Ingrid Riocreux : « Les gens ne se font pas vacciner parce qu’ils ont peur d’être contaminés par le virus, mais parce qu’ils veulent continuer à aller au restaurant »

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Ingrid Riocreux, essayiste et professeur de lettres, expose, à Boulevard Voltaire, son point de vue sur certaines polémiques survenues au cours de la crise du Covid.

Elle discute, notamment, sur la notion de « dictature sanitaire » et revient sur la récente vidéo de Jean Castex faisant un bain de foule sans masque ni gestes barrières. Enfin, elle aborde le sujet du vaccin qui, selon elle, n'est pas un choix « sanitaire » mais bien « égoïste » dans la plupart des cas : les gens veulent simplement continuer à vivre normalement.

 

Vous êtes professeur de lettres, vous êtes aussi essayiste et vous avez publié, notamment, La Langue des médias, en 2016, et Les Marchands de nouvelles, en 2018. Vous avez réagi sur le plateau de CNews contre ce que vous appelez la dictature sanitaire. Visiblement, la France à l’heure du passe sanitaire ne vous convient pas.

On peut dire cela. La notion de dictature sanitaire, je l’ai commentée plus que je ne l’ai reprise à mon compte. Je trouve qu’elle ne peut pas être écartée comme parfaitement illégitime. C’est surtout cela qui me faisait réagir. Il y a bien lieu de s'interroger sur le caractère totalitaire d'une société à partir du moment où, par exemple, vous avez le forcing de la surveillance des uns par les autres. Ce qui me gêne le plus, c’est le fait que l’on investisse des petits chefs d'un pouvoir de police, et ce, pour appliquer des règles qui ne sont pas cohérentes. Par exemple, lorsque vous êtes dans une salle des profs et que vous avez un café à la main, vous avez le droit de ne pas avoir votre masque, mais si vous n’avez pas de café, vous n’avez pas le droit d’enlever votre masque. Ces choses sont absolument absurdes et nous les avons tous acceptées. Nous sommes tous plus ou moins complices de cela.

Nous avons vu des images de Jean Castex sans masque face à des invités à Matignon. Nous avons des membres du gouvernement et des invités non masqués, et le personnel autour de lui était masqué. Cela a évidemment choqué. N’est-ce pas cela, aussi, le problème ?

Exactement. Ça va dans le sens de ce que je dis. Vous avez des règles incohérentes et, en plus, vous avez l’impression qu’il y a des passe-droits et un deux poids deux mesures. Cela fait partie des choses qui font réagir légitimement. On ne doit pas faire taire les gens qui s’en offusquent.

 

Voulez-vous la fin du passe sanitaire et le retour des libertés comme à l’époque où on nous a demandé de vivre avec le terrorisme ? Ne faudrait-il pas vivre avec le Covid sans rogner sur les libertés ?

Je ne préconise rien du tout. J’aimerais surtout que les gens qui s'y connaissent mieux que moi, par exemple en médecine, aient le droit d’exposer leurs questions. Cette espèce de censure d’une certaine parole serait non pas fausse mais dangereuse si elle était exploitée par des antivax, etc. Des choses ne sont pas dites, car des informations risqueraient d’être exploitées par telle ou telle mouvance. C’est extrêmement dangereux de raisonner comme cela, parce que c’est une manière de cadenasser le débat.

 

Cette société est peut-être l’ère de l’individualisme et de la fin de la solidarité...

Vous avez tout dit. On nous fait une espèce de propagande sur le thème de la solidarité « Vaccinez-vous pour protéger les autres ».

Pourquoi les gens se sont-ils vaccinés ? Pour des raisons très égoïstes et pas du tout sanitaires.

Les gens ne se font pas vacciner parce qu’ils ont peur d’être contaminés par le virus, mais ils se font vacciner parce qu’ils veulent continuer à aller au restaurant et au cinéma. Derrière ces habillages du discours sur la solidarité, il y a le règne de l’individualisme et de l’égoïsme.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

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