imposer leur loi.
Et Jean-Claude Gaudin, dans tout cela ? Il hérite d’une situation dont probablement il ne voulait pas. Mais il lui faut aussi faire avec et, surtout, louvoyer avec d’autres groupes tout aussi puissants : ces états-majors politiques parisiens, menacés par un Front national, alors très prospère en région PACA. Ce qui avait amené Jean-Claude Gaudin à affirmer, le 7 juin 1990, dans Le Monde : « Le vrai peuple de droite vote aussi en réaction contre ces gens, les Paul Amar, Jean-François Kahn, Anne Sinclair et Ivan Levaï qui, depuis Paris, veulent dicter leurs lois. » Il se rattrape peu après en affirmant à La Croix, le 31 janvier 1992 : « Le Pen a réellement des idées et un programme, mais ce sont des idées d’exclusion, de régression sociale qui exploitent les peurs collectives des populations. » Ce qui ne l’avait pas empêché pas, à partir de 1986, de gérer la région PACA, dont il préside le conseil, en parfaite entente avec ce même Front national. Deux ans plus tard, d’autres accords électoraux suivront, à l’occasion des élections législatives, accords négociés par un certain… Patrick Buisson, futur conseiller d’un certain Nicolas Sarkozy.
En attendant, notre homme devrait répondre, non seulement du bon usage des deniers publics, mais aussi de l’exceptionnelle bonne santé de ses anciens employés (le bon air du Midi, sans doute), telle la doyenne de son cabinet, chargée des relations publiques et âgée de « plus de 77 ans fin 2018 », ou d’une autre, certes employée à un poste plus modeste, mais qui, morte depuis, affichait tout de même plus de 82 printemps au moment de son départ, à la fin de l’année 2017.
Pour résumer, on dira que Jean-Claude Gaudin est l’un des derniers représentants du « vieux monde » politique d’avant…
En revanche, que le parquet national financier « prenne la responsabilité de violer, une fois de plus, le secret de l’instruction », tel que l’affirme l’un de ses proches, cité par Le Figaro de ce jeudi, est autrement plus inquiétant. Du gouvernement des juges à leur omnipotence ? On pouvait le craindre ; nous semblons y être.
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