Interrompre le Tour de France : 500 euros. Nager avec les dauphins : 13.500 euros !

La décision est tombée ce jeudi 26 janvier : trois entrepreneurs ont été condamnés par le tribunal de Grasse à de lourdes amendes (26.700 euros au total) pour avoir emmené des touristes nager avec les dauphins. Une activité hautement répréhensible, interdite en Méditerranée depuis 2020.

C’est un décret complété d’un arrêté de juillet 2021 relatifs à la protection des mammifères marins qui le stipulent : sont interdits « la destruction, la mutilation, la capture ou l'enlèvement intentionnels incluant les prélèvements biologiques, la perturbation intentionnelle incluant l'approche des animaux à une distance de moins de 100 mètres dans les aires marines protégées mentionnées à l'article L.334-1 du Code de l’environnement, et la poursuite ou le harcèlement des animaux dans le milieu naturel ».

Contrevenir à la loi, c’est mal. Reste à savoir de quel odieux crime se sont rendus coupables les trois contrevenants que le tribunal vient de condamner, rapporte L’Express, à des peines d’amendes allant jusqu’à 13.500 euros. Jugement « plein de mansuétude » toutefois, sachant que « lors du procès, le 14 décembre dernier, le procureur de la République avait requis trois mois de prison avec sursis, des peines d’amendes allant jusqu’à 18.000 euros et la confiscation des bateaux ». Lesquels bateaux, saisis en juillet dernier, ont été restitués. L’une des propriétaires confie avoir ainsi perdu, depuis l’été, 400.000 euros de chiffre d’affaires.

Il est intéressant de noter que le tribunal semble moins reprocher aux coupables d’avoir perturbé les cétacés que d’avoir exercé leur activité « tout l’été 2021, parce que c’est très lucratif ». Et par les temps qui courent, le lucratif, c’est tout à fait malvenu ! Les entrepreneurs étaient d’ailleurs poursuivis pour « pratique commerciale trompeuse » et « perturbation volontaire d’espèce animale non domestiquée protégée », ce qu’ils contestent, arguant que si les bateaux ne sont pas censés s’approcher à moins de 100 mètres, les animaux, eux, sont habitués et viennent directement à leur rencontre. Scènes qui font d’ailleurs le succès des reportages animaliers… Bref, disent-ils, « c’est un décret qui semble totalement inapproprié à la réalité de ce qui se passe en mer ».

Argument réfuté par la responsable de l’association France Nature Environnement (FNE), à l’origine de la plainte, qui estime qu’« à partir du moment où vous envoyez des avions qui volent à basse altitude pour repérer des groupes de cétacés, que vous foncez ensuite en mer pour les poursuivre et que vous lâchez des clients à l’eau pour les observer, c’est du harcèlement d’animaux sauvages ». En l’occurrence, l’avion en question était un ULM qui faisait du repérage un quart d’heure par jour.

Voilà donc trois entrepreneurs lourdement sanctionnés au nom de la protection animale. Admettons. Toutefois, si les nageurs sont supposés déranger les dauphins, qu’en est-il des Jet Ski™ qui pétaradent sur les flots et des yachts de nababs qui dégazent tout l’été au large de nos côtes, particulièrement en Méditerranée ? Le tribunal a pointé un commerce « lucratif » et ceci expliquerait cela. En revanche, que des écolos militants arrêtent la circulation sur une autoroute, interrompent le Tour de France ou saccagent l’espace public et les œuvres d’art dans nos musées, ceux-là n’écoperont, au pire, que d’une petite amende avec sursis.

Quant aux assassins de vieilles dames et autres surineurs qui sévissent maintenant quotidiennement dans nos villes, ils s’en sortent généralement avec l’excuse d’un esprit dérangé, d’une addiction au cannabis ou d’une OQTF mal vécue. Ainsi va la justice dans notre pays…

Imprimer, enregistrer ou envoyer cet article