Homophobie et répression des Ouïghours : les sermons du révérend père Griezmann !

Griezmann

Nos amis footballeurs sont, décidément, très en verve, en ces temps de confinement. Après Lilian Thuram, autoproclamé spécialiste en sociologie, et Demba Ba, nouvel arbitre des élégances antiracistes , c’est au tour d’Antoine Griezmann de venir marcher sur le gazon des experts en géopolitique.

Ainsi, l’ancien champion du monde (millésime 2018) vient-il de rompre le contrat publicitaire le liant à Huawei depuis 2017. La raison de ce divorce ? Le soutien de cet opérateur téléphonique chinois dans la répression des Ouïghours, peuplade musulmane du nord-est de l’empire du Milieu et suspectée de velléités séparatistes. Il est un fait que Pékin, dans sa lutte contre le terrorisme, réel ou supposé, de cette minorité turcophone aurait plutôt tendance à employer les grands moyens.

Car là, c’est reconnaissance faciale à tous les étages (merci Huawei, donc), traçage des citoyens incriminés, placement en camps de détention des récalcitrants, sans négliger un programme de stérilisation plus ou moins officiel des femmes ouïghoures. La surveillance électronique (merci Huawei, une fois encore) permettrait même de repérer ces citoyens chinois de seconde zone, dès lors qu’ils renonceraient à boire et fumer, signe indubitable de radicalisation islamiste… Comme quoi l’hygiénisme d’État est à géométrie variable : chez nous, c’est à moins de cinq fruits frais et légumes par jour qu’on est susceptible de menacer l’ordre public.

On remarquera que notre homme, d’ascendance germano-portugaise, héros tricolore en passe de devenir héraut de la cause ouïghoure, paraît avoir quelques problèmes avec la patrie l’ayant vu naître, ayant assuré, le 18 juin 2016, au Parisien : « Dans la vie de tous les jours, je me sens plus espagnol que français parce que ça fait dix ans que j’y suis [à l’Atlético de Madrid, NDLR]. En fait, je suis mieux en Espagne qu’en France. » Comme le disait naguère Évelyne Thomas à la télévision : c’est mon choix.

Mais revenons-en aux Ouïghours et à la soudaine affection qu’Antoine Griezmann semble leur porter. L’occasion de lui rappeler que la majeure partie des pays musulmans, si prompts à accabler la France dans nos affaires de caricatures, sont tout aussi prompts à se taire face à la Chine, tant il est vrai que les milliards de dollars déversés par cette dernière pour financer ces mêmes pays musulmans, afin de poursuivre son pharaonique projet de route de la soie, ne pèsent que peu vis-à-vis d’indignations politico-religieuses à géométrie manifestement variable.

Mais, à y mieux réfléchir, pourquoi notre paladin des temps modernes s’arrête-t-il en si bon chemin ? Car c’est sûrement louable de vouloir en finir avec les violences policières, celles faites aux femmes et à l’homophobie. Mais, dans ce cas, pourquoi ne rien dire du Qatar, pays on ne peut plus en vue dans le paysage footballistique français en tant que propriétaire du PSG ? Ignorerait-il que dans cet émirat, l’homosexualité est toujours passible de la peine de mort et qu’une femme adultère peut y encourir jusqu’à cent coups de fouet ? Et que les immigrés, là-bas souvent philippins, n’y sont pas près de manifester, la police locale n’ayant pas la réputation de manier des matraques en carton.

Bref, Antoine Griezmann se risque à faire de la politique. En attendant que Dominique Strauss-Kahn se penche sur la délicate question du harcèlement sexuel ?

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Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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