Le gouvernement prête-t-il plus d’attention aux clandestins qu’aux SDF ?

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Sont-ils une « cinquantaine » de SDF à Paris, comme l’a prétendu, le 30 janvier, sur France Inter, Julien Denormandie, le secrétaire d'État auprès du ministre de la Cohésion des territoires, ou « 2.000 à 3.000 », comme l’assure Louis Gallois, l’ancien patron de la SNCF, président de la Fédération des acteurs de la solidarité, dans un entretien au JDD ? C’est, en effet, le chiffre avancé par le SAMU social.

Sans doute faut-il officiellement faire comme si la promesse d’Emmanuel Macron que plus personne ne vive dans la rue, fin 2017, était tenue. Le président de la Fédération déplore "une volonté politique" de minorer le nombre de sans-abri et demande au président de la République "d’entreprendre un travail de fond" plutôt que de "fixer un délai irréaliste". Une opération de comptage devrait être effectuée, le 15 février, pour mieux cerner le profil de ces SDF. Peut-être y verra-t-on alors un peu plus clair.

Quant à notre secrétaire d’État, sans vouloir lui manquer de respect, il ne doit pas souvent se promener, le soir, dans la capitale. Il a, d’ailleurs, reconnu son erreur, ce dimanche, lors de l’émission du "Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro", dans un raisonnement digne des meilleurs casuistes : il parlait du nombre de personnes qui appellent le SAMU social et à qui on n’arrive pas à trouver un hébergement : em>"Ce chiffre, évidemment, ne correspond pas au nombre des personnes qui dorment dans la rue. Ils sont certainement plusieurs milliers."

Il s’est même désolidarisé - l’ingrat ! - d’un député LREM qui pensait lui venir en aide en expliquant que la plupart des SDF dormaient dans la rue par choix : "Être à la rue n'est jamais une situation choisie, mais subie", a-t-il répliqué, plus royaliste que le roi – et pourtant, il est vrai que certains SDF refusent des hébergements collectifs où ils se font agresser ou voler.

Julien Denormandie – on croyait qu’être ministre, c’était être un serviteur de l’État, non un flagorneur du gouvernement – a vanté les "efforts sans précédent" dudit gouvernement en matière d’hébergement d’urgence : "Plus de 13.000 places ont été créées depuis le 1er novembre, 1.600 la semaine dernière." Avec les intempéries, le froid et la neige, c’est la moindre des choses !

Il a même admis que la "pression sur les hébergements d'urgence est de plus en plus forte avec la crise migratoire". Tiens, donc ! Mais attention ! Pas question d’appliquer la circulaire Collomb qui demande aux préfets de "recenser" les clandestins dans les centres d’accueil et de "procéder à [leur] évacuation administrative" s’ils ne répondent pas aux critères de demandeur d’asile. Il s’agit de "leur apporter à chacun une solution" et de "les accompagner pour, à terme, retourner dans leur pays d’origine".

Il a également ajouté, au cas où l’on n’aurait pas compris : "Quand vous êtes réfugié et qu'on vous met dans un hébergement d'urgence, vous n'avez rien à y faire, vous avez droit à un logement." Aurait-il plus de compassion pour les réfugiés, fussent-ils clandestins, que pour les SDF ?

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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