Il y a un siècle, le traité de Versailles (1/7)

Traité de Versailles

Le traité de Versailles, signé le 28 juin 1919 dans la galerie des Glaces du château de Versailles, met un terme définitif à la Première Guerre mondiale sur le front occidental.
Résultant d’un processus diplomatique de plus de six mois qui a connu quelques vicissitudes, il fixe les règles selon lesquelles la paix sera appliquée. Retour sur cet événement majeur qui changea l'avenir de l'Europe et du monde pour un siècle avec notre feuilleton historique en sept parties.

À la onzième heure du onzième jour du onzième mois de 1918, l’Armistice est enfin sonné sur tout le front occidental. Il prévoit la cessation des hostilités, l’évacuation des pays envahis, le rapatriement des habitants qui ont fui les pays occupés, l’abandon par les armées allemandes d’un grand nombre de matériels de guerre, le rapatriement des prisonniers de guerre, etc. Le traité d’armistice prévoit, en outre, des clauses financières, des clauses navales. Il fixe aussi la durée de ce cessez-le feu à trente-six jours, avec faculté de prolongation. Ce traité fait l’objet de trois conventions additionnelles en date du 13 décembre 1918, du 16 janvier 1919 et du 16 février 1919.

Dans un message adressé, le 12 janvier, le président américain Woodrow Wilson exprime, dans ses « quatorze points », le programme et les principes qui devront présider à la rédaction des traités et à la nouvelle politique internationale qu’il souhaite voir mise en place, en particulier le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, la création d’une Société des nations et le désarmement. Il cherche aussi à ménager l’Allemagne pour éviter que s’y développe un esprit « revanchard ».

Quelques jours plus tard, le 18 janvier, la conférence de paix de Paris qui entend négocier les traités de paix entre les Alliés et les vaincus s’ouvre au ministère des Affaires étrangères. Pas moins de 27 États, quatre Dominions britanniques et l’Inde sont réunis au Quai d’Orsay. Autour de Georges Clemenceau (1841-1929), président du Conseil et élu président de la conférence de Paris, ce symposium international commence par créer un Conseil des dix bientôt et bien vite réduits à quatre : Woodrow Wilson, président des États-Unis, David Lloyd George (1863-1945), Premier ministre anglais, Vittorio Orlando (1860-1952), son homologue italien, et naturellement Georges Clemenceau. À la différence du congrès de Vienne, en 1815, où il fallait avant tout restaurer la paix après une vingtaine années de guerre quasi permanente, en 1919 tout est à reconstruire : avec la chute des grands empires[ref]Allemagne, Autriche-Hongrie, Empire ottoman[/ref], les frontières européennes sont à redessiner, les circuits économiques et commerciaux à recréer. La guerre a été industrielle, totale et impitoyable, causant la mort de près de 10 millions de soldats et près de neuf millions de civils, dont 300.000 pour la France. Contrairement à 1815, où la France vaincue était représentée, la conférence de Paris compte un grand absent : l’Allemagne. L’ancien empire de Guillaume, qui a abdiqué le 9 novembre 1918, fait face, en ce début d’année 1919, à une révolution attisée par le Parti communiste allemand, sur le modèle de la révolution bolchevique d’octobre 1918.

À peine la conférence de Paris a-t-elle débuté que la situation au Levant (Syrie, Liban, Irak) commence à envenimer les relations entre la France et la Grande-Bretagne. Une délégation du Comité central syrien, composé de personnalités francophiles, demande la constitution d’une grande Syrie englobant le Liban et la Palestine. Les Anglais, sous la pression d’une délégation sioniste, s’y opposent vivement. Puis les chiites irakiens réclament l’indépendance de leur pays, qui est toujours sous tutelle britannique. Le Congrès syrien finit par déclarer l’indépendance de la Syrie sous la protection du roi Fayçal[ref]Il devient roi de Syrie entre mars et juillet 1920, puis roi d’Irak de 1921 à sa mort.[/ref] (1885-1933). Pour pacifier un temps le Levant, la France finira par envoyer le général Henri Gouraud (1867-1946), en novembre 1919, comme haut-commissaire de la République et les Britanniques feront monter, en août 1921, Fayçal sur le trône d’Irak.

(À suivre)

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