Insécurité : à Lyon, deux mamies ont fait de la résistance

Le 12 octobre dernier, dans un grand entretien signé BV, Laurent Obertone, auteur de La France Orange mécanique (Ring), déclarait, au micro de Marc Baudriller : « Il faut réapprendre à être dangereux [...] pour qu’on ne puisse plus nous nuire impunément. » Deux octogénaires de Lyon ont entendu son appel.

L’information a été rapportée par le quotidien régional Le Progrès. Le mardi 6 mai dernier, une grand-mère de 85 ans se promenait, en compagnie de sa sœur cadette de 84 ans, rue Cuvier, dans le VI^e arrondissement de la cité des Gones, lorsqu’elle a été victime d’une tentative de vol à l’arraché. Elle décrit son agresseur comme « un jeune homme, très grand, maigre » et raconte : « Il m’a demandé où était le Rhône mais, après le lui avoir indiqué, il m’a sauté dessus. » Ce dernier avait des vues sur le collier en or de l’octogénaire. Elle confie : « Il a tiré dessus et l’a cassé. »

Courage

Il est tombé sur un os, ou plutôt sur deux personnes âgées pleines de courage : « J’avais un sac dans la main, je l’ai tapé à la tête, ma sœur a fait de même, et il a tout lâché. Autrement dit, j’ai toujours mon collier et lui n’a rien eu. Il ne devait pas s’attendre à ce que deux mémés ripostent de la sorte ! » La victime et sa sœur n’ont pas craint de « prendre un coup de couteau ». Le jeune homme s’attendait sans doute à faire face à des proies faciles.

Cette histoire a de quoi faire sourire. Deux mamies faisant fuir un délinquant a de quoi réjouir, mais, passé ce léger instant de jubilation, il convient de tirer les enseignements de cette scène. Pourquoi ces deux personnes âgées ont-elles réagi ainsi ? Pourquoi ont-elles risqué leurs vies, en conscience, pour sauver un collier ? Sans aucun doute parce qu’il ne s’agissait pas uniquement de sauver un collier. Ces deux sœurs ne se sont pas seulement battues pour conserver un effet personnel, elles se sont fait respecter. Par la même occasion, elles ont aussi envoyé un message aux délinquants en général et à toutes leurs potentielles proies.

Exemplarité

Laurent Obertone le disait à BV : « Du combat, seuls les lâches s’écartent. » Ces octogénaires n’ont pas été lâches. Avec leurs armes (des sacs à main), elles ont pris le dessus sur leur agresseur. D’une certaine manière, elles ont démontré qu’avec de la détermination et de la confiance en soi, il était possible de faire reculer le mal.

Comme elles, d’autres seniors refusent de se laisser faire. En témoignent les cours de self-défense dédiés aux personnes âgées qui ouvrent çà et là et ne désemplissent pas. Dans la génération née dans une France bien différente, il y a une prise de conscience sur l’état du pays. Cela prouve aussi que l’État ne garantit pas la sécurité et l’ordre publics comme il devrait le faire. Disons-le, un pays où le troisième âge ressent la nécessité d’aller sur un tatami pour apprendre des techniques de combat n’est pas un pays qui tourne rond. Il n’y a bien que dans les hautes sphères que cette réalité n’a pas encore frappé.

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