Gilets jaunes : Laurent Wauquiez (aussi) en sera… convergence des luttes pour l’opposition ?

Les principales forces de l'opposition ont apporté leur soutien au mouvement des « gilets jaunes », tout en cherchant à se différencier entre elles. Laurent Wauquiez troquera sa parka rouge pour un gilet jaune ; Nicolas Dupont-Aignan encourage ses adhérents à participer à la protestation et ira saluer les manifestants ; Marine Le Pen ne participera pas personnellement aux blocages, mais assure que les élus du Rassemblement national seront présents ; Jean-Luc Mélenchon souhaite le succès de la mobilisation, mais se méfie d'une confusion entre les « fâchés » et les « fachos ».

Convergence des luttes ou récupération politique ? Sans doute les deux à la fois. Et il n'y a rien de honteux à cela. Toutes les grandes expressions de l'opinion ont réuni des personnes d'origines différentes, même si elles n'étaient pas d'accord sur tout. Qu'on se souvienne du « non » au référendum de 2005, de la manifestation géante du 24 juin 1984 contre le projet de loi Savary ou, plus récemment, de la Manif pour tous. Les partis d'opposition ont en commun de traduire ou de prendre en compte le ras-le-bol fiscal et l'exaspération d'une grande majorité de Français.

Dans une démocratie, il est fondamental que les gouvernants ou ceux qui aspirent à le devenir soient à l'écoute des citoyens. Faute de quoi, on tombe vite dans un régime qui ne garde de la démocratie que le nom. Dans l'entretien qu'il a accordé à TF1, mercredi soir, Macron a, selon la plupart des médias, fait son mea culpa quand il a déclaré : « Je n'ai pas réussi à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants. » Mais ils n'ont guère souligné qu'il n'avait aucunement l'intention de changer de cap et qu'il cherchait surtout à apaiser les Français avant les manifestations du 17 novembre et à sauver les meubles lors des prochaines élections européennes.

Emmanuel Macron est-il vraiment un démocrate ? Force est de constater qu'il ne se rapproche du peuple que pour s'en servir. L'argument selon lequel 66 % des Français ont approuvé son programme à l'élection présidentielle ne tient pas. Il n'a été choisi que par une minorité d'électeurs : s'il a obtenu la majorité, c'est plus par rejet de Marine Le Pen que par adhésion. Son mode de gouvernement s'apparente à une oligarchie où le pouvoir est confisqué entre les mains d'un petit nombre. Le mouvement des gilets jaunes est une manifestation de la révolte populaire : quelle que soit son ampleur, samedi prochain, les macroniens auraient tort de le dédaigner.

L'arrogance et le mépris de notre Président sont d'autant plus insupportables qu'il prétend s'en corriger, chaque fois qu'il est pris en flagrant délit, mais recommence de plus belle dès que l'orage est passé. Il assure vouloir désormais « entendre les Français » pour mieux les « amener dans cette transformation qu'il a décidée ». Autrement dit, le peuple aura raison quand il sera convaincu que j'ai moi-même raison ! Singulière conception de la démocratie. Cette résolution de circonstance tient de l'imposture.

Les partis d'opposition, quoi qu'on pense de leur projet politique et de leurs motivations, ont le souci de ne pas se couper du peuple. En cela, ils se montrent plus démocrates que Macron. Quand on entend les députés LREM s'efforcer de justifier les décisions qu'on leur impose et répéter les mêmes argumentaires, on est confondu de voir comment des élus de la nation perdent, pour la plupart, tout esprit critique, jusqu'à la capacité de penser par eux-mêmes.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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