Islamophobie : attention aux variants !

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« Nous sommes en guerre. » Un couvre-feu est en vigueur. La mobilisation est générale, seuls les plus jeunes enfants sont exemptés. L'économie et les finances sont sacrifiées à l’effort de guerre. L'ennemi est nommé : c'est le « coronavirus ». Les victimes des premières vagues sont enterrées. Les batailles se multiplient et le conflit s’enlise. L’idée que la peur de cet ennemi soit démesurée, que finalement ce ne soit guère plus qu’une grippe, a été rapidement proscrite, comme on censure les pacifistes en temps de guerre.

Puisque cette peur paraît rationnelle, on n’a pas parlé, en France, de « coronaphobie » ni « covidophobie ». En revanche, nous entendons beaucoup le mot « islamophobie ». La phobie est, par définition, une peur irrationnelle et irraisonnable déclenchée par une circonstance sans danger. Un claustrophobe, par exemple, se trouve terrorisé pour prendre un ascenseur. Peut-on encore, en vérité, parler en France d’islamophobie après tant d’attentats perpétrés au nom de l’islam ?

La décapitation de Samuel Paty n’est pas un cauchemar fantasmé. Ce martyr eut pour décor un collège calme de ville française moyenne. Pour ne pas risquer de subir le même sort que cet enseignant, tous les Français sont ainsi appelés à la soumission prophétisée par M. Houellebecq. La crainte d’une dérive islamique en France est plus que jamais rationnelle, et la qualifier de « phobie » n’a donc jamais été aussi impropre. Seuls des manipulateurs ou des obsessionnels inconscients peuvent encore vouloir lutter contre cette chimérique islamophobie, autant, sinon plus, que contre l'islamisme. Il y a une peur française de l’islam, bien sûr, mais dire qu’elle est aujourd’hui irrationnelle serait fou. Plutôt que cette peur, c’est le danger réel qu’il faut combattre.

Nos dirigeants clament leur volonté de combattre « l’islamisme radical » minoritaire mais ne parlent guère d’action visant un « islamisme modéré ». Dans la guerre anti-Covid, nous voyons des infections sévères, voire radicalement mortelles, alors que la grande majorité sont bénignes. Il est évident qu’il est illusoire de vaincre en ne s’occupant que des cas graves nécessitant une hospitalisation. Les gestes barrières sont partout indispensables tant qu’on n’a pas de traitement efficace, sinon la réanimation est débordée. La même prévention est cruciale contre l’islamisme puisqu’il n’y a pas de traitement curatif de ce fléau. Les fameux « centres de déradicalisation » ont fait preuve d’inefficacité et l’enfermement des « islamistes radicaux » n’est qu’un traitement palliatif coûteux.

Nous pouvons avoir l’impression d'être en guerre car nous sommes mobilisés contre le coronavirus, mais le sommes-nous vraiment contre l’islamisme ? Peut-on guerroyer réellement quand on n’ose à peine nommer l’ennemi ? On a vu Arnaud Beltrame cité comme mort « victime de son héroïsme ». On proclame la guerre « contre le terrorisme » et le « fanatisme ». Maintenant, la République lutte contre « les séparatismes », elle qui avait promulgué en 1905 la loi de séparation de l’Église et de l’État. Pense-t-on se protéger de l’islamisme en le masquant de tous les mots finissant en « isme » ?

Cette peur de voir l’islam en France, identique à celle d’un arachnophobe devant une araignée, est le symptôme de l’islamophobie régnant. L’islamophobie, c’est actuellement la peur de toucher à l’islam. La peur, par exemple, d’interdire le port du voile aux fillettes en France. Elle nous mène à une nouvelle « drôle de guerre ». Nous sommes retranchés derrière la laïcité comme derrière la ligne Maginot, avec le désir premier d’éviter la confrontation en France. Notre armée préfère ainsi porter l’offensive au Mali comme elle le faisait en Norvège, quand l’ennemi envahissait notre pays en mai 1940. On peut craindre que cette islamophobie nous conduise à un nouveau désastre.

Espérons, pour le bien commun, que nous lutterons avec acharnement contre la francophobie, la haine de la France, et que ne se développe pas ainsi, en contrepartie, une troisième sorte d’« islamophobie » : la haine de l’islam.

On voit que le mot « islamophobie » est bien ambigu. Méfions-nous de ce terme trompeur. Ceux qui dénoncent le plus l’islamophobie sont souvent, en réalité, les plus islamophobes. Combattre l’islamisme, c’est aussi lutter contre les ambiguïtés.

Dr Emmanuel Jalladeau
Dr Emmanuel Jalladeau
Médecin neurologue

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