Hommage de Macron à Jean Moulin : un de Gaulle au petit pied

macron lyon

Après la traditionnelle cérémonie du 8 Mai, Emmanuel Macron s'est rendu à Lyon au Mémorial de la prison de Montluc pour rendre hommage à Jean Moulin et à « l'esprit de résistance », qui est « une des caractéristiques du peuple français ». Les manifestants ont été soigneusement tenus à l'écart. Parmi eux, quelques hurluberlus confondent abusivement la résistance à la réforme des retraites et la résistance aux nazis, ce qui révèle, de leur part, une singulière méconnaissance de l'Histoire. On peut cependant se demander si, au-delà de la dimension historique et mémorielle de cet hommage, Macron ne veut pas redorer son blason, bien terni par ses échecs.

Rien de plus légitime, 80 ans après l'arrestation et la mort de Jean Moulin, que d'honorer sa mémoire dans un lieu où de grands résistants et de nombreux Juifs ont été détenus, où les enfants d'Izieu ont transité, avant leur destinée tragique, et où l'homme qui a unifié les réseaux de la Résistance a gardé le silence, décédant de ses blessures, quelques jours plus tard, pendant son transfert vers l'Allemagne, sans rien avoir révélé à ses tortionnaires. À une époque où le wokisme déconstruit l'Histoire, il convenait de rappeler aussi, comme il l'a fait, le rôle de Jean Moulin dans la création du Conseil national de la Résistance.

Mais, en la circonstance, on peut s'interroger sur les intentions véritables du chef de l'État et de ce discours, minutieusement préparé, qui se voulait un « Hommage à Jean Moulin, à la Résistance française et aux victimes de la barbarie nazie ». L'association entre « l'indépendance » et « l'humanisme », entre « République » et « progrès », les allusions au rassemblement de « toutes les forces du renouveau », au « dépassement voulu par de Gaulle », l'évocation de ce « haut lieu de la mémoire nationale », désormais confié à « la présidence de la République », résonnent comme une aspiration à rejoindre les grands hommes de l'Histoire, ou peut-être le regret insupportable de ne pouvoir les égaler.

Faute d'être grand par sa politique, Macron se fait grand par procuration. Il emprunte le costume du général de Gaulle, qui est trop grand pour lui. En voulant le plagier, il n'en est que la caricature. La création du Conseil national de la Refondation, qui a volontairement repris le sigle CNR, pour « [construire] ensemble l'avenir de la France », apparaît comme un gadget sans commune mesure avec l'un des objectifs du Conseil national de la Résistance, qui était de définir une liste de réformes sociales et économiques à appliquer dès la libération du territoire.

Rien de commun entre un homme qui, quels que soient ses défauts et son orgueil, aimait la France et l'a marquée de son empreinte, et un technocrate européiste et mondialiste qui ne lui arrive pas à la cheville et se croit respecté quand il est, en coulisse, la risée des chefs d'État étrangers. La seule guerre que Macron ait connue, c'est celle du Covid. Ses alliés sont, avant tout, les puissances d'argent qui le soutiennent tant qu'il leur est utile. Il s'accroche au pouvoir, persuadé d'avoir raison contre le peuple qu'il craint de consulter. Ce n'est pas lui qui se retirerait s'il était désavoué. C'est un de Gaulle au petit pied.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 28/08/2023 à 11:22.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

56 commentaires

  1. Avant de parler de destitution il faut mettre en garde les oppositions. La secte est capable de tout. Les voitures qui sautent, les accusations de pédophilie, de nazisme sont des armes que cette secte ne va pas manquer d’utiliser lors des prochaines grandes consultations. Ils sont sans limites car le système est en phase terminale.

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