Grévistes de la SNCF : à nous, la manipulation des chiffres !
Affirmation répétée à l’envi : "94,97 % des cheminots disent non à la grève." Sauf que… c’est faux ! Ces 95 % d’opposants sont ceux qui ont participé au vote, soit 91.000 cheminots. Or, leur nombre total est de 147.000. Ce qui est intéressant, ce sont, a contrario, les 40 % des employés qui ont refusé de se laisser manipuler. Car il fallait lire la question posée : "Etes–vous pour ou contre la réforme ?" (sic).
Ah, la belle question ! Quelle objectivité ! Lorsqu’une partie de ses avantages acquis (sur le dos des contribuables) est sur la sellette, on voit mal un salarié s’y rallier. Imaginer le contraire n’est pas sérieux. Sauf à être franchement masochiste. Et pourtant ! 5 % de votes favorables ! Et, surtout, cette énorme abstention. Car au regard des enjeux et de cette question parfaitement tendancieuse, on pouvait conjecturer un plébiscite de l’ensemble des agents. Une abstention aussi massive signifie bien que ça crisse un peu dans la base. 40 %, donc, qui ne sont pas allés jusqu’à voter pour une réforme hostile, mais qui pour autant, face à une question aussi grotesquement partiale, refusent d’être pris pour des imbéciles.
Alors, rappelons quelques vérités.
300.000 clients TGV chaque jour, mais 4,5 millions de voyageurs dans les trains ordinaires, Intercités et TER, du moins quand ils peuvent les utiliser. Trains dont les retards proverbiaux et le manque de fiabilité font se moquer toute l’Europe. Tarifs confus, périodes changeantes, zones différentes, infos inexactes, sites non fiables, suppressions intempestives … Et, derrière ceci, un gouffre financier : 50 milliards ! La Cour des comptes, en 2010, pointait déjà le temps de travail, "inférieur à la durée légale".
Quant aux grèves, elles ont fait perdre un peu plus de 8 millions de journées de travail depuis 1980.
Les régimes spéciaux de retraite, SNCF et RATP, coûtent annuellement quatre milliards aux contribuables. Les réclamations sont sans limites. Le guide pratique édité par SUD Rail, Indemnités, allocations et gratifications, émaillé de révélations politico-moralisatrices dénonçant l’oppression et appelant à la lutte, est édifiant : certes, plus de prime de charbon depuis longtemps, mais encore une prime de vélo. Au total : 52 bouquets d’indemnités, 12 allocations, 10 gratifications, auxquels s’ajoutent les primes spécifiques des personnels de conduite. Au panthéon des concessions, l’accord ahurissant de 2005 relatif à la journée de solidarité du lundi de Pentecôte. Pour la conserver sans sacrifier un euro, la CGT-SNCF a éparpillé cette journée sur toute l’année, à raison de… 1 minute et 52 secondes supplémentaires par jour de travail. Une minute et 52 secondes de plus chaque jour ! Vous avez bien lu. Ce n’est pas un gag.
Même en subissant la réforme, les cheminots continueront d'avoir des avantages interdits à nombre de travailleurs, pourtant dans des situations professionnelles souvent moins sécurisées et contraints de prendre sur leurs congés, faute de pouvoir rejoindre leur entreprise. Mais aujourd'hui, utilisés comme otages, les usagers ne sont plus que de la chair à grève, au bénéfice du corporatisme d'une profession qui entend ne rien céder et pourtant que l'on appelait jadis service public.
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