Islamisme : cessons d’être masochiste !
L'islamisme dans les services publics, la lente mais impressionnante montée d'un intégrisme islamiste fière de son modèle de vie et persuadé de sa vérité, les prisons, l'école et les clubs sportifs peu à peu, mais de plus en plus, livrés à l'emprise conquérante de ce qui est aux antipodes d'une laïcité même infiniment tolérante, l'islamisme qui se bat contre la France et sa conception de la République et notre pays qui demeure l'arme au pied, l'esprit inquiet mais impuissant. Dans une crise d'angoisse face à ce qu'il s'imagine fatal, inéluctable, déjà comme un combat perdu.
Pourtant on organise des colloques, on a des experts, des spécialistes, on rédige des rapports, dont le dernier en date "alarmant", sur l'islamisme dans les services publics, on publie des tribunes. Rien n'est négligeable de tout cela mais tout est inutile. Puisque ce qui ne devrait être qu'un prélude est en réalité déjà le sombre opéra tout entier (Le Figaro).
On attend la parole du président de la République mais peut-être ne surgit-elle pas sur ce sujet capital précisément parce qu'elle devrait sortir du "en même temps" pour entrer dans le dur ?
J'admets que le simplisme guette et que ne pas distinguer dans cet islamisme dominateur la radicalité violente de la radicalité si j'ose dire paisible, de l'expression ostensible d'une conviction religieuse, du communautarisme et du repli sur eux-mêmes de groupes, de sociétés qui n'ont plus pour objectif de s'insérer dans la communauté nationale mais de la battre en brèche parce qu'ils n'aiment pas la France, de ces pratiques jetées comme un défi politique à la face de la République comme l'usage militant du burkini à Grenoble, de ces innombrables musulmans si modérés qu'on ne les entend pas et qui vivraient bien leur croyance sans troubler personne ni notre esprit collectif s'ils n'étaient pas laminés par les extrémistes... Dans cette pluralité confuse, il faut tenter d'y voir clair.
Car cet ensemble, parce qu'il peut prêter à équivoque et en chacune de ses parties, impose un regard et une action qui apportent de la netteté et nous permettent de ne pas nous laisser abuser, qui dévoilent le politique derrière le religieux, qui demeurent vigilants mais respectueux, s'il s'en trouve, de comportements aussi éloignés que possible de la radicalité islamiste.
D'ailleurs, une radicalité même non violente peut-elle, doit-elle être considérée comme dangereuse, blâmable ?
J'entends l'islamisme radical qui ne cesse de se féliciter de pouvoir avancer hardiment puisqu'il n'y a pas de résistance.
Le changement décisif serait de passer de la dénonciation par le verbe à la lutte par l'action et la résistance partout et à tous niveaux. Cette métamorphose exigerait qu'on cessât de se pencher sur le Coran et l'islamisme avec une curiosité masochiste pour bien s'imprégner du sort qui serait réservé aux mécréants dans leur monde idéal.
Il convient au contraire de nous interroger sur nous-mêmes, notre culture, notre civilisation, leurs limites, leur faiblesse qui empruntent trop souvent le masque d'une tolérance coupable. Mauvaise et bonne conscience à la fois.
Pour faire pièce à l'islamisme radical qui ne nous offre pas que la brutalité et la douleur de crimes tragiquement univoques, il faut recréer de la fierté chez nous. Que nos religions ne tendent pas en permanence l'autre joue et, notamment pour le catholicisme, en s'excusant d'exister. En réussissant ce tour de force absurde d'être à la fois meurtri et repentant. En comprenant l'adversaire pourtant sans fard pour qu'il gagne plus aisément, par une reddition consentie et à la longue mortifère.
Lorsque Jacques Chirac accepte l'abandon de la référence aux racines chrétiennes dans le projet de constitution de 2004, il est immensément coupable. Sa lâcheté aveugle pourrait probablement dater le début de l'aplatissement face à une menace devenue de plus en plus lancinante.
Face à ce "avançons hardiment", une résistance est nécessaire. Pas demain, pas aux calendes grecques.
Il y a des défaites plus subtiles que celle qui a suscité l'appel du 18 juin. Tous les jours, on teste, on érode notre courage.
La France se donne-t-elle encore le droit d'être elle-même ?
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