Grâce au confinement, moins de naissances prématurées : quelle leçon en tirer ?

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Il y a de ces informations qui passent, à tort, relativement inaperçues, polluées par l’actualité qui se concentre sur l’obsessionnel Covid-19, les frasques de la famille Traoré ou, bientôt, les excentricités d’Alice Coffin. Ces nouvelles sont probablement jugées sans intérêt d’un point de vue polémique (quoique), mais devraient pourtant s’afficher en une des journaux. Car bien involontairement, il semblerait que le confinement, si peu convaincant en matière de prévention contre le Covid-19, ait eu un effet des plus inattendus sur les naissances prématurées.

C’est Sylvestre Huet, journaliste pour Le Monde et via son blog, qui rend l’information visible dans l’espace francophone. Il relate notamment l’étude de médecins irlandais qui se contentent simplement de relever les chiffres époustouflants des naissances prématurées sur la période de janvier à avril 2020. En effet, la chute constatée n’est pas moins de 73 %, en comparaison avec ces vingt dernières années. Les grands prématurés, eux, ont quasiment disparu des radars. Qu’on se le dise : quelle politique publique eût escompté un tel résultat ? Pour conforter le constat, une autre étude, toujours mentionnée par Sylvestre Huet, révèle une chute d’environ 90 % au Danemark, toujours sur la période du confinement.

Il faut bien comprendre qu’en matière de décès infantile, les naissances prématurées représentent la principale cause de mortalité des enfants de moins de 5 ans. Selon l’INSERM, en fonction du moment de la naissance, les chances de survie d’un enfant né prématurément peuvent aller de moins de 1 %, avant 24 semaines, à 30 %, à 25 semaines, pour monter ensuite à 81 %, à 27 semaines, et 97 %, entre 32 et 34 semaines. Autant dire que limiter les naissances extrêmement prématurées aurait un effet immédiat sur la mortalité, ce que n’a pas manqué de faire le confinement avec tout bonnement un comptage de 0 naissance d’enfants de moins de 1 kg pour l’étude irlandaise.

L’information paraît simple à comprendre : les femmes enceintes, contraintes à rester chez elles à l’occasion du confinement, ont pu soit être dispensées de travailler, soit adapter le rythme de leurs journées à la grossesse. Les contraintes liées aux horaires, au présentéisme, au transport, aux exigences, au stress et probablement beaucoup d’autres facteurs ont pu jouer à plein. Le constat est là : quand on laisse les femmes enceintes aménager leur journée ou se consacrer pleinement à leur grossesse, on réduit drastiquement les risques de naissance prématurée.

La nouvelle pourra ne pas faire plaisir à certains qui s’acharnent à rendre la femme et l’homme semblables au travail et à vouloir faire de la femme un travailleur comme un autre. Cela pourrait même contrarier les féministes qui raffolent d’exiger une répartition égalitariste des temps de congé entre les hommes et les femmes dès qu’ils ont des enfants.

Pourtant, Sylvestre Huet y voit une occasion d’allonger le congé maternité, pleinement pour la femme, celui-là. En ceci, il a parfaitement raison : la nature (encore elle !) nous dispense sa leçon, à savoir qu’une femme qui devient mère, naturellement, se dispose complètement, sans même qu’elle s’en aperçoive, à l’enfant qu’elle porte et s’apprête à accueillir. Cela passe par des dispositions sociales, physiologiques et psychologiques du quotidien où être enceinte mobilise la personne tout entière, pour les bienfaits de l’enfant. À en croire les médecins irlandais ou danois, le bébé le lui rend bien, moins pressé de sortir (et c’est tant mieux) tant il est bien mieux en son sein.

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