Insécurité : Darmanin, un Sarkozy bis ?

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Et si Gérald Darmanin n’était qu’un Sarkozy bis en matière sécuritaire ? Alors que le débat sémantique sur « l’ensauvagement » divise un exécutif issu de tous les courants idéologiques venus de la gauche à la droite libérale, le ministre de l’Intérieur multiplie déplacements et déclarations d’intention au vu d’une défiance populaire grandissante vis-à-vis d’une action politique invisible alors que la violence semble exploser au quotidien.

Dans le discours du nouveau binôme de la Place Beauvau, les deux comparses ministériels semblent avoir accordé leurs violons sur le même tempo : lutte contre les stupéfiants, les tendances séparatistes, les violences familiales, sexuelles, etc. Avec cette annonce au Parisien qui se veut sans fard : « Nous ne sommes pas pour la politique du chiffre, mais pour la politique du résultat. Je pense profondément que la France est malade de son insécurité. Il faut vraiment être sourd et aveugle pour ne pas entendre ce que nous disent les Français », dit Gérald Darmanin. Et de nous promettre la transparence : « Nous avons pris la décision de faire conjointement avec Marlène Schiappa un point presse mensuel sur tous les sujets, à la fin de chaque première semaine du mois, pour communiquer l’ensemble des résultats de nos services. » Attention, danger !

Le ministère de l’Intérieur, via son Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), a publié, le 16 janvier 2020, un premier bilan de la délinquance en 2019 : on note une augmentation des violences sexuelles (+12 %), des homicides (970 victimes), etc. On redoute les prochains chiffres pour l’année en cours, après cet été « Orange mécanique ». Les actes de violence « gratuite » – tous n’étant peut-être pas répertoriés – auraient explosé en vingt ans. Avec de plus en plus de mineurs « isolés » concernés. Pourquoi ?

L’année dernière, dans les colonnes du Figaro, le pédopsychiatre Maurice Berger établissait quelques pistes d’origine : entre autres, l’impunité, conséquence des failles judiciaires, qu’il appelle « droit de tabassage » avec dépréciation de la vie des victimes, qui pousse à la récidive ; la déstructuration familiale ; l’absence de pression sociale, diluée dans les villes ; certains comportements claniques dans les communautés d’installation récente, où la loi du groupe prime sur la loi extérieure, où l’individu est à la fois effacé et « enfant-roi », s’il est mâle.

L’absence de réponses judiciaires adéquates, fondées sur la fermeté, ne peut qu’amplifier une dérive morale qui dégénère en violence sans remords ni contrainte : la sauvagerie ! Déchaînée par le déclin de l’autorité familiale, scolaire, judiciaire, sociétale.

À 592 jours de l’élection présidentielle de 2022, le ministre a évidemment compris que la novlangue passerait moins bien. Devant une Marine Le Pen offensive et déjà en campagne, appelant, la veille, depuis Fréjus, les Français à se « réveiller » après un « été meurtrier », il contre-attaque en ciblant les contradictions du discours de sa rivale du RN, sachant que ce n'est pas son « adjointe-sécu » Marlène Schiappa qui montera au créneau pour le taxer de misogyne. Et il assène : « Madame Le Pen n'est pas sérieuse. Madame Le Pen, c'est l'irresponsabilité faite femme. » En assumant sans risque le parler vrai populaire – selon l’IFOP, pour 70 % des Français, le terme « ensauvagement » qu’il emploie est justifié –, il compte bien ne pas trop lui laisser de champ dans la dernière ligne droite. Tout en lui faisant assez écho pour qu’elle demeure seule en course pour s’effondrer devant son leader.

Et la sincérité ? Volontarisme ou manigances politiciennes ? Que sont huit mois pour prétendre en finir avec vingt ans de laxisme étatique, vingt ans de déliquescence morale et sociale, vingt ans d’ensauvagement progressif des consciences et d’immigration incontrôlée porteuse d’acculturation ? Alors que nous roulons à toute vitesse dans le « train d’enfer » d’un basculement civilisationnel, il serait étonnant que notre petit couple de bonimenteurs sécuritaires ait en main la notice qui lui permettrait de remettre les wagons sur les rails. À Dieu vat !

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Pierre Arette
DEA d'histoire à l'Université de Pau, cultivateur dans les Pyrénées atlantiques

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